Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

La grande extase du sculpteur sur bois Steiner

samedi, janvier 6th, 2018

L’aigle vole au soleil.

Issu d’un DVD consacré à des courts métrages montagnards réalisés par Werner Herzog, qui comprend aussi un reportage sur le volcan de La Soufrière aux Antilles et un autre sur une ascension en Himalaya, La grande extase du sculpteur sur bois Steiner est un objet assez bizarre, dont on aurait bien vu la place dans la défunte émission de télévision Les coulisses de l’exploit, depuis bien longtemps disparue. Une émission un peu similaire dans son esprit à celui de Cinq colonnes à la une, le grand magazine d’information et qui, sur le volet sportif s’efforçait d’aller voir un peu au delà de la seule performance pour en exposer les singularités et les à-côtés. (suite…)

Le fils de Jean

mercredi, janvier 3rd, 2018

C’est mieux que « Joséphine ange gardien ».

C’est mieux, nettement mieux que Joséphine ange gardien, le feuilleton consensuel qui répand la gentillesse dans les chaumières, les barres et les tours, mais on a tout de même bien l’impression qu’on est dans un téléfilm réalisé pour TF1, avec de lourds secrets de famille qui ne seront dévoilés qu’à la fin, un bon moment d’exotisme verbal et géographique (puisque la quasi totalité du film se passe au Québec) et une marche au bord du précipice puisqu’on frôle les terrifiantes abysses de l’inceste. Ce qui permet de comprendre, s’il en était encore besoin pourquoi le héros, Matthieu (Pierre Deladonchamps, presque aussi torturé que dans L’inconnu du lac, mais nettement moins déshabillé) ne couche pas avec Bettina (Catherine de Léan, bien appétissante), alors que tous les deux, après une nuit alcoolisée en ont manifestement la plus grande envie. (suite…)

Le Cid

mardi, janvier 2nd, 2018

Obscure clarté.

Il fallait bien l’heureux engourdissement des lendemains de réveillon et la droiture des bonnes résolutions charitables emmagasinées dans la perspective de 2018 pour que, cette après-midi, je puisse regarder ce gros gâteau de plus de 3 heures dégoulinant de caramel hollywoodien, verbeux, péteux, prétentieux, emphatique, nourri de dialogues infantiles et de respectueuses minauderies historiques, simplement maintenu hors d’eau par les millions de dollars et de milliers de figurants qui irriguent son interminable cours. Déjà, instinctivement, j’avais dû me méfier, en 1961, quand à grand coups de publicité le film avait envahi nos écrans déjà esclaves d’Hollywood… pourtant, pour une fois les Étasuniens ne s’attaquaient pas un péplum ou à un récit biblique mais faisaient preuve de quelque originalité en allant chercher au cœur de notre belle histoire occidentale un héros et une geste admirables. Le Cid, c’était un héros de la Reconquista, chassant les envahisseurs arabes de la péninsule… et voilà qu’on en fait un homme de consensus mou, frayant avec des Maures moins Maures que d’autres (il y a des gens qui vous expliquent, les yeux dans les yeux, qu’il existe des Islamistes modérés). (suite…)

Les conquérants d’un nouveau monde

lundi, janvier 1st, 2018

Boussole contre Grand manitou.

Ah, c’est bien sympathique, un film d’antan (1947… mon âge) où les méchants sont vraiment des canailles sans aveu qu’on est content de voir zigouiller à la fin et où les Peaux-Rouges sont des sauvages fourbes, cruels, assoiffés de sang, comme dans mes souvenirs de petit garçon. Et lorsque toutes ces bonnes vieilles recettes éprouvées se développent au long d’un scénario habile et intelligent, nourri d’excellentes péripéties, porté par des acteurs de grande qualité, dans un cadre visuel magnifique, avec toutes les ressources d’un éclatant Technicolor, on passe un bien bon moment. Le film est long (plus de 2h20) mais il ne perd jamais son rythme : décidément, Cecil B. DeMille, un peu méprisé aujourd’hui, était un sacré réalisateur. (suite…)

Toi, c’est moi

samedi, décembre 30th, 2017

« Avoir un bon copain… »

Bob Guibert (Jacques Pills) est un sacré noceur qui passe sa vie, en compagnie de son ami d’enfance Patrice Duvallon (André Tabet) au milieu de jolies filles à la cuisse évidemment très légère dans des soirées coquines et arrosées de Champagne et dans des cabarets à musiques endiablées. Il est le neveu d’Honorine (Pauline Carton), veuve, riche, indulgente à ses fredaines, mais qui est toujours flanquée de son homme d’affaires, Pfitz (Baron fils), d’apparence austère et sévère mais en fait canaille détourneuse de fonds et vipère lubrique insoupçonnée (là j’exagère un peu). (suite…)

L’année sainte

mercredi, décembre 27th, 2017

L’Univers aspire à la vacuité.

