Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Les tueurs de la lune de miel

mardi, février 16th, 2021

Les amoureux sont seuls au monde.

L’atmosphère du film est tout de suite malsaine et agressive, aigre et violente. Martha Beck (Shirley Stoler), infirmière en chef dans un service d’un grand hôpital surprend deux de ses agents, un homme et une femme qui viennent de se donner du bon temps et, furieuse, elle les congédie. Martha est grasse, boulimique, seule et frustrée. Chez elle il y a sa mère, impotente et idiote (Dortha Duckworth) que garde une amie cancanière, Bunny (Doris Roberts) pendant les absences de l’infirmière. Bunny a fait adresser à Martha, sans lui en parler, le prospectus d’une agence matrimoniale. Elle va, après un peu de réticences, accepter de s’inscrire. Et bientôt elle reçoit les lettres, de plus en plus brûlantes de Raymond Fernandez (Tony Lo Bianco). Tout cela est tourné en caméra portée, avec un montage rapide, des gros plans, des images sales. (suite…)

La meilleure façon de marcher

vendredi, février 12th, 2021

Le secret derrière la porte.

À peine me souvenais-je avoir vu ça jadis, avant de découvrir les deux grands films de Claude Miller, qui sont Garde à vue et Mortelle randonnée. Je sais bien que tout ce qui touche à la courte et inquiétante carrière de Patrick Dewaere est nimbé aujourd’hui d’un sceau d’étrangeté et que certains de ses admirateurs font de la moindre de ses interprétations l‘ultima ratio de la qualité cinématographique. Je ne dis pas, d’ailleurs, qu’ils ont tort : il y avait un tel naturel, une telle aisance dans le jeu du jeune acteur, un tel décalage avec la plupart des comédiens de son époque, une telle faculté d’être identifié, reconnu, admiré que l’on peut tout à fait comprendre la tristesse de ceux qui se sont toujours désespérés de son suicide. (suite…)

Le guérisseur

lundi, février 8th, 2021

Fluide glacial.

Inépuisable veine des récits, films, feuilletons à tonalité médicale. À dire vrai, il est beaucoup plus facile d’intéresser tout le monde au sort physique que chacun connaît qu’à des histoires de spéculation sur les taux usuraires : nous sommes tous, évidemment, à un moment ou un autre confrontés à la maladie et à la mort et nous connaissons tous ses mille et dix mille tracas, soucis ou drames qui ponctuent l’existence et qui finissent par constituer le plus clair des préoccupations des vieillards (dont je suis). Donc immense fertilité du genre au cinéma et large palette des sujets traités ; comme ça, de chic, je lance Le cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois sur l’accouchement sans douleur ou le Journal d’une femme en blanc de Claude Autant-Lara sur la contraception. (suite…)

L’affaire du collier de la Reine

jeudi, février 4th, 2021

Des perles aux pourceaux.

Non, non, la vérité historique est à peu près respectée, semble-t-il (avec toutes les réserves, les ambiguïtés, les failles, les partis-pris que ce terme de vérité peut contenir, dès qu’il s’agit d’Histoire) et, à mes yeux, la distribution est magnifique. Viviane Romance au premier chef, l’aventurière vénéneuse et catastrophique Comtesse de La Motte. Et comment se fait-il que cette actrice magnifique, qui était belle, bourrée de talent, séduisante, tentatrice toujours troublante ait vu sa carrière décapitée, ou presque, au lendemain de la guerre, alors même que son talent demeurait aussi exemplaire : Panique de Julien Duvivier en 1946, L’affaire des poisons d’Henri Decoin en 1955 et, comme un clin d’œil ironique du destin, une apparition fugace, aux côtés de Jean Gabin dans la délicieuse Mélodie en sous-sol d’Henri Verneuil en 1962.

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Les nuits de Cabiria

mardi, février 2nd, 2021

Le bout de la route.

