Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Angélique et le sultan

mercredi, mars 14th, 2018

La vie, mode d’emploi.

Il était temps que ça s’arrête et que, les époux Peyrac, Geoffrey (Robert Hossein) et Angélique (Michèle Mercier) enfin réunis, puissent hors de notre vue, poursuivre une existence qu’on leur souhaite harmonieuse, sereine, paisible. Et bien loin en tout cas des myriades d’horreurs qui leur ont été dévolues jusqu’à l’épilogue de ce cinquième et dernier épisode de la série filmée par Bernard Borderie sur la trame de la longue geste élaborée par Anne et Serge Golon). On commençait, finalement, à en avoir un peu marre de ces éternelles situations où Angélique échappe à grand peine aux entreprises libidineuses de tous ceux qui l’approchent et où Geoffrey, aussi talentueux et richissime que malheureux dans ses entreprises, échoue régulièrement à reprendre avec lui sa légitime qu’une suite d’invraisemblables malheureuses destinées lui retirait au fur et à mesure qu’il s’en rapprochait. Supplices de Tantale ou de Sisyphe aussi épouvantables que les Anciens les avaient conçus. (suite…)

Indomptable Angélique

lundi, mars 12th, 2018

Lettres de barbarie.

Il est constant et bien connu que pour lutter contre la lassitude qui naît de la monotonie et de la routine, il faut ajouter ici et là, pour réveiller l’intérêt, des pincées de poivre ; et des pincées qui doivent être de plus en plus fortes et nombreuses et du poivre qui doit être de plus en plus épicé. Parvenus au quatrième et pénultième volume cinématographique des aventures d’Angélique marquise des anges (mais je note que la série littéraire en compte treize !), parvenus au moment où l’héroïne qui brûle de retrouver son mari quitte Paris et se jette à la poursuite de Geoffrey de Peyrac (Robert Hossein), il faut introduire des piments intenses et un sadisme propre à réveiller les sens du spectateur au cas où il aurait le mauvais esprit de s’assoupir. (suite…)

Angélique et le Roi

dimanche, mars 11th, 2018

À grandes guides.

Merveilleuse Angélique s’achevait sur une conclusion finalement fort morale : Angélique de Sancé de Monteloup – épouse provisoire de l’inquiétant et fascinant Geoffrey de Peyrac – reprenait le fil de ce qui aurait dû être son destin et se mariait avec son cousin Philippe de Plessis-Bellière : les choses rentraient dans leur ordre immuable, pouvait-on dire et retrouvaient leur cours normal. Tout au moins est-ce ce que l’on pouvait penser, même si l’on avait remarqué que Louis XIV guignait avec gourmandise les charmes et les appas de la Marquise des anges. (suite…)

Merveilleuse Angélique

samedi, mars 10th, 2018

Le moteur ronronne.

Merveilleuse Angélique, dans la série des films qui retracent les surprenantes destinées de la Marquise des anges, c’est un peu, comme on dit dans le Tour de France, une étape de transition entre la mise en place dans un climat torrentueux des personnages du premier volet et la poursuite de leurs aventures au milieu des événements criminels du temps (L’affaire des poisons dans Angélique et le Roy), du climat hautement périlleux des voyages (piraterie et esclavage) dans Indomptable Angélique, de l’exotisme conclusif dans Angélique et le sultan (ce dernier volet extrêmement faible, d’ailleurs, dans mon souvenir). (suite…)

Angélique marquise des anges

mercredi, mars 7th, 2018

Éclatant objet du désir.

Eh bien voilà, je viens de m’y mettre, d’entreprendre une croisière chamarrée dans l’Intégrale des aventures de la Marquise des anges. Je sais bien que les deux derniers épisodes ne valent pas tripette (malgré, ici et là, quelques bonnes séquences), mais les trois premiers méritent, à mes yeux, une attention soutenue. Et la re-vision que je viens de faire du premier film me conforte tout à fait dans cette idée : près de deux heures d’émotion, de retournements de situation, d’images magnifiques et une distribution éclatante avec plein de seconds et de troisièmes rôles magistraux qui donnent tout leur suc à la réalisation de Bernard Borderie, qu’on avait connu auparavant beaucoup moins inspiré qu’il ne l’est ici. (suite…)

Suspiria

mardi, mars 6th, 2018

La maison du diable.