Il y a une quantité industrielle de très mauvais films. Mais, précisément, leur nullité est quelquefois si abyssale qu’on peut éprouver à la regarder une forme de fascination atterrée ; une fascination qui, certes, ouvre de drôles de perspectives sur la nature humaine mais n’en est pas moins une dure réalité. Il va de soi, au demeurant, qu’il faut distinguer ces très mauvais films de la délicieuse catégorie des nanards qui, elle, tourneboule toutes les appréciations, tous les jugements possibles et dont on peut, à très juste titre, se repaître voluptueusement. (suite…)

Le dernier métro

samedi, décembre 23rd, 2017

Enluminure anodine.

Difficile pour un réalisateur alors aussi expérimenté que François Truffaut de rater un film quand on y convie deux des acteurs les plus prestigieux du cinéma français, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, encadrés par de solides et excellents seconds rôles et qu’on met en scène, avec des moyens très suffisants une période historique certes explorée sous toutes ses coutures mais qui semble fasciner de plus en plus au fur et à mesure que ceux qui l’ont connue disparaissent. (Et même, pourrait-on ajouter, que ceux qui ont connu ceux qui l’ont connue se font vieux… après tout, ça fait plus de 75 ans, aujourd’hui…). (suite…)

Casino

mercredi, décembre 20th, 2017

Barouf à Landerneau.

Comment se fait-il qu’un film – un énième film – sur les magouilles, horreurs, assassinats, rackets de la Mafia, sur l’argent qui coule à flots, sur les amitiés d’enfance qui se délitent puis explosent au fur et à mesure que le temps passe et que les amis d’hier deviennent puissants et souvent antagoniques, sur les déchirements cocaïnés des couples entraînés dans l’abjection, sur des tas de choses vues mille et mille fois au cinéma, comment se fait-il qu’un film très long – près de 3 heures – soit aussi passionnant et tienne l’attention du début à la fin sans qu’on ait jamais la tentation de bâiller ou d’accélérer la projection à coup de zapette ? Sans doute la maîtrise absolue du rythme du film par Martin Scorsese, sur son habileté polychrome, aussi : ainsi, par exemple, la multiplication et la succession des voix off des principaux personnages, si bien conçue que, même lorsqu’elles se succèdent à toute allure on ne perd jamais le fil et on suit le déroulement des péripéties sans jamais s’y perdre. Je dis bien péripéties et non intrigue, à la suite, d’ailleurs de Scorsese lui-même qui a déclaré que son film n’était pas constitué par une histoire mais par une suite d’épisodes. (suite…)

Les mains d’Orlac

samedi, décembre 16th, 2017

Chéri, fais-moi peur !

Les mains d’Orlac ne valent pas tripette, malgré un scénario assez intéressant et une distribution plutôt réussie où chacun fait le minimum syndical, mais le fait bien, des décors de qualité (et même un peu davantage, parce dès qu’on filme la Côte d’Azur du haut de la Grande corniche on émerveille toujours le spectateur) et une musique discrète mais efficace signée par Claude Bolling. Il faudrait voir ce qu’ont donné les autres adaptations du roman fantastico-policier de Maurice Renard qui avait été déjà tourné deux fois lorsque Edmond T. Gréville l’a réalisé en 1960 (une muette, Orlacs Hände de Robert Wiene en 1924, une hollywoodienne, Mad love, de Karl Freund en 1935) et plus tard, en 1962, Hands of a stranger de Newton Arnold, sans compter une dramatique télévisée, Les mains de Roxana de Philippe Setbon en 2013.

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Les vestiges du jour

jeudi, décembre 14th, 2017

Orgueils et préjugés.

Les vestiges du jour est adapté d’un roman de Kazuo Ishiguro, dont le nom dit assez l’origine japonaise, mais qui est de nationalité britannique (tiens, le Japon, voilà, au demeurant, un autre peuple singulier, à nos yeux à peu près aussi incompréhensible que celui des riverains de la Tamise ; et cela n’est pas anodin). Et voilà un film terriblement anglais, exclusivement anglais, on pourrait même dire abusivement anglais tant il expose toutes les immenses qualités et les épouvantables défauts que nos voisins d’Outre-Manche paraissent cultiver à loisir, sans doute, d’ailleurs pour prouver au reste du monde qu’hors la conduite à gauche et la confection du pudding à la graisse de rognon de boeuf, il n’y a rien d’autre d’admirable dans notre vallée de larmes. De leur point de vue ils n’ont d’ailleurs pas tort et leur surprenante et délicieuse décision de quitter l’Union européenne après l’avoir mise sens dessus dessous depuis qu’ils l’ont intégrée va tout à fait en ce sens. Dieu et mon droit, comme ils disent et flûte pour le reste de l’Humanité. (suite…)