Archive for mai, 2018

Robinson Crusoé

mardi, mai 29th, 2018

Trou d’air.

Incidemment, pendant que je regarde le DVD de Robinson Crusoé, ma femme, qui avait autre chose à faire, passe devant l’écran et me dit : Tu as acheté ce film pour Victoria ?. Victoria est notre petite-fille et elle a 6 ans et demi ; et il est certain que j’ai commencé son instruction cinématographique en lui faisant découvrir des œuvres qui conviennent à son âge, Le magicien d’OzLa mélodie du bonheur et même Les contrebandiers de Moonfleet : rien d’étonnant qu’on puisse penser que je suis en train de visionner quelque chose que nous regarderons ensemble. Et en fin de compte je me demande si ce n’est pas la bonne façon de regarder le film de Luis Bunuel. Car, c’est là que la chose est stupéfiante, cette série de vignettes assez anodines a bien été réalisée par le sarcastique, le grinçant, le cynique auteur de Los Olvidados, du Journal d’une femme de chambre, de Belle de jour. (suite…)

Montmartre-sur-Seine

vendredi, mai 25th, 2018

Le fléau de Dieu.

Je me demande bien ce qui m’a poussé, tout à l’heure, à acquérir pour trois francs, six sous chez un soldeur cauteleux (qui voulait me vendre sa boutique) un film où jouent plusieurs de mes aversions perpétuelles : Édith PiafJean-Louis BarraultHenri Vidal, avec des dialogues d’André Cayatte… Et ce n’est pas qu’ils soient compensés par quelques autres acteurs que j’apprécie bien davantage, Paul Meurisse voire Léonce Corne ou Paul Demange mais qui ne sont là que des utilités… Je note aussi, assez goguenard, que pour ce film tourné en 1941 deux acteurs qui n’avaient pas d’antipathie pour la férule allemande, Roger Duchesne et René Bergeron cohabitaient avec d’autres, proches du communisant Groupe OctobreGaston Modot (rôle minuscule, il est vrai) et toujours Jean-Louis Barrault qui s’empiffra à tous les râteliers. (suite…)

Dossier secret

mardi, mai 22nd, 2018

Cherche scorpion hydrophile.

Ah là là, Orson Welles, quelle énigme et quelle angoisse pour l’amateur de cinéma ! ! Il y a une sorte de consensus à tenir Citizen Kane pour le plus grand film de l’histoire du cinéma mondial et donc son réalisateur pour quelqu’un dont le génie ne se discute pas. Dès lors on est bien ennuyé lorsqu’on ne parvient pas à monter soi-même dans l’élan dithyrambique et à marquer, avec révérence, toutefois, qu’on n’est pas absolument séduit par cette œuvre disparate.

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Zodiac

dimanche, mai 20th, 2018

Si lourd en restant très plat…

Ce qui est simple est faux, mais ce qui est compliqué est inutilisable a écrit quelque part (mais je ne sais plus où) Paul Valéry. En d’autres termes, quand un cinéaste entreprend de montrer avec un souci presque maniaque ce qu’est la réalité d’une enquête s’étageant sur une bonne décennie et qu’il le fait en respectant toutes les fausses pistes ouvertes, toutes les déceptions rencontrées, tous les dérisoires petits pas des progressions, toutes les minuties procédurales (survenant, de surcroît, dans un pays où les polices dépendent d’autorités politiques et géographiques différentes), toutes les mauvaises surprises et les erreurs humaines des enquêtes, il est à parier qu’il devient totalement enquiquinant. (suite…)

Le masque du Démon

vendredi, mai 18th, 2018

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Visite en Moldavie

 Le masque du Démon vu et tellement apprécié à sa sortie en France de si forte façon, et si souvent revu depuis que ses insuffisances m’apparaissaient mal, surtout au regard de ce que les réalisateurs modernes ont pu et peuvent produire pour nous filer les chocottes reste pourtant un film passionnant. Voilà incontestablement un des piliers du cinéma de genre, un de ces films qui ont ancré l’intérêt de beaucoup de spectateurs dans ce genre, précisément et qui en ont préparé la riche postérité. Le cinéma de la compagnie Hammer, Outre-Manche n’était pas le seul à proposer à nos yeux horrifiés tortures, profanations, sadisme et horreurs diverses : aux États-Unis Herschell Gordon LewisRoger Corman ou en Italie Mario CaianoAntonio MargheritiRiccardo Freda et surtout Mario Bava donnaient des cauchemars à nos nuits fiévreuses. (suite…)

Les deux font la paire

mardi, mai 15th, 2018

Scandaleux.

