Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

La légende du Tour de France

jeudi, juillet 20th, 2017

Ne touchez pas à nos légendes !

S’il m’était donné de réaliser un film sur le Tour de France, en bénéficiant des moyens de l‘I.N.A. et de France Télévisions, c’est-à-dire des milliers et des milliers d’heures d’images accumulées depuis 1903, je ne présenterais sûrement pas quelque chose d’aussi ennuyeux, douteux et dépourvu d’émotion que ce documentaire réalisé par Jean-Christophe Rosé et Benoît Heimermann en 2013 et présenté en deux épisodes lors des journées de repos de l’actuelle édition du Tour. (suite…)

À l’est d’Eden

lundi, juillet 17th, 2017

Point cardinal.

Curieuse idée de faire précéder le générique d’un prologue en images (presque) fixes ; habituellement, ce genre de procédé n’était utilisé que pour les films à grand spectacle d’une longueur inhabituelle, en sus souvent segmentés par un entracte (par exemple Autant en emporte le vent, ou Les Dix commandements). Là, Elia Kazan s’est limité à presque deux heures et on ne comprend pas très bien  l’utilité de ce prologue, qui permet simplement d’entendre à loisir la mélodie du compositeur Leonard Rosenman, ensuite utilisée jusqu’à plus soif tout au long du film. En tout cas ça ne fait qu’ajouter à la lenteur bien décevante et ennuyeuse d’un film évidemment surcôté. Si À l’est d’Eden demeure encore un peu dans les mémoires, c’est vraisemblablement parce que c’est le premier film tourné par l’étoile filante James Dean qui se tua en voiture juste après le troisième. (suite…)

Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas… mais elle cause

samedi, juillet 15th, 2017

Écrasons l’insecte !

C’est moins dramatiquement affreux que dans mon souvenir et si – chose improbable – ça avait pu maintenir pendant les pourtant minces 85 minutes de sa durée, le rythme et l’enjouement du premier quart d’heure, ça vaudrait beaucoup mieux, bien sûr… Hélas Michel Audiard, une fois son équipe en place et son récit de départ trouvé et mis sur les rails, se fiche complètement de conduire son film à bien ; c’est d’ailleurs là sa constante de réalisateur : génie des titres, talent de la caractérisation outrancière des personnages, drôlerie des dialogues (évidemment !) et totale désinvolture sur le cheminement du scénario… (suite…)

Le fantôme vivant

mercredi, juillet 12th, 2017

Rentre dans ta tombe !

Franchement, quelle drôle d’idée de ressortir et d’éditer, au demeurant assez bien, des fragments, des bribes, des embryons de ce cinéma de genre ? Être présenté comme le premier film britannique de l’ère du parlant (tout en s’appuyant sur les recettes éprouvées étasuniennes) suffit-il à donner au Fantôme vivant  le moindre intérêt ? Le sympathique Jean-Pierre Dionnet, spécialiste des œuvres connexes et marginales s’évertue, en les présentant, de faire croire au spectateur naïf qu’il va découvrir une pépite oubliée : c’est méritoire mais ça n’abuse personne… (Au fait, avez-vous remarqué que Dionnet, au fil des années et de l’âge qu’il prend, ressemble de plus en plus à un personnage des films d’horreur de série Z qu’il défend, flamberge au vent ?). (suite…)

Tuez Charley Varrick !

dimanche, juillet 9th, 2017

Quelques jours au Nouveau Mexique.

Lorsqu’on lit dans le texte de présentation du DVD que le film est une irrésistible mécanique de précision et une référence absolue du film policier, que l’on prend connaissance aussi des appréciations flatteuses d’amateurs de qualité, on est en droit de s’attendre à un spectacle nerveux, passionnant, inventif, plein de suspense et d’angoisse. On a convenablement apprécié la réalisation précédente de Don Siegel, qui est L’Inspecteur Harry, premier titre d’une longue série et on pense retrouver dans Tuez Charley Varrick !, le visage trouble de Andrew Robinson, affreux Scorpio opposé à Harry (et plus tard affreux Harry Cotton de Hellraiser, film démoniaque qui n’a pas que des défauts). Et puis on se dit qu’il doit bien avoir des rapports entre Tuez Charley Varrick ! et l’admirable cruel Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia de Sam Peckinpah, (suite…)

Le navire blanc

mercredi, juillet 5th, 2017

Giovinnezza, primavera di bellezza !