Ma perpétuelle valse-hésitation devant le cinéma de Federico Fellini ; je commence tout de même en avoir regardé un peu (la moitié d’une œuvre finalement assez courte : une vingtaine de films), je ne suis jamais descendu jusqu’aux abysses, je ne suis jamais monté jusqu’au chef-d’œuvre. Ce que j’ai vu de pire, jusqu’à présent, c’est Le cheik blanc et Juliette des esprits ; ce que j’ai vu de mieux, c’est La dolce vita et Et vogue le navire. Et voilà que Les nuits de Cabiria ne vont pas augmenter la moyenne, puisque je les note, précisément, exactement à la moyenne. Et cela surtout grâce au jeu lunaire et lumineux (parallèle amusant) de Giulietta Masina, qui, d’ailleurs, reçut à l’occasion une kyrielle de prix et distinctions. (suite…)

In the cut

dimanche, janvier 31st, 2021

La jeune femme et la mort.

Je ne saurais sûrement pas rationnellement expliquer pourquoi il me semble que In the cut est un film de femme fait pour les femmes et même presque féministe. J’enfoncerais des portes ouvertes en rappelant que la réalisatrice est Jane Campion, que l’actrice principale, l’héroïne est Meg Ryan et que le second rôle (et demi) est tenu par Jennifer Jason Leigh ; je serais un peu davantage hardi en remarquant que la sexualité plutôt brutale de cette héroïne va plutôt dans le sens de celles qui pensent que les hommes ne savent pas bien montrer l’érotisme féminin, la vague déferlante du désir féminin, possiblement survenu après des années de frustration.

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Une ravissante idiote

mercredi, janvier 27th, 2021

La compagnie des lapins bleus.

En 1964, Brigitte Bardot était au sommet d’une gloire planétaire et avait même presque prouvé qu’elle pouvait presque avoir du talent, avec La vérité ou Vie privéeAnthony Perkins connaissait lui aussi un immense succès, après PsychoseAimez-vous BrahmsLe procès. Et le réalisateur Édouard Molinaro commençait doucement à se faire un nom. Il y avait aussi, disponibles sur le marché, de grands talents de second rang, André LuguetGrégoire AslanJacques MonodHans Verner ; et, charmantes chacune dans leur genre, Hélène Dieudonné du côté vieille dame, Denise Provence, du côté quadragénaire sexy.

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Une femme de ménage

mardi, janvier 26th, 2021

Comme d’habitude, un Berri sans intérêt

Parce que l’on insinue, à la fin du film, une teinte douce-amère (et plus amère que douce), on croit qu’on est un cinéaste audacieux, qu’on se hausse au niveau de Claude Sautet, dans Vincent, François, Paul… et les autres ou des grands artistes de la comédie italienne. On n’est qu’un pauvre petit Claude Berri, tâcheron qui se voulait talentueux et qui n’était pas capable d’autre chose que de produire quelques films, ce qui n’est déjà pas mal, au demeurant. Allez, j’avoue que j’exagère un petit peu : Le vieil homme et l’enfant tenait un peu la route, grâce à Michel Simon et sa version de Germinal, grâce à Émile Zola ; l’abominable adaptation qu’il a faite de Manon des sources ridiculise assez ce pauvre Berri. (suite…)

Les forbans de la nuit

dimanche, janvier 24th, 2021

Patatras !

Voilà un film tellement bien réalisé, tellement bien photographié, tellement bien rythmé qu’on passerait presque absolument sur les imperfections de son intrigue, ses invraisemblances et son caractère bizarre. On se dit aussi que si Richard Widmark trouve là le rôle de sa vie et se montre en tous points parfait, Gene Tierney n’y apparaît que trop rarement et trop brièvement et que c’est bien ballot, pour un réalisateur, de se priver de la beauté à peu près parfaite d’une pareille actrice. Et puis la musique m’a paru à la fois emphatique et stridente.

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Manina, la fille sans voile

vendredi, janvier 22nd, 2021

Petit lapin deviendra grand.

Le film de Willy Rozier est d’une parfaite nullité, mais il n’est pas désagréable à regarder et, pour qui s’intéresse à l’histoire du cinéma, il ne manque pas de qualités informatives. Au fait, Willy Rozier, qui est-ce ? Un de ces stakhanovistes qui vous troussaient un bon petit spectacle d’une heure et demie en quelques semaines et pour guère de sous, un petit truc qui passait dans les salles pendant quelques jours et qui bon an, mal an, permettait au producteur de rentrer dans ses frais, aux acteurs d’être convenablement rémunérés et aux spectateurs de passer une soirée bon enfant avant de rentrer dans son appartement exigu, mal chauffé et aux toilettes sur le palier. (suite…)