Volpone

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Irremakable !

L’édition est faite, le DVD visionné (et l’image de René Château n’est pas mauvaise, plutôt bien meilleure que celle d’Un revenant – alors même que le film a cinq ans de plus -) et, à mon grand dam, je suis tout de même conduit à réviser à la baisse la note un peu trop dithyrambique que, dans un grand mouvement de frustration, j’avais accolée à ce mythique Volpone !

C’est que c’est tout de même beaucoup trop du théâtre filmé que Maurice Tourneur nous offre là ! On y sent le carton-pâte des décors d’André Barsacq, on y sent la propension du réalisateur (ou l’exigence des acteurs ?) à filmer (ou à être filmés) bien en face, comme sur une scène ; on y sent aussi une certaine jactance, une certaine manie de ces grandes vedettes à faire leur numéro, manie dont aucun n’est exempt ! J’en suis navré et j’ai le sentiment de profaner mes souvenirs et d’oser exposer à la face du monde la nudité du Roi : en vérité, Harry Baur en fait trop, glapit et se trémousse comme on le fait sur une scène, et moins devant l’objectif : il est en tout cas bien meilleur dans Un carnet de bal ou dans L’assassinat du Père Noel (je n’ai jamais vu Les Misérables de Raymond Bernard où il est, dit-on, étincelant). Les comparses surjouent, roulent les R, forcent leurs voix… On sent la farce, on sent que le cirque et ses clowns ne sont pas loin.

Jouvet, en revanche, tire largement son épingle du jeu, ainsi que Fernand Ledoux et Charles Dullin (inoubliable Brignon de Quai des Orfèvres) ; celui qui m’a le plus enchanté, parce que je ne lui supposais pas un tel talent, c’est Jean Témerson, voué de toute éternité aux rôles cauteleux et gluants à quoi sa bouille molle le destinait…

C’est très écrit, trop théâtreux, mais très bien, néanmoins. J’avais mis 6 – ce qui était trop ; mais mon 4 est une très bonne note !…

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