Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

L’empereur du Nord

samedi, août 5th, 2017

« Dégage la voie, petit ! »

N’étaient l’admiration que je voue aux grands acteurs Lee Marvin et surtout Ernest Borgnine, la capacité de Robert Aldrich de filmer habilement les trains et leurs machineries compliquées et aussi la chorégraphie réussie de la méchante bagarre finale, j’aurais certainement mis une note inférieure à la moyenne à L’empereur du Nord. Au demeurant, ce titre français est complètement idiot : il aurait fallu conserver l’original L’empereur du pôle nord, manière pour les vagabonds qui sont le fond du film de se gausser d’eux-mêmes en s’intitulant en quelque sorte souverains du désert, souverains de l’absence ; souverains de rien du tout en fin de compte. Est-ce que pour autant cela aurait pu améliorer le film, dont le scénario est infantile et les dialogues d’une insignifiance caractérisée ? Je ne le crois pas, à dire vrai mais ça aurait au moins eu le mérite de recadrer les choses.  (suite…)

Le festin de Babette

jeudi, août 3rd, 2017

Une étrange affaire.

Étrange météore au ciel occidental, Le festin de Babette surprit heureusement beaucoup de monde en 1987. D’abord on ne connaissait pas ce Gabriel Axel, le réalisateur, qui emmenait notre Stéphane Audran tourner sous des latitudes improbables (et, à dire vrai, de mon point de vue, impossibles), une histoire absolument étrange, mélange de luthéranisme et de gastronomie. On s’étonnait du caractère à la fois guindé et chaleureux de l’histoire (guindé et chaleureux c’est antinomique ? c’est bien pour ça que l’on s’étonnait !). Et puis on avait une prévention défavorable parce que le récit est adapté d’une nouvelle de Karen Blixen, auteur du roman dont est tiré Out of Africa qui est le film le plus détesté de ma pléiade (remarquez, à force d’en dire du mal depuis le temps, je devrais bien me le repasser ; peut-être y connaîtrais-je mon chemin de Damas ?). En tout cas on ne pensait pas que qu’on regarderait Le festin de Babette avec plaisir trente ans après l’avoir vu. On a d’ailleurs perçu après coup que le réalisateur excellent du mémorable Curé de Tours télévisé (1982) avec Jean Carmet et Michel Bouquet était, curieusement, le même Gabriel Axel qui, quoiqu’il soit danois a beaucoup vécu à Paris. (suite…)

La maison de la mort

mardi, août 1st, 2017

Le secret des oreillers.

Voilà un drôle de film, le premier que je vois de James Whale, papa cinématographique de Frankenstein. Un film qui commence très bien, de façon à la fois drôle et angoissante et qui, malgré une très brève durée (1h10) se termine languissant et ennuyeux. Quelle bizarre chose ! On a l’impression que Whale a reculé devant le paquet d’horreurs glaçantes qui aurait pu être évoqué et qui aurait sali le climat comme il faut, de façon à bien épouvanter et qu’il conclut sur des bagarres assez banales où les gentils s’en sortent et où les méchants restent (en gros) entre eux. C’est bien dommage, parce que c’était très bien parti. (suite…)

Les cracks

samedi, juillet 29th, 2017

Tchernobyl culturel.

Au cours de ma longue carrière de spectateur, je pensais avoir vu le pire du pire. Des films où je m’endormais (Out of Africa), des films qui me dégoutaient (La grande bouffe), des films qui m’exaspéraient (tous les Antonioni). Et aussi des films terrifiants de vulgarité graisseuse, les films de Robert Thomas (Mon curé chez les nudistes), de Philippe Clair (Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir), de Raoul André (La dernière bourrée à Paris). Je pensais en revanche qu’Alex Joffé était un artisan honnête, qui avait même commis un très agréable Fortunat où la rencontre singulière, pendant la dernière guerre, de Michèle Morgan et de Bourvil avait un joli petit parfum triste. (suite…)

Les deux orphelines vampires

vendredi, juillet 28th, 2017

Les petites filles modèles.

Ni jolies filles dénudées, ni frissons sanguinolents ! Où donc est passé Jean Rollin dont l’assez mince talent consistait à faire aller de conserve ces éléments essentiels de l’éternité du cinéma ? Après s’être cassé les dents sur La fiancée de Dracula (2002), on a la largeur d’esprit suffisante pour profiter d’une offre à tout petit prix et commander Les deux orphelines vampires (1997) et en sortir tout autant déçu ! Comme on n’est pas mauvais zigue, on ira peut-être quelque jour (et à des conditions financières minimales) regarder ce qu’on avait jadis découvert, en grand effarement, Le viol du vampire (1968), La vampire nue (1970), Le Frisson des vampires (1971), c’est-à-dire des histoires bizarres où l’honnête amateur a son content de jolies poitrines et de canines incisives (si je puis dire). (suite…)

Dunkerque

jeudi, juillet 27th, 2017

Reportage en direct.

