Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Van Gogh

dimanche, août 20th, 2017

Lumière d’été.

Les soixante-sept derniers jours de la vie de Vincent van Gogh (Jacques Dutronc) jetés à la figure du spectateur par Maurice Pialat avec une sorte de brutalité magnifique et un étrange film trop long. D’abord, si l’on n’a pas quelques lumières sur l’itinéraire du peintre, que comprend-on en voyant descendre du train le 20 mai 1890 à Auvers sur Oise un vagabond lunaire ? Un vagabond qui prend pension à la modeste auberge Ravoux et qui s’incruste peu à peu dans la famille du docteur Gachet (Gérard Séty), médecin désinvolte, ami des impressionnistes et collectionneur avide, qui a promis à Théo van Gogh (Bernard Le Coq) de s’occuper de son frère Vincent, qui vient à peine de sortir de l’asile d’aliénés de Saint Rémy de Provence. (suite…)

Le rayon vert

vendredi, août 18th, 2017

rayonvert1Portrait d’une exaspérante.

On peut vraiment se demander pourquoi le Rayon vert, cinquième ouvrage de la série des Comédies et proverbes, qui en compte six est aussi vilipendé, alors que, s’il déroge un peu aux pratiques de Rohmer (dialogues non plus très écrits mais largement improvisés, présence d’une musique hors champ) en dispense tous les extraordinaires charmes, pourtant. Il me semble qu’il y a dans ce film à intrigue minimale et à structure très lâche beaucoup de ce qui fait le génie du cinéaste : la capacité de capter l’air du temps, de donner à ses personnages inventés une réalité, une véracité qui font qu’on a l’impression de les avoir croisés, ou de pouvoir les croiser le lendemain.
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Le voyeur

jeudi, août 17th, 2017

Le petit oiseau va sortir.

Je trouve que Michael Powell a rudement bien fait de se séparer, à compter de ce film, avec son encombrant farfelu scénariste Emeric Pressburger qui l’a amené à réaliser un paquet de films naïfs (comme Les chaussons rouges), grandiloquents (comme Le narcisse noir) ou burlesques (comme Colonel Blimp). Sans rien perdre de son grand talent de metteur en images, de sa virtuosité dans les mouvements de caméra et de son goût (sans doute même excessif) pour les chatoiements de couleurs, Powell filme enfin une histoire intéressante, souvent angoissante et quelquefois profonde. (suite…)

Chickamauga

mercredi, août 16th, 2017

Brillant exercice de style.

Le DVD est intitulé Au cœur de la vie, et comprend ChickamaugaL’oiseau moqueur et La rivière du hibou. Trois histoires du singulier Ambrose Bierce, toutes trois centrées sur la Guerre de Sécession. Les suppléments du DVD indiquent d’ailleurs que Robert Enrico, qui voulait absolument réaliser La rivière du hibou a été amené par la production à densifier son court métrage et qu’il a adjoint deux histoires qu’il n’avait pas initialement prévu de tourner. (suite…)

Les compères

mercredi, août 16th, 2017

La nullité à l’état brut.

Je n’ai rien contre le cinéma distrayant de Francis Veber, qu’ils soit scénariste ou qu’il se risque à la réalisation. Je ne suis pas particulèrement émerveillé par L’emmerdeur, mais j’ai bien aimé Le téléphone rose, par exemple et je ne rate jamais une diffusion télévisée du bijou qu’est Le dîner de cons. J’ai même dû regarder sans déplaisir La chèvre où se mettait en place le duo inusable constitué par un grand baraqué sommaire (Gérard Depardieu) et un ahuri gaffeur (Pierre Richard), procédé utilisé ensuite jusqu’à plus soif par d’autres réalisateurs voire des acteurs différents (Les anges gardiens de Jean-Marie Poiré avec Christian Clavier à la place de Pierre Richard). (suite…)

Antoine et Colette

mercredi, août 16th, 2017

Des adolescents d’autrefois.