Mais au fait, pourquoi intituler scandaleux un petit film ronronnant des samedis soirs (bonbons, caramels, esquimaux, chocolats), un petit film sans malice et sans prétention où l’on voit s’agiter plusieurs acteurs qu’on aime bien retrouver dans ces circonstances, qu’ils aient fait ensuite un peu plus carrière (Maurice BiraudJacqueline Maillan) ou qu’ils soient restés confinés dans des seconds ou troisièmes rôles (Pauline CartonAlice TissotFred PasqualiRobert Rollis), et même en silhouettes dont on oublie souvent le nom (René Bergeron ou Charles Bouillaud) ? Pourquoi intituler scandaleuse une histoire brindezingue et invraisemblable mais qui a des qualités pour être ingénieuse et rigolote ? (suite…)

Le joli Mai

lundi, mai 14th, 2018

Paris nous appartient

On sait que Chris Marker est un cinéaste issu d’un milieu très bourgeois, qui a fait ses premières armes littéraires dans l’adulation pétainiste puis, au fil des temps et des modes (et de la puissance des camarillas) a glissé vers la gauche, puis l’extrême-gauche, par le biais du catholicisme social, du personnalisme, de l’éducation populaire et du tiers-mondisme. Il est l’auteur d’un des films ( un film ?) les plus atterrants qu’on puisse regarder, La jetée, qui bénéficie néanmoins d’une sorte de respectueuse aura de la part de braves gens qui n’imaginent pas qu’on puisse penser le pire d’un film prétendu expérimental. Il a aussi réalisé Le fond de l’air est rouge, sorte de compendium de toutes les billevesées et coquecigrues que les révolutionnaires germanopratins proposaient à l’envi à l’époque où la Gauche de gouvernement n’avait pas encore expérimenté son impuissance devant le rouleau-compresseur de la finance anonyme et vagabonde. (suite…)

Les compagnes de la nuit

samedi, mai 12th, 2018

La mort qui fait le trottoir.

Le titre de cet avis, que j’emprunte à Montherlant, n’est pas vraiment adapté à ce petit film de samedi soir, qui se termine trop heureusement bien pour être honnête : il a une tonalité bien trop tragique, glaçante et désespérée, alors que Ralph Habib a réalisé un bien intéressant récit de nature presque ethnologique sur la prostitution parisienne en 1953. Ce n’est pas la fermeture des maisons de tolérance, le 13 avril 1946, à la suite de la loi impulsée par la douteuse Marthe Richard qui a fait disparaître ce qu’on a toujours appelé le plus vieux métier du monde et on voit mal comment les hystériques ligues de vertu féministes pourraient y parvenir aujourd’hui, fût-ce en pénalisant le client. Les deux doux crétins Franck Kellog (États-Unis) et Aristide Briand avaient, en 1929, prétendu mettre la guerre hors la loi ; on a vu ce qui est arrivé dix ans plus tard. La folle envie de modifier la nature humaine amène tous les gogos à suivre des mots d’ordre grotesques. (suite…)

Les désaxés

vendredi, mai 11th, 2018

Pâle étoile du soir, messagère lointaine…

J’aime John HustonClark GableMontgomery Clift et il faudrait être aveugle pour ne pas tenir Marilyn Monroe pour une superbe fille, même si ses talents d’actrice n’étaient pas, si j’ose dire, à la hauteur de sa chute de reins (image hardie !). Je n’ai jamais lu une ligne d’Arthur Miller,mais certains le tiennent pour un auteur important, ce que je veux bien croire. Et une histoire de paumés crépusculaires n’a rien pour me déplaire, bien loin de là ; à dire vrai tout esprit romanesque ne peut qu’avoir de la tendresse pour les vaincus du monde : Patagons fuyant au bout du cap Horn les peuplades amérindiennes, Croisés de l’Empire latin de Jérusalem, Byzantins trahis lors de la chute de Constantinople, Vendéens noyés dans la Loire, Sudistes brûlés dans l’incendie d’Atlanta, Russes blancs des armées de Denikine et de Koltchak abandonnés par l’Occident… Il y a, chez les gens qui ne tombent pas du bon côté de l’Histoire quelque chose qui m’émeut… (suite…)

Une place au soleil

jeudi, mai 10th, 2018

Sur un toit brûlant.

Bien sûr, c’est un mélodrame cruel, avec toutes les ficelles et chevilles du mélodrame et on aperçoit d’assez loin l’irruption des péripéties et des catastrophes, tellement on les devine inévitables. Le récit, qui a le bon goût de se terminer fort mal, se déroule sans apporter de surprises ni même de coups de théâtre et on assiste dans un parfait confort intellectuel, toujours bien rassurant. Et comme c’est très habilement monté, que la réalisation de George Stevens est impeccable et les acteurs excellents, on assiste à un film tout à fait prenant. Un succès qui, au demeurant, fut couronné de 5 Oscars, ce qui ne m’impressionne pas beaucoup mais n’est pas tout à fait négligeable.

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