En prenant le parti de dresser une vue panoramique de ce qui s’est passé dans la poche de Dunkerque entre le 26 mai et le 4 juin 1940, Christopher Nolan a réalisé un très beau reportage, très spectaculaire et sans doute très exact sur le rembarquement des 340000 soldats qui purent être évacués du guêpier. Avec un montage très rapide, qui saute – un peu trop rapidement à mon gré – d’un sujet à l’autre – fantassins qui attendent leur départ sur les immenses plages, aviateurs britanniques chargés de protéger les convois en abattant le maximum de bombardiers allemands, civils anglais qui, à l’appel de Churchill traversent la Manche avec leurs propres bateaux pour sauver leurs compatriotes – on donne, j’imagine, une impression assez fidèle des mille drames et des mille exploits qui ont entouré la bataille. (suite…)

Les fantômes du chapelier

mercredi, juillet 26th, 2017

Concarneau’s killer

Quand Claude Chabrol se fichait du monde, ce qui lui arrivait trop souvent (au moins pour une bonne moitié de ses films) il en arrivait à descendre dans la désinvolture, le je m’en fichisme et l’insipidité au niveau d’un des pires Mocky en pondant, sur une intrigue en or un vague machin mou, déstructuré et souvent ridicule, comme ces Fantômes du chapelier. (suite…)

Tarantula

mardi, juillet 25th, 2017

L’araignée n’est plus dans le placard !

Les histoires de bestioles devenues géantes et agressives à la suite de mille causes, naturelles ou humaines sont un terreau assez riche du cinéma de terreur, mais d’une épaisseur tout de même assez limitée : une fois que la créature gigantesque s’est révélée, a démoli quelques immeubles et zigouillé quelques personnages, on ne sait plus trop qu’en faire et l’intérêt ne se porte plus que sur la façon dont on va s’en débarrasser ; on me dira, avec quelque pertinence que c’est, d’une façon générale, le cas des films où des créatures malfaisantes – vampires, goules, lamies, sorcières, voire tueurs en série – s’attaquent aux braves gens, en déciment quelques uns et en terrorisent des quantités, mais ces derniers films comportent le plus souvent un épice supplémentaire : le Mal et ses perversions. Alors qu’avec les animaux, fussent-ils les plus affreux ou les plus répugnants, on n’est que dans une sorte de processus naturel, les bêtes se contentant le plus souvent d’agir comme leur nature ou leur corpulence nouvelle le leur prescrit (j’espère, sans en être certain, avoir été clair). (suite…)

Ah si j’étais riche !

samedi, juillet 22nd, 2017

Bas de gamme.

Un soir d’été paresseux, on regarde le programme de la télévision, on se dit qu’on ne va pas subir pour la vingtième fois les mésaventures filmées en documentaire des gendarmes et des voleurs (ou des Pompiers, ou des vétérinaires, ou des médecins du SAMU) dans le Nord, à Paris, sur la Côte d’Azur, au fin fond de la Creuse, que les débats politiques de La chaîne parlementaire ou de BFM commencent à sentir le réchauffé et que, somme toute, un petit truc de rien du tout avec de bons acteurs comme Jean-Pierre Darroussin et Valeria Bruni-Tedeschi est une façon convenable de passer la soirée. (suite…)

La neige en deuil

vendredi, juillet 21st, 2017

Bataille dans la montagne.

Est-ce qu’il n’est pas étonnant que les riches capacités dramatiques des aventures en montagne, tragiques, exaltantes, cruelles, pleines de retournements angoissants et à même de donner des images magnifiques ne soient pas parmi les plus délaissées du cinéma ? Une rapide recherche sur Wikipédia ne signale que quelques œuvres au demeurant d’ailleurs généralement invisibles, comme L’enfer blanc du Piz Palü ou La lumière bleue (parce que Leni Riefenstahl y a collaboré) ou souvent presque documentaires comme Les étoiles de midi de Marcel Ichac. Je n’ai rien vu de tout ce qui est cité sinon – mais j’étais très très jeune – Premier de cordée de Louis Daquin qui m’avait d’ailleurs donné envie de lire le passionnant bouquin de Roger Frison-Roche dont il est adapté. Il semble que, lors des dernières décennies, grâce sans doute aussi à la plus grande facilité de filmer, on se soit aperçu de cette carence et qu’on ait essayé de la combler un peu (Cliffhanger de Renny HarlinVertical limit de Martin Campbell), mais enfin rien à voir avec l’abondance des films maritimes…

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