Archive for décembre, 2017

Toi, c’est moi

samedi, décembre 30th, 2017

« Avoir un bon copain… »

Bob Guibert (Jacques Pills) est un sacré noceur qui passe sa vie, en compagnie de son ami d’enfance Patrice Duvallon (André Tabet) au milieu de jolies filles à la cuisse évidemment très légère dans des soirées coquines et arrosées de Champagne et dans des cabarets à musiques endiablées. Il est le neveu d’Honorine (Pauline Carton), veuve, riche, indulgente à ses fredaines, mais qui est toujours flanquée de son homme d’affaires, Pfitz (Baron fils), d’apparence austère et sévère mais en fait canaille détourneuse de fonds et vipère lubrique insoupçonnée (là j’exagère un peu). (suite…)

L’année sainte

mercredi, décembre 27th, 2017

L’Univers aspire à la vacuité.

Il y a une quantité industrielle de très mauvais films. Mais, précisément, leur nullité est quelquefois si abyssale qu’on peut éprouver à la regarder une forme de fascination atterrée ; une fascination qui, certes, ouvre de drôles de perspectives sur la nature humaine mais n’en est pas moins une dure réalité. Il va de soi, au demeurant, qu’il faut distinguer ces très mauvais films de la délicieuse catégorie des nanards qui, elle, tourneboule toutes les appréciations, tous les jugements possibles et dont on peut, à très juste titre, se repaître voluptueusement. (suite…)

Le dernier métro

samedi, décembre 23rd, 2017

Enluminure anodine.

Difficile pour un réalisateur alors aussi expérimenté que François Truffaut de rater un film quand on y convie deux des acteurs les plus prestigieux du cinéma français, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, encadrés par de solides et excellents seconds rôles et qu’on met en scène, avec des moyens très suffisants une période historique certes explorée sous toutes ses coutures mais qui semble fasciner de plus en plus au fur et à mesure que ceux qui l’ont connue disparaissent. (Et même, pourrait-on ajouter, que ceux qui ont connu ceux qui l’ont connue se font vieux… après tout, ça fait plus de 75 ans, aujourd’hui…). (suite…)

Casino

mercredi, décembre 20th, 2017

Barouf à Landerneau.

Comment se fait-il qu’un film – un énième film – sur les magouilles, horreurs, assassinats, rackets de la Mafia, sur l’argent qui coule à flots, sur les amitiés d’enfance qui se délitent puis explosent au fur et à mesure que le temps passe et que les amis d’hier deviennent puissants et souvent antagoniques, sur les déchirements cocaïnés des couples entraînés dans l’abjection, sur des tas de choses vues mille et mille fois au cinéma, comment se fait-il qu’un film très long – près de 3 heures – soit aussi passionnant et tienne l’attention du début à la fin sans qu’on ait jamais la tentation de bâiller ou d’accélérer la projection à coup de zapette ? Sans doute la maîtrise absolue du rythme du film par Martin Scorsese, sur son habileté polychrome, aussi : ainsi, par exemple, la multiplication et la succession des voix off des principaux personnages, si bien conçue que, même lorsqu’elles se succèdent à toute allure on ne perd jamais le fil et on suit le déroulement des péripéties sans jamais s’y perdre. Je dis bien péripéties et non intrigue, à la suite, d’ailleurs de Scorsese lui-même qui a déclaré que son film n’était pas constitué par une histoire mais par une suite d’épisodes. (suite…)

Les mains d’Orlac

samedi, décembre 16th, 2017

Chéri, fais-moi peur !

Les mains d’Orlac ne valent pas tripette, malgré un scénario assez intéressant et une distribution plutôt réussie où chacun fait le minimum syndical, mais le fait bien, des décors de qualité (et même un peu davantage, parce dès qu’on filme la Côte d’Azur du haut de la Grande corniche on émerveille toujours le spectateur) et une musique discrète mais efficace signée par Claude Bolling. Il faudrait voir ce qu’ont donné les autres adaptations du roman fantastico-policier de Maurice Renard qui avait été déjà tourné deux fois lorsque Edmond T. Gréville l’a réalisé en 1960 (une muette, Orlacs Hände de Robert Wiene en 1924, une hollywoodienne, Mad love, de Karl Freund en 1935) et plus tard, en 1962, Hands of a stranger de Newton Arnold, sans compter une dramatique télévisée, Les mains de Roxana de Philippe Setbon en 2013.

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Les vestiges du jour

jeudi, décembre 14th, 2017

Orgueils et préjugés.

Les vestiges du jour est adapté d’un roman de Kazuo Ishiguro, dont le nom dit assez l’origine japonaise, mais qui est de nationalité britannique (tiens, le Japon, voilà, au demeurant, un autre peuple singulier, à nos yeux à peu près aussi incompréhensible que celui des riverains de la Tamise ; et cela n’est pas anodin). Et voilà un film terriblement anglais, exclusivement anglais, on pourrait même dire abusivement anglais tant il expose toutes les immenses qualités et les épouvantables défauts que nos voisins d’Outre-Manche paraissent cultiver à loisir, sans doute, d’ailleurs pour prouver au reste du monde qu’hors la conduite à gauche et la confection du pudding à la graisse de rognon de boeuf, il n’y a rien d’autre d’admirable dans notre vallée de larmes. De leur point de vue ils n’ont d’ailleurs pas tort et leur surprenante et délicieuse décision de quitter l’Union européenne après l’avoir mise sens dessus dessous depuis qu’ils l’ont intégrée va tout à fait en ce sens. Dieu et mon droit, comme ils disent et flûte pour le reste de l’Humanité. (suite…)

Rio Grande

jeudi, décembre 7th, 2017

Papa, Maman, la Cavalerie et moi.

Je ne sais pas très bien pourquoi je m’obstine, à intervalles divers, semblable au lemming qui se suicide lors des migrations de son espèce (mais il paraît que c’est une légende ! quelle déception !), pourquoi je m’obstine à regarder des westerns étasuniens, genre cinématographique limité et répétitif qui, en tout cas, parvient à m’ennuyer presque à chaque fois. Peut-être parce que, l’enfant étant le père de l’homme comme chacun sait, j’en ai ingurgité une telle quantité durant les douze premières années de mon existence que j’en ai été gravement intoxiqué. Parce qu’il faut bien dire que dans les années qui ont suivi la Libération, un déferlement de films de ce genre a coulé dans le marbre, pour les petits Européens cet aspect de la maigriotte histoire des États-Unis, pauvrette qui n’a pas trois siècles et ne dispose que de rares mythologies, comme si c’était une épopée. (suite…)

Manchester by the sea

lundi, décembre 4th, 2017

L’écume des jours.

Le décor est exactement apparié au propos du film ; le décor, mais aussi l’atmosphère, la saison, la photographie : tout cela est de la même tonalité. Manchester by the sea est une bourgade côtière du Massachusetts de quelques milliers d’habitants, à quelques encablures de Boston, un gros village paisible partagé entre quelques villas patriciennes pour vacanciers fortunés et sévères immeubles de brique. Un ciel bas, éteint et atone ; tout cela se passe dans un hiver qu’on imagine interminable, un hiver liquide quand il n’est pas neigeux. Le genre d’endroit où on n’imagine pas qu’on puisse vivre gaiement, sauf à trouver gaies les soirées alcoolisées débordantes de bière dans les pubs enfumés et les peignées qui vont avec. (suite…)