Il est certain que ce n’est pas grâce au scénario, un peu bricolé, plein de trous, d’invraisemblances et de naïvetés, déroulé de surcroît de façon un peu chaotique par Dario Argento qu’on peut apprécier Suspiria. Et cela malgré l’idée intéressante d’une secte d’affidés d’une sorcière grecque, Elena Markos, venue se réfugier à Fribourg et dont le modèle, selon l’auteur qui le dit dans un supplément du DVD, serait Helena Blavatsky, sorte d’obèse occultiste théosophique qui eut une certaine influence sur des esprits illuminés à la fin du 19ème siècle. (suite…)

Les trois frères

samedi, mars 3rd, 2018

De guerre lasse…

Je ne me souvenais plus, avant de les avoir revus, combien Les trois frères pouvaient être jubilatoires à leur début et déprimants dans leur deuxième partie, donnant d’abord le meilleur de la verve et de la férocité du trio des Inconnus, montrant ensuite combien des artistes de music-hall n’ont pas la capacité de tenir sur la durée des prémisses amusantes et réussies. Rien n’est plus difficile à faire que le comique, vous diront tous les connaisseurs et ils auront bien raison, parce que la tension forcenée qui doit susciter l’hilarité est extraordinairement difficile à maintenir, se devant de rebondir sans cesse dans des situations farfelues mais inattendues, alors qu’un bon polar se satisfait de suivre une trame convenue du type Qui a tué ?Pourquoi a-t-on tué ? et Comment va-t-on découvrir puis coincer l’assassin ?. (suite…)

Monty python : sacré Graal

samedi, mars 3rd, 2018

Petit paysage rigolo.

Je ne suis pas par nature ennemi du burlesque et je conçois parfaitement bien qu’une troupe de copains dynamiteurs des convenances cherche à reproduire sur la longue durée d’un film la suite de sketches qui a fait se bidonner le Royaume-Uni de 1964 à 1969 ; après tout, pourquoi pas ? En France, la troupe de Robert Dhéry a produit quelques œuvrettes de ce type, nonsensiques et frappées de folies et si, précisément, Branquignol est assez pitoyable, j’ai une très grande tendresse pour Ah ! les belles bacchantes, chef-d’œuvre du genre. En fait, je m’égare : ce à quoi on pourrait rattacher le parcours des Monty python, ce serait plutôt à une réalisation en long métrage des merveilleux Raisins verts de Jean-Christophe Averty, le seul réalisateur qui ait essayé de faire vraiment de la télévision un 8ème Art (ou 9ème – on s’y perd !).

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La Soufrière

vendredi, mars 2nd, 2018

Monte là-dessus.

Deuxième volet d’un DVD composé de films documentaires réalisés par Werner Herzog, entre La grande extase du sculpteur sur bois Steiner en 1973 et Gasherbrum, la montagne lumineuse en 1984, La soufrière, en 1977 ne présente pas beaucoup d’intérêt. Le film-reportage relate et montre l’étrange situation survenue en Guadeloupe en 1976 lorsque le volcan qui est le point culminant de l’île et des Antilles menaça d’exploser, ce qu’il fait à intervalles réguliers, mais fort espacés (1530, 1797, 1956). On n’en était pas encore au dramatique et castrateur principe de précaution inscrit dans la Constitution par le funeste Chirac en 2005 (qui aurait à coup sûr interdit les Grandes découvertes du 16ème siècle) mais on a fait très attention, malgré les dissensions entre scientifiques opposés sur la réalité du danger (Claude Allègre le trouvant imminent, Haroun Tazieff le jugeant dérisoire). Les autorités ont fait donc procéder à une évacuation lente des habitants entre le 8 juillet et le 18 novembre 1976, déplaçant ainsi 75.000 personnes. (suite…)

Si j’étais le patron

mardi, février 27th, 2018

Le cinéma en pantoufles chaudes.

Richard Pottier est un cinéaste bien oublié aujourd’hui mais on peut mettre à son actifs plusieurs grands succès, Mademoiselle Swing en 1942, Les caves du Majestic en 1944, Barry en 1949 ou Caroline chérie en 1951 et même un très très bon film, Meurtres ? en 1950 avec un Fernandel persécuté par sa malfaisante famille. Cela dit on a bien pris conscience que Si j’étais le patron est sa première réalisation et qu’il était nécessaire qu’il se fît les crocs. Mais on pouvait tout de même attendre mieux d’un film interprété par Fernand Gravey, déjà expérimenté et Mireille Balin dont, il est vrai, c’était un des premiers rôles. Il n’y a guère que Max Dearly qui soit impeccable, avec son œil qui frise, qui est aussi crépitant et diabolique que Olivier Barrot et Raymond Chirat le décrivent dans Les excentriques du cinéma français (la Bible que devraient posséder, lire et relire tous ceux qui s’intéressent au 7ème art). (suite…)