Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Cartel

mercredi, avril 6th, 2022

Inéluctable.

Entre autres mérites, Cartel aurait toujours eu celui de mettre à bas les illusions de ceux qui pensent qu’on pourra un jour venir à bout du trafic de drogue autrement qu’en en légalisant totalement l’usage et la vente libre. J’emploie le conditionnel puisqu’il me semble évident qu’aucun gouvernement n’a envisagé – et n’envisagera jamais – cette solution extrême qui serait évidemment l’aveu d’une défaite absolue du Bien contre le Mal. Mais enfin, mon petit doigt me dit que l’absurde prohibition imposée aux vertueux États-Unis entre 1920 et 1933 et levée à bas bruit était une défaite du même genre. (suite…)

Secrets et mensonges

vendredi, avril 1st, 2022

Les aventures des gens de peu.

Elle a de l’allure, de la distinction, elle est paisible et parfaitement insérée dans la société britannique de la fin du siècle dernier. Elle est opticienne, elle vit seule, elle vient de perdre sa mère adoptive. Elle est noire, elle s’appelle Hortense (Marianne Jean-Baptiste) et, presque sur un coup de tête, sans besoin identitaire précis, elle décide de retrouver sa mère biologique, sa génitrice, qui l’a abandonnée à sa naissance. Curiosité plus que besoin : son équilibre personnel n’a pas besoin de davantage. Mais enfin, dans une vie sans doute un peu vide, elle se prend au jeu, elle cherche.

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La loi

samedi, mars 26th, 2022

La chatte sur un toit brûlant.

Merveilleux romancier désinvolte, dandy hédoniste et drogué, Roger Vailland avait été brisé par la révélation des crimes du stalinisme par Nikita Krouchtchev lors du XXème Congrès du Parti communiste soviétique en février 1956. C’est sans doute pour cela qu’il a changé radicalement l’orientation de ses romans, jusqu’alors bâtis sur l’idéologie de la lutte des classes. Avec La loi, qui reçut le Prix Goncourt en 1957, il substituait les rapports féodaux aux rapports sociaux modernes. Et c’est naturellement qu’il situait son intrigue dans une région européenne où l’archaïsme féodal pesait encore. (suite…)

Maigret

vendredi, mars 25th, 2022

La jeune fille et la mort.

En regardant le générique jusqu’à la fin, je me suis aperçu, hier, au cinéma que Maigret était l’adaptation d’un roman intitulé Maigret et la jeune morte. Je n’ai pas lu ce titre-là, ce qui n’a rien d’extraordinaire, parce que, malgré mon immense admiration pour l’œuvre de Georges Simenon je ne possède pas l’intégrale de ce merveilleux polygraphe : plus de 350 romans publiés sous son nom, des centaines d’autres romans et de nouvelles avec l’utilisation de 27 pseudonymes. Le célèbre commissaire de la police judiciaire apparaît d’ailleurs, m’apprend notre amie Wiki, dans 75 romans et 38 nouvelles. (suite…)

The king of Marvin gardens

jeudi, mars 24th, 2022

Confus, verbeux, ennuyeux

J’ignorais, avant de regarder The King of Marvin Gardens et de découvrir Jack Nicholson encore bien jeune que l’acteur avait d’abord été scénariste. Et de la même façon je ne savais pas que c’est dans cette fonction qu’il avait rencontré Bob Rafelson. J’ignorais tout autant qui était ce réalisateur, si ce n’est qu’il avait tourné Cinq pièces faciles dont le titre très euphonique m’avait séduit, mais que je n’ai pas dû aller voir pour autant en 1970. Au vu de The king of Marvin Gardens, je me dis que j’ai eu alors une bonne intuition. (suite…)

Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des plaines)

dimanche, mars 20th, 2022

Prisonnier dans sa tour.

Ils ont bien de la chance, ces cinéastes français qui parviennent à trouver, année après année, des financements publics confortables pour tourner des films parfaitement nombrilistes. Adulé par la critique savante des professionnels de la profession, maintes fois sélectionné dans toutes les compétitions filmiques que lesdits organisent à tire-larigot (aussi bien le Festival de Cannes que les Étoiles d’or, les festivals de Cabourg ou d’Angers, etc.) Arnaud Desplechin occupe un rang de notoriété enviable, un des plus importants parmi les réalisateurs sérieux, qui font les bonnes pages de Télérama et les bons bavardages du Masque et la plume. (suite…)

Notre-Dame brûle

samedi, mars 19th, 2022

La vie est un miracle.

L’émotion ressentie dans le monde entier lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019 a été et demeure exceptionnelle ; elle a marqué chacun. Je ne connais personne qui n’ait été effaré et désolé, sidéré, même, par cet affreux sinistre. Parce que, au delà de l’admiration pour un chef-d’œuvre d’art et d’architecture, au delà de l’épreuve spirituelle que représentait la destruction possible de la cathédrale de la capitale de la France, fille aînée de l’Église, il y avait, ressentie par tous, croyants ou incroyants, Français ou étrangers, la mise en péril d’un des symboles les plus forts, d’un des monuments les plus emblématiques de notre Civilisation. (suite…)

Les enfants nous regardent

vendredi, mars 11th, 2022

L’enfance nue.

Ce qui est le plus réussi du film, c’est évidemment la faculté de Vittorio De Sica de faire considérer une histoire mélodramatique plutôt banale et même larmoyante avec les yeux d’un enfant absolument perdu et désarmé par les jeux cruels et les hypocrisies des adultes. Le petit garçon Pricò (Luciano De Ambrosis) est pendant toute la durée du film ballotté entre ceux qui l’aiment – son père Andrea (Emilio Cigoli) et sa mère Nina (Isa Pola) -, celles qui devraient l’aimer – sa grand-mère (Jone Frigerio), sa tante (Dina Perbellini) -, celui qu’il gêne et embarrasse, Roberto, l’amant de sa mère (Adriano Rimoldi). (suite…)

Nous les gosses

lundi, mars 7th, 2022

Les temps raisonnables.

Je ne crois pas qu’il existe aujourd’hui des films de gosses, des films où soient mis en avant le monde merveilleux de l’enfance ou de la toute première adolescence, celle où l’avenir s’écrit encore en forme d’aventures fabuleuses. Celle où le monde est plein d’incertitudes où le courage, la détermination, la franchise, l’honnêteté, le dévouement, la générosité ne se sont pas encore mis à plier bagage devant la médiocrité des réalités. Qu’est-ce qui me vient à l’esprit, spontanément ? (suite…)

La comtesse

dimanche, mars 6th, 2022

Sado et Maso sont dans un bateau.

Les prurits du féminisme agressif faisaient déjà florès il y a plus de dix ans. Dès alors la mode obstinée voulait mettre en valeur le sort malheureux des femmes vouées moins par l’agressivité ordinaire des hommes que par le regard structurellement méprisant de la Société aux pires gémonies. Car si Erszébeth Bathory se repaît du sang des vierges, c’est moins parce qu’elle croit qu’ainsi elle pourra demeurer jeune que parce qu’elle répondra ainsi au désir – forcément déplaisant, forcément scandaleux – des hommes. Des hommes qui – ô scandale affreux et pitoyable – ont davantage de désir pour la chair fraîche que pour la peau plissée.

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