Archive for juin, 2020

Les 8 salopards

lundi, juin 8th, 2020

Bonne compagnie au coin du feu.

Je n’ai rien, absolument rien contre le cinéma de Quentin Tarantino, très habile faiseur qui bénéficie d’une aura extraordinaire parmi la critique et dans le public, profite de moyens financiers considérables et réalise avec une certaine régularité des films qui sont des succès médiatiques. Je ne conteste pas le moins du monde qu’il soit un véritable amateur de cinéma, qui tient à honneur de ne pas tourner en numérique, bénéficie d’une large culture fondée sur d’excellentes références et de grands auteurs et qu’il mette de l’originalité dans le genre plutôt archi rebattu de la violence, voire de la sauvagerie. J’ai apprécié Reservoir dogKill BillDjango unchained et – un peu plus encore – Once upon a time in Hollywood. Des films bien léchés dont aucun ne me semble dépasser très largement la moyenne mais dont aucun ne m’avait ennuyé. (suite…)

Un étrange voyage

dimanche, juin 7th, 2020

Le bout de la route.

Une vieille dame, dont on ne saura pas grand chose, pas même pourquoi tout le monde l’appelle Gino, quitte Troyes pour venir passer deux jours à Paris avec son fils Pierre (Jean Rochefort), restaurateur de tableaux anciens. Un homme un peu dilettante, séparé de sa femme Claire (Arlette Bonnard), qui exploite un petit hôtel. Un père qui a des rapports distants et ennuyés avec sa fille Amélie (Camille de Casabianca) qui prépare Sciences-Po et professe des idées révolutionnaires. (suite…)

La nuit de Varennes

vendredi, juin 5th, 2020

Ascenseur pour l’échafaud.

C’est peut-être bien – c’est sans doute bien – cette nuit-là, cette nuit de l’été qu’est mort l’Ancien Régime. Certainement par l’évidence que l’Assemblée législative, qui succédera à l’Assemblée constituante quelque trois mois plus tard, va par un effet de pente, abolir la monarchie traditionnelle et proclamer la République ; mais surtout parce que quelque chose d’inimaginable s’est passé : la rupture du lien de nature presque religieuse qui unissait le Roi et son peuple. Le Roi de France qui était quelque chose comme l’intermédiaire entre Dieu et les hommes, entre Divinité et Humanité. Dans toute relation de cette nature, il peut y avoir profanation : c’est ce qui se passait lorsque Jacques Clément assassinait Henri III, Ravaillac poignardait Henri IV, ou Damiens tentait de tuer Louis XV. Mais il n’est pas possible de retirer au Roi la majesté, faute de quoi l’édifice s’écroule. Pour qu’il y ait profanation, il faut qu’il y ait ordre établi. (suite…)

La taverne de l’Irlandais

mercredi, juin 3rd, 2020

Cuando calienta el sol.

On a peine à reconnaître dans ce gentil gâteau sucré à la noix de coco le cinéaste de qualité qui a donné à l’écran un des plus beaux westerns classiques qui se puisse, La prisonnière du désert et quelques autres films qui ne manquent pas de force, La chevauchée fantastiqueLa charge héroïque ou Mogambo. Je n’irai pas jusqu’à écrire que La taverne de l’Irlandais m’a fait songer aux Aventures dans les îles, feuilleton étasunien où triomphaient la plastique avantageuse et le sourire éclatant du Capitaine Troy (Gardner McKay) mais enfin on sait bien qu’en prenant pour décor la beauté alanguie des contrées du Pacifique sud, la douceur coquine des mœurs de leurs natifs et la propension anglo-saxonne à la castagne de bars, on ne court pas grand risque. (suite…)

Claire Dolan

mardi, juin 2nd, 2020

La victoire, c’est la fuite.

Tombé là-dessus tout à fait par hasard. J’ignore tout du réalisateur, Lodge Kerrigan. Son nom m’est absolument inconnu et d’ailleurs il n’a pas tourné grand chose pour le cinéma. J’ignore tout autant le nom de l’interprète principale et presque exclusive, Katrin Cartlidge, dont j’apprends ensuite qu’elle est morte, très jeune, à 41 ans, en 2002, d’une pneumonie doublée d’une septicémie. Qu’est-ce qui me retient, alors qu’il y a tant d’autres films à voir ou à revoir ce soir-là ? D’abord le titre, Claire Dolan, dans sa grande sécheresse mais aussi sa belle harmonie euphonique. Et puis, dès les premières minutes, une certaine austérité de l’image, une façon froide, clinique, janséniste de filmer l’existence d’une call-girl de New-York.

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