Peut-être avais-je lu quelque part que le grand Roberto Rossellini avait noué une amitié solide avec Vittorio Mussolini, fils du Duce et qu’il avait commencé sa grande carrière sous ces auspices, qu’on peut juger délicates. Peut-être savais-je qu’il avait assisté quelques réalisateurs fascistes pour des films qu’on ne peut plus voir aujourd’hui (Luciano Serra, pilote, de Goffredo Allessandrini, paraît-il immense succès public). Comme on a jeté un voile aussi pudique qu’hypocrite sur ce cinéma-là, c’est vraiment par miracle que je suis tombé, au Cinéma de minuit sur Le navire blanc, premier film d’une trilogie engagée qui comprend aussi les inconnus (pour moi) Un pilote revient et L’homme à la croix. (suite…)

Deux hommes dans la ville

lundi, juillet 3rd, 2017

 

Les saints vont en enfer.

Une nouvelle vision de Deux hommes dans la ville m’a fait oublier que j’avais presque apprécié jadis ou naguère cette sorte de pamphlet assez mou qui sent fort son idéologie post-Mai 68 : la victime de la société empêchée de réintégrer le clan des honnêtes gens par la malfaisance de la police, et malgré l’humaniste bienveillant… c’était bien à la mode dans les années où ça a été tourné et ça a donc beaucoup vieilli.
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Le bal des casse-pieds

samedi, juillet 1st, 2017

Comment peut-on rater ça ?

Il a fallu que le film me tombe sous les yeux cinq ou six fois en 25 ans pour que je réussisse à aller jusqu’à sa fin ; sans doute l’âge qui vient m’a rendu sinon plus indulgent, du moins plus apathique, plus capable de supporter avec constance un amoncellement de bêtises, quelquefois choquantes, à peine relevées ici et là par des comédiens qu’on aime bien et, tels des oasis en plein milieu d’un Sahara cinématographique, ici un mot drôle, là une situation cocasse, là encore une trouvaille qui permet de sourire. (suite…)

Les reines du ring

lundi, juin 26th, 2017

Il y a bien trop d’argent dans le cinéma français.

Quatre caissières d’un supermarché d’un coin déshérité du Nord de la France qui décident de mettre un peu de soleil dans un quotidien terne, ça ne vous fait pas penser à cinq ouvriers laissés pour compte du Nord de l’Angleterre qui créent un groupe de stripteaseurs ? Même si les quatre caissières ne sont pas au chômage, au contraire des cinq ouvriers de The full monty elles vivent comme eux une existence compliquée ; sans homme – ou avec trop d’hommes – avec des tas d’histoires qu’on découvre, ou qu’on devine, avec leurs enfants, leurs parents, leurs comptes bancaires, leurs chefs, petits et grands, leurs solitudes et leurs désespérances. (suite…)

American graffiti

vendredi, juin 23rd, 2017

Le déclin de l’empire américain.

Qu’un film d’une telle insignifiance de récit et de distribution ait pu bénéficier d’une pareille aura, recevoir tant de nominations aux divers concours où les professionnels de la profession s’auto congratulent et ait pu conserver jusqu’à aujourd’hui des amateurs est absolument stupéfiant. Comme je ne l’avais jamais vu, en m’apercevant qu’il passait, l’autre nuit sur la chaîne Paramount, je m’étais dit que j’avais là une excellente occasion de combler une lacune cinématographique qui, sans me gêner beaucoup, m’agaçait un peu. Mal m’en a pris.

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