Vorace

image5Stupéfiant !

Je me demande encore comment ce film d’une réalisatrice inconnue, dont j’ignorais le nom des acteurs et qui porte, en français, un titre peu significatif, est arrivé jusqu’à moi, mais le Destin a bien fait les choses !

Je me suis retrouvé captivé, fasciné, stupéfié par une aventure d’une grande originalité, menée dans les tons gris ternes d’un hiver qui n’en finit pas, dans une contrée à la fois hideuse et impressionnante et je ne suis pas surpris, après avoir consulté quelques avis souvent pertinents sur des sites spécialisés dans le cinéma d’horreur, que Vorace puisse apparaître comme un film-culte.

vorace-ravenous-antonia-bird-1999-L-GN535N.jpeg.pagespeed.ce.9qT2byzFAvC’est que toutes les histoires d’anthropophagie ne sont pas de la même veine et on est bien loin, dans Vorace de la violence primitive, de la sauvagerie barbare de mon cher Cannibal holocaust ! L’histoire se rapproche à beaucoup de points de vue, des mythes vampiriques (la force exceptionnelle conférée par la chair humaine, la sorte de prosélytisme qui pousse le monstre à accroître le nombre des adeptes), mais aussi de la nocivité puissante de l’ennui (Un roi sans divertissement) qui finit, dans des solitudes glacées qui ne valent jamais rien à l’homme, par en révéler complètement la nature.

Vorace-1Dans le poste perdu qui n’est jamais éclairé par le moindre rayon de soleil, où cohabitent des officiers et soldats tous plus cinglés les uns que les autres (délire mystique, alcoolisme, adulation du corps et de sa force), où la nature, comme dans Délivrance est indifférente toujours, hostile souvent, se joue le jeu infernal de la terreur et de la séduction, de la terreur et de la tentation, métaphore de la désespérance… Pourquoi, lorsque l’on est abandonné de tous et loin de tout, ne pas céder à l’évidence de la férocité, à la fascination du sang ? Le sang est le plus beau théâtre écrit Giono, qui ajoute, dans Deux cavaliers de l’orage, Il faudrait avoir un homme qui saigne et le montrer dans les foires. (…) On voit des choses extraordinaires dans le sang. Tu n’as qu’à faire une source de sang, tu verras qu’ils viendront tous.

La musique de Vorace est, en soi, une raison de voir le film : maladroite, enfantine et obsédante, elle ponctue la désolation des paysages et des âmes avec une telle évidence qu’elle fait entrer d’emblée dans l’horrible évidence que le Monstre est partout…

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