The full monty

19470853L’humanité…

Si on place à part le cinéma trop atypique de Peter Greenaway, si on met de côté Quatre mariages et un enterrement qui présente le petit monde prospère et friqué qui fait de la finance au cœur de la City de Londres, ce qui reste du cinéma britannique des vingt-cinq dernières années, c’est Ken Loach, les excellents Virtuoses de Mark Herman et The full monty de Peter Cattaneo. C’est-à-dire, en gros, la geste des Midlands dévastés par la désindustrialisation.

Des régions entières de France ont été, elles aussi – et sont encore – ravagées par la fermeture des mines et des usines de l’industrie lourde avec les drames humains affreux qu’entraîne le chômage de longue durée à quoi on ne voit, hélas, aucune perspective de résorption à court et moyen terme (pour être un tout petit peu optimiste néanmoins). Mais, sans doute parce que le traumatisme a été moins brutal et que l’accompagnement social a été plus efficace (et plus somnifère), le cinéma français, à quelques exceptions près, n’a pas fait souche sur ce terreau, préférant un regard sur des luttes plus anciennes (Germinal de Claude Berri ou Le brasier d’Éric Barbier).

scena-film-22the-162400_tnLe traumatisme brutal, c’est naturellement à Margaret Thatcher que la Grande-Bretagne le doit. Avec une vigueur que certains ont assimilé à de la cruauté elle a restructuré (comme on ne disait pas encore) les secteurs les plus archaïques jusqu’à les tuer. Maintenant, avant de juger abominable sa politique, il faut se rappeler ce qu’était devenu le pays à la fin des années 70, sous les ministères d’Harold Wilson et de James Callaghan, lorsque le FMI devait venir au secours de la livre sterling et que des grèves continues sévissaient partout.

Ce long préalable posé, disons que ces tragédies humaines ont eu au moins le mérite de produire un cinéma vigoureux et profondément humain et, même si le radicalisme marxiste de Loach prétend encore à la révolution, un cinéma recentré sur la solidarité, l’entraide et les bonheurs simples de l’amitié et de la famille, c’est-à-dire, dans une certaine mesure, résigné.

0b10ab39fb680f5e3e9e81b7dd35886d_240The full monty a été un formidable succès public, justifié par l’habileté du scénario, plein de péripéties amusantes, attendrissantes, chaleureuses et par la qualité de la distribution, composée d’acteurs de second rang (à l’exception du premier rôle, Gaz (Robert Carlyle), qui, d’ailleurs, assez curieusement, a vécu dans son enfance la vie misérable incarnée à l’écran). On peut se demander quel est l’intérêt – hors militantisme particulier présumé de Cattaneo – d’insérer une histoire d’homosexualité entre deux des protagonistes et se demander ce qui se passera après que les six acteurs auront ôté leur string devant une assemblée de femelles déchaînées, mais on marche toujours dans la sympathie et la chaleur humaine que The full monty dispense sans réticence.

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