Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Mean streets

vendredi, novembre 10th, 2017

Venez visiter Little Italy !

J’étais à deux doigts de m’étonner, dans la première heure, que ce capharnaüm confus puisse figurer au rang des films importants salués par la critique. Mais, j’ai pu résister, je suis allé jusqu’au bout des presque deux heures ; j’ai trouvé que la fin du film était plutôt meilleure que le début, ce qui n’est pas si fréquent que ça. Et aussi j’ai parcouru les intéressants suppléments qu’offre le DVD, celui qui présente les huit pâtés de maison qui forment la mythique Little Italy new-yorkaise, celui où Martin Scorsese revient sur les lieux de son tournage, celui où sont montés et présentés les films d’amateur en Super-8 qui forment le générique. Mais surtout celui où le réalisateur parle lui-même de Mean streets, en commente la raison d’être, si l’on peut dire. Et là, les choses s’éclairent davantage. (suite…)

Le voleur

mardi, novembre 7th, 2017

Violence des échanges en milieu patricien.

Tous ceux qui ont vu le film – et ils ne sont pas légion – conviennent que Le voleur est un des meilleurs films de Louis Malle qui, au fur et à mesure que passent les années, apparaît comme un réalisateur majeur. Qualité et abondance de l’interprétation, subtilité de la photographie, beauté des costumes et des décors (j’ai appris, dans le supplément du DVD, que c’était Louise de Vilmorin qui avait piloté l’équipe technique à la recherche de belles maisons patriciennes dans la région parisienne ; Louise de Vilmorin, qui connaissait tout le monde et surtout ce qu’il y avait de plus beau et de plus chic, l’auteur des récits dont ont été adaptés Le lit à colonnes et Madame de… : le raffinement et la distinction mêmes). Talent intrinsèque de la réalisation (Malle avait, dit-on, le sens du cadre), rythme de la narration, intelligence de l’écriture (avec le réalisateur, Jean-Claude Carrière et Daniel Boulanger). Pour entourer Belmondo, époustouflant, plein d’acteurs dont aucun ne détonne et une kyrielle de jolies femmes : temps où le cinéma français ne mégotait pas sur les distributions. (suite…)

Le bouffon du Roi

samedi, novembre 4th, 2017
 Les mystères du jardin de l’enfance

Le bouffon du Roi vient de passer sur la chaîne Paramount, qui est une sorte de robinet à images hollywoodiennes et propose aux curieux le meilleur et le pire. Il vaut en tout cas la peine de jeter régulièrement de jeter l’œil sur sa programmation, malheureusement toujours en VF, pour découvrir ici et là une bizarrerie qu’on n’achèterait pas en DVD mais qu’on se fait un plaisir de découvrir ou de revoir. Et il y avait un bon moment que je me disais que dans le cadre de mon archéologie cinématographique personnelle, il me manquait de revoir un film interprété par Danny Kaye. (suite…)

Hugo Cabret

vendredi, novembre 3rd, 2017

Fondu déchaîné.

D’abord, évidemment, c’est un film de Martin Scorsese, un des grands réalisateurs qui comptent dans le cinéma d’aujourd’hui, dont j’ai beaucoup aimé Taxi driverRaging Bull (malgré ma détestation de la boxe) et avant tout After hours ; et, en dernier lieu, profond et grave, Silence. Puis c’est un film pour jeune public, comme on dit, qui ne va pas chercher chez des super-héros étasuniens un sujet à base de performances quasi magiques ; et ce n’est pas un amateur du Magicien d’Oz qui dira du mal d’un récit dédié à l’âge heureux et capable de lui faire ouvrir de grands yeux émerveillés. Enfin on ne peut qu’être heureux de voir un film venant des grandes compagnies d’Hollywood rendre un hommage déférent à un des pionniers français du cinéma, Georges Meliès, bricoleur de génie, fantaisiste, magicien, inventeur, rêveur, équilibriste… (suite…)

Duel

mercredi, novembre 1st, 2017

Les routiers sont sympas.

Il n’y a pas un nombre considérable de manières de ficher les chocottes au quidam qui, confortablement assis dans son siège aime à avoir peur. Je ne vois, en gros, que trois façons de faire. La première fait appel à nos terreurs oniriques, s’appuie sur l’angoisse émotive des cauchemars : appel aux créatures fantastiques, vampires, loups-garous, momies ressuscitées, insectes géants, goules, lamies, zombies, personnages issus de la nuit dont on sait bien, lorsqu’on est réveillé, qu’ils n’existent pas. La deuxième nous met dans des situations plus réalistes mais assez improbables, celles qu’on lit dans les journaux lorsqu’on raconte les abominables exploits des tueurs en série, des psychopathes monstrueux, des cinglés sadiques ; je rangerais volontiers dans cette catégorie les histoires qui font appel à la présence de Satan dans le monde moderne (et L’exorciste est le meilleur des exemples).