Je n’ai pas vu ce film à sketches intitulé L’amour à vingt ans, qui n’a pas porté bonheur aux réalisateurs des autres histoires puisque, aux côtés de François Truffaut il y avait des fils deRenzo Rossellini et Marcel Ophuls, dont le talent n’égale tout de même pas celui de leur papa, un certain Shintarô Ishihara dont la filmographie paraît étique, et Andrzej Wajda à qui Danton a dû couper (hi hi !) l’inspiration. (suite…)

Les mistons

lundi, août 14th, 2017

On n’est pas sérieux quand on a quatorze ans…

François Truffaut, dans Les cahiers du cinéma avait abondamment daubé sur la fausse image de l’enfance délinquante que présentait Jean Delannoy dans Chiens perdus sans collieradaptation d’un roman éponyme de Gilbert Cesbron, romancier à l’immense succès, spécialisé un peu dans les faits de société, comme on dit aujourd’hui ; et il a eu envie de réaliser avec son premier vrai film, un court-métrage sur l’enfance et ses désordres. Une bande de gamins qui s’ennuie donne la chasse à un couple d’amoureux qui aimerait être un peu tranquille pour voir la feuille à l’envers. Et un jour, quelques mois plus tard, ils apprennent que le garçon (Gérard Blain) s’est tué en montagne. C’est, d’une certaine façon, la fin de l’enfance… (suite…)

L’oiseau moqueur

dimanche, août 13th, 2017

La guerre civile.

Premier segment (ou deuxième ; la chose n’a pas grande importance), avec Chickamauga et La rivière du hibou des trois métrages d’une demi-heure qui adaptent, sous le nom de Au cœur de la vie, des récits d’Ambrose Bierce consacrés à la guerre de Sécession, voici L’oiseau moqueur. Trois récits marqués par la cruauté et le rêve, celui-ci un peu davantage inscrit dans une anecdote qui n’est pas très convaincante : un soldat nordiste qui, lors d’une nuit de garde a tiré sur une silhouette furtive et a ainsi tué le frère dont il avait jadis été séparé depuis la mort de leur mère et qui combattait dans les rangs sudistes. Ce point est un peu le pont-aux-ânes mélodramatique des guerres civiles. (suite…)

Inland Empire

vendredi, août 11th, 2017

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Bon ; je sors de Inland Empire et j’ai le sentiment d’être plus encore embrouillé que je ne le craignais.

Forcément on se demande si le Lynch qu’on aime, toujours sur la ligne de crête des obscurités allusives, des ellipses énigmatiques, des ombres impalpables n’a pas, cette fois, franchement décroché pour passer carrément dans le n’importe quoi.

Et puis, peu à peu, reviennent en tête, remontent en surface, des images fortes, des bribes de séquence, des morceaux de dialogue.

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Brancaleone s’en va-t-aux croisades

lundi, août 7th, 2017

Une farce profonde.

Par une bizarrerie éditoriale que je ne m’explique pas, Brancaleone s’en va-t-aux croisades paraît en France avant le premier volet de la geste du chevalier errant, dont les amateurs éclairés disent pourtant qu’il est le meilleur des deux. Si c’est bien le cas, je me réjouis à l’avance du moment où L’armée Brancaleone nous parviendra. Parce que je me suis régalé à la découverte de ce second épisode, qu’on peut, il est vrai, voir indépendamment de son prédécesseur. Et pourtant je m’engageais sur ce chemin avec un petit bout de réticence, malgré Mario Monicelli, malgré Age et Scarpelli, malgré Vittorio Gassman, craignant un peu que ce soit principalement une farce pleine de trucs grossiers, comme Pasolini en a tourné avec Le Décaméron et Les contes de Canterbury. La truculence n’est pas mon fort et je n’ai jamais trop accroché aux récits rabelaisiens. (suite…)