Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Maigret tend un piège

mercredi, décembre 14th, 2016

Ça n’sert à rien de chercher à comprendre…

J’aimerais faire tourner Jean Gabin : il habillerait bien certains de mes personnages, disait déjà Georges Simenon en 1937. Et, de fait, la rencontre de ces deux monuments a forgé un bloc bien solide de très bon cinéma français. Adaptations souvent très infidèles au texte, mais la plupart du temps très conformes à l’esprit de romans naturalistes depuis La Marie du port jusqu’au Chat, en passant par La vérité sur Bébé Donge, Le sang à la tête, En cas de malheur. Et les trois Maigret, dont il ne faut retenir que les deux premiers, ceux tournés par Jean Delannoy, le troisième, Maigret voit rouge, réalisé par Gilles Grangier, ne méritant qu’un voile pudique. (suite…)

Haute pègre

samedi, décembre 10th, 2016

haute-pegreÉlégant, léger, superficiel.

Je crois bien que Haute pègre est le premier film que je regarde de l’assez réputé Ernst Lubitsch, film que le cinéaste considérait comme sa meilleure œuvre et qui est chanté ici et là avec des trémolos admiratifs sur bien des sites de cinéma. Je ne suis pourtant pas certain que ça m’a donné envie de voir d’autres réalisations de ce metteur en scène, mais je ne rechignerais pourtant pas si m’étaient proposés à bas prix ou par la grâce d’une diffusion télévisée Ninotchka (surtout pour découvrir si Greta Garbo était si belle qu’on l’a dit) ou Jeux dangereux qui est, paraît-il, assez réussi dans le genre sarcastique. (suite…)

Woyzeck

vendredi, décembre 9th, 2016

woyzeck1Pesant.

Une pièce inachevée et disparate de Georg Büchner, écrivain révolutionnaire allemand mort du typhus en 1837, à l’âge de 23 ans ; et Woyzeck, tenu pour une œuvre importante de cette littérature là donne lieu à un opéra d’Alban Berg en 1925, à un album intitulé Blood Money d’un certain Tom Waits (ça doit être un chanteur de rock and roll) en 2000, une adaptation théâtrale de Bob Wilson à la même date et à pas moins de trois films, deux de parfaits inconnus, Janos Szasz en 2000 encore et de Nuran David Calis en 2012 et celui de Werner Herzog, qui date de 1979. Et qui a été réalisé juste après le tournage de Nosferatu, fantôme de la nuit, lui aussi avec Klaus Kinski et dans une des villes qui avait servi de décor au sombre film sur le comte vampire. (suite…)

Le plein de super

vendredi, décembre 2nd, 2016

mediaYa des cailloux sur toutes les routes.

Curieux bonhomme, tout de même, cet Alain Cavalier, parti pour faire une carrière à la fois brillante et lisse de réalisateur d’un cinéma français assez classique, au gré de films à résonances politiques (Le combat dans l’île – 1962), policières (Mise à sac – 1967), littéraires (La chamade – 1968) – tout cela très bien troussé – et qui bifurque à un moment donné, après un long silence, en 1976, vers tout autre chose, vers Le plein de super. Ce n’est pas encore le cinéma expérimental qu’il arpentera bien plus tard, avec Libera me (1993) ou Le filmeur (2004) où le réalisateur restreint de plus en plus le spectacle, jusqu’à tourner seul, avec une seule caméra vidéo. Ça n’a pas quoi que ce soit à voir avec le miraculeux Thérèse de 1986 ou avec les délicieux 24 portraits artisans de 2006. (suite…)

Le temps de l’aventure

mercredi, novembre 30th, 2016

20493769Quatorze heures de la vie d’une femme.

Il y a plein de bonnes choses dans le film de Jérôme Bonnell, en premier lieu la qualité de l’interprétation d’Emmanuelle Devos, grande actrice qui n’est pas vraiment jolie mais qui arrive souvent, grâce à un sourire, une attitude, un geste, guère grand chose, à se rendre bien séduisante. Elle irrigue le film de son allure et parvient à rendre presque vraisemblable une histoire qui ne l’est guère, mais par quoi on se laisse facilement entraîner… Et ceci dans les rues d’un Paris toujours magnifique, toujours superbe… Mon Dieu, mon Dieu, quel bonheur de vivre ici !!! (suite…)

Knock

lundi, novembre 28th, 2016

knock_aff1Le canular majuscule.