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Matrix révolutions

samedi, octobre 28th, 2017

L’abomination de la désolation.

Comment perpétuer une série rémunératrice, qui aurait presque pu devenir ce qu’on appelle aujourd’hui une franchise où l’on exploite jusqu’à l’os une idée de départ en en tirant de considérables bénéfices de marketing ? Comment faire ? Mais c’est tout simple, évidemment ! En ne faisant du deuxième segment qu’un préambule du segment terminal ! En laissant le spectateur dans l’attente agacée des conclusions, de la fin finale d’une histoire qu’on lui a montrée pendant les deux premiers volumes ! Ce n’est pas à blâmer, en soi, au demeurant et tous les feuilletonistes ont à l’envi employé le procédé, facile, mais tout à fait efficace. (suite…)

Matrix reloaded

jeudi, octobre 26th, 2017

Ploum ploum tralala

Il se peut que certains esprits particulièrement éveillés, des intelligences superbement supérieures (en tout cas supérieures à la mienne propre) connaissent et comprennent tout ce qui se passe dans Matrix reloaded ; il n’est pas impossible que si je regardais deux ou trois fois de suite le film, en faisant des arrêts sur l’image pour prendre des notes et si j’avais le bonheur de pouvoir méditer sur la signification de telle et telle séquence, je puisse rejoindre ces cerveaux d’élite. Mais ces conditions ne seront pas réunies : la nuit tombe sur moi, le temps me presse et j’ai encore à découvrir quelques Duvivier, à revoir tous les Kubrick, à attendre quelques révélations ; en d’autres termes, ma vie ne sera sûrement pas assez longue pour que je puisse me replonger dans l’œuvre capitale des frères Wachowski, Larry et Andrew. (suite…)

Matrix

mardi, octobre 24th, 2017

Fin de siècle.

Je suppose que c’est à peu près à ce moment-là, grâce aux ressources devenues disponibles des images numériques qui permettent de tordre et de multiplier la réalité, que le cinéma a entrepris de réaliser une osmose entre le jeu vidéo, qui faisait une apparition éclatante, et ce que nous avions connu, qui était plein d’ellipses, de non-dits et d’appel à la simple imagination. Il est alors entré dans un autre domaine. S’est greffée à l’innovation technologique, en soi presque aussi intéressante qu’avaient été l’apparition du parlant, puis de la couleur, une sorte de syncrétisme pseudo philosophique où se mêlent des références de toute nature et où chacun peut retrouver ses petits. (suite…)

Dracula untold

dimanche, octobre 22nd, 2017

Seuls les anges ont des ailes.

Encore un film qui surfe sur la vague déterminée qui fait du vampire un pauvre bougre méritant et même quelquefois héroïque, frappé par une sombre fatalité et réduit à semer la mort autour d’elle en le regrettant et non plus, comme dans l’acception classique comme l’incarnation du Mal, la créature de l’Enfer. De quand date-t-on cela ? Je ne suis plus l’expert en vampirologie que j’étais il y a cinquante ans, mais je me demande si on ne peut pas fixer à la Chronique des vampires créée par Anne Rice en 1976 cet affadissement du mythe, chronique dont a été tirée l’excellent Entretien avec un vampire de Neil Jordan en 1994. Et aussi, en 1992, le Dracula de Francis Coppola,qui montrait un personnage torturé, maléfique endurant une affreuse malédiction.  (suite…)

Blanches colombes et vilains messieurs

mercredi, octobre 18th, 2017

Capitale de l’ennui.

Quoi, c’est de Joseph Mankiewicz, cette innommable, interminable, ennuyeuse comme la pluie de novembre, indigeste bouillie pour les chats ? Je ne porte pas au sommet des nues Joseph Mankiewicz, sans doute intellectuel trop raffiné pour être un grand cinéaste, mais enfin ! Il y a au moins L’aventure de Mme MuirÈveL’Affaire CicéronLa comtesse aux pieds nus, quelques autres… et personne ne peut lui imputer l’échec tonitruant et grandiose de Cléopâtre… Mais là ! J’ai passé plus de deux heures de mon après-midi à écarquiller les yeux devant cette comédie qui se veut musicale et qui est un ratage absolu, dont on ne retient aucune partie dansée et simplement, parmi la kyrielle des lyrics qui la parsèment, la seule mélodie Woman in love, qui est devenue un standard mais ne casse tout de même pas trois pattes à un canard… (suite…)