Robin des bois

Progressiste étasunien.

D’abord, c’est beaucoup trop long : 2h40 bien filmées, avec de gros moyens, des scènes somptueuses, des décors magnifiques, des cavalcades superbes et des scènes de bataille fièrement réalisées. Mais on pourrait dire que lorsqu’on en a les moyens – et Ridley Scott) les a, largement – tout va aller bien : le spectateur a son content de scènes de combats ou de ripailles, de beaux paysages, de ciels splendides, de nuits fascinantes. Tout cela n’est pas vraiment difficile de nos jours, d’ailleurs : on sait que les plus belles images peuvent être élaborées à partir de pas grand-chose ; il suffit d’y mettre le prix.

C’est beaucoup trop long, Mais c’est très bien filmé : on ne contestera pas à Ridley Scott une forme de talent assuré qui lui permet de conduire le spectateur là où il veut et de le mener avec beaucoup de compétence dans les plus belles machineries qu’il souhaite : oui, c’est très beau, très bien ordonné, avec un luxe de scènes spectaculaires, une grande capacité à attraper ici et là des moments de fièvre et de violence.

Mais est-ce que ça suffit ? Est-ce que, par rapport aux dizaines de films qui ont pris pour personnage principal Robin Hood, dit Robin des bois, le vaillant hors-la-loi de la forêt de Sherwood, dressé contre le seul Roi Jean sans Terre et l’abominable shérif de Nottingham, celui-là, de Ridley Scott, tient vraiment la route ?Tous les adolescents amoureux du cinéma – le vrai, celui qui n’était pas que du spectacle – ont vibré pour le film de Michael Curtiz avec Errol Flynn de 1938, simplement diffusé en Europe après la Guerre : un héros enthousiaste, gai, délié, qui ne posait pas de questions existentielles, qui était, simplement, un grand garçon jovial, superbe, tout dévoué à son Roi et à sa Dame.

En fait Ridley Scott a voulu créer un film sérieux et plein de références politiques respectueuses de la doxad’aujourd’hui : démocratique, féministe, admiratif des calmes complaisances des sujets et des Rois. Pourquoi pas, d’ailleurs ? Si ce n’est que la plupart des films consacrés au héros de la forêt de Sherwood le présentent comme un sujet absolument lié à la légitimité ; je ne dis pas que cette notion est absente de ce Robin des Bois puisque chacun reconnaît, même dans la médiocrité épouvantable de Jean sans Terre le souverain légitime. Mais c’est trop long et c’est sans flamme aucune.

Et historiquement, c’est évidemment conçu pour des cerveaux qui ne connaissent pas l’Histoire ; ce n’est pas Philippe II ‘’Auguste’’ qui tenta d’envahir l’Angleterre mais son fils, le futur Louis VIII, sans d’ailleurs, le soutien de son père et sûrement pas comme s’il s’était agi du Jour le plus long ; et ce que ne dit pas le film, c’est la rouste infligée à Jean sans Terre et à ses alliés lors du lumineux dimanche de Bouvines, le 27 juillet 1214.

Les acteurs ne sont pas mauvais, bien que Cate Blanchett, qui est censée interpréter la belle Marianne, aimée de Robin, paraisse s’ennuyer tout au long des presque trois heures du film et semble attendre que tout cela se passe. Russell Crowe est Néo-Zélandais, ce qui en dit beaucoup : à part le rugby, qu’ y a-t-il d’intéressant dans ces contrées-là.? Restent Max von Sydow dans un petit rôle et William Hurt qui aurait pu être davantage mis en exergue.

Presque trois heures pour ça, c’est très excessif.


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