Même si je répète à cor et à cris que Les hommes de bonne volonté, fresque capitale en 27 romans reliés les uns aux autres est une œuvre majeure du XXème siècle et qu’il y a là dedans la matière de cinquante films, le cinéma n’a gardé de Jules Romains qu’un bref récit tendre, Les copains et la rosserie délicieuse de Knock, immense succès de théâtre qui fut porté plusieurs fois au cinéma. La première version, muette, de René Hervil (1925) doit être, pour une pièce aussi pleine de verve, assez singulière à voir ; la deuxième, qui date de 1933, a été réalisée par Roger Goupillières assisté par Louis Jouvet, qui avait d’ailleurs créé le rôle sur la scène. Et après un troisième film, tourné par Guy Lefranc, il y a eu deux adaptations télévisées, la première par Marcel Cravenne en 1955, la seconde par Laurent Preyale en 2004. (suite…)

Phase IV

dimanche, novembre 27th, 2016

phase_ivLa petite bête qui monte.

Je ne sais pourquoi je suis tombé un jour sur l’avis convaincant d’un ami appréciant Phase IV qui en avait été particulièrement impressionné. Il est vrai que, regardant avec plaisir les films un peu torves, j’avais là ce qui semblait être une orientation originale. Et même la hideur ridicule de l’affiche m’inclinait à la curiosité. D’autant que le réalisateur, Saul Bass avait, quelques années auparavant, révolutionné l’art de l’affiche et celui du générique. Allez comprendre ! (suite…)

Nous ne vieillirons pas ensemble

jeudi, novembre 24th, 2016

1972-nous-ne-vieillirons-pas-ensemble-no-envejeceremos-juntos-fra-01Pincemi et Pincemoi sont dans un bateau…

Ah sûrement j’ai l’air malin, aujourd’hui, de m’être violemment cabré devant les deux premiers films de Pialat que j’ai vraiment regardés, il n’y a pas si longtemps que ça, d’ailleurs (À nos amours puis Loulou) et de m’être pourtant laissé attirer par cette étoile noire du cinéma qui, comme toutes les étoiles noires, fascine et entraîne. Au point que je suis maintenant parti pour découvrir toute l’œuvre du bonhomme. J’ai l’air malin. (suite…)

Les petites du Quai aux fleurs

mardi, novembre 15th, 2016

27501Le jour qui naît, la nuit qui vient…

Ce n’est pas que pour Odette Joyeux (quel paradoxe de porter un nom pareil et de jouer presque toujours les enfants tristes !) que j’ai regardé Les petites du Quai aux fleurs, même si je suis toujours sensible à sa beauté inquiète et à ses yeux graves. C’est aussi pour le titre qui m’avait semblé charmant et pour l’idée de départ, la réunion sous le toit d’une vieille librairie près de la Seine, d’un père un peu extravagant (André Lefaur) et de ses quatre filles, jolies, sages mais qui rêvent toutes au grand amour. Dans l’ordre d’âge présumé Édith (Simone Sylvestre), Indiana (Colette Richard), qui sont censées avoir 20 ans l’une, 18 ans l’autre, puis Rosine (Odette Joyeux), 16 ans et Bérénice (Danièle Delorme), 14. (suite…)

Un Roi sans divertissement

vendredi, novembre 11th, 2016

roi_divertissement

Théâtre du sang

Un Roi sans divertissement, c’est une œuvre originale, assurément. Écrit et dialogué par Jean Giono, il n’est, en fait, ni une illustration, ni une adaptation de sa première Chronique, ce genre qui – en étant un peu sommaire – est le début de la seconde manière de l’écrivain, celle du regard narquois, cruel, grinçant sur les hommes, après l’exaltation lyrique, presque naïve, des romans d’avant-guerre.

(suite…)