Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Olivia

jeudi, avril 16th, 2020

Chaste Gomorrhe !

Je ne dis pas qu’il était facile et fluide de représenter en 1950 un pensionnat de jeunes filles du siècle précédent où l’homosexualité est à la fois informulée, diffuse et omniprésente. D’autres films, qui avaient montré une jeune fille passionnément amoureuse d’un de ses professeurs, comme Mädchen in Uniform de Leontine Sagan en 1931, ou un climat général un peu ambigu de touffeur sensuelle comme Au royaume des cieux de Julien Duvivier en 1949 étaient infiniment moins explicites. Dans le film de Jacqueline Audry la liaison tumultueuse entre les deux directrices de l’établissement, Julie (Edwige Feuillère) et Cara (Simone Simon) est connue et admise par tout le monde, mais personne ne fait mine de remarquer sa dimension charnelle. (suite…)

Ninotchka

jeudi, avril 16th, 2020

Ah Paris ! Toujours l’amour !

Sur la vaste étendue, la grande mappemonde du cinéma, il y a beaucoup de continents que j’ignore et beaucoup d’archipels où je ne m’égarerai jamais. Mais il y a des contrées qui devraient m’être proches et où je n’ai pas mis le nez. Il y a presque soixante-dix ans que j’ingurgite des films (j’ai commencé très très tôt) et pourtant Ninotchka n’est que la deuxième œuvre d’Ernst Lubitsch que je regarde et c’est là que je découvre la mythique Greta Garbo dont j’ai eu les oreilles rebattues pendant ma jeunesse (Ah ! Si vous aviez connu Greta Garbo !). (suite…)

Tropical malady

mardi, avril 14th, 2020

Plaisirs campagnards.

Il y a des moments où je me dis qu’un large exotisme ferait du bien à ma triste mentalité de Parisien confiné, par ailleurs peu amateur de voyages et moins encore de nouveaux horizons. Soyons fou ! me suis-je dit en entreprenant de regarder le film d’un réalisateur thaïlandais qui porte le nom à coucher dehors de Apichatpong Weerasethakul et qui – je l’ai découvert un peu plus tard – est allé jusqu’à remporter la Palme d’Or lors du festival de Cannes de 2010 avec un film orgueilleusement intitulé Oncle Boonmee (celui qui se souvient des vies antérieures) qui, me semble-t-il n’a laissé absolument aucune trace dans les esprits (sauf sans doute à Télérama et aux Inrockuptibles évidemment). (suite…)

Un dimanche à la campagne

mardi, avril 14th, 2020

« Le vase où meurt cette verveine… »

Voilà un joli film modeste, sans péripéties, un peu triste. Un film qu’on pourrait dire aussi fané, comme peut l’être un bouquet de roses encore belles, un film de tonalité mineure, au sens musical du terme. Paisible, bien élevé, sage, finalement. Un film qui porte très bien son titre, Un dimanche à la campagne, avec ce que ces quelques mots simples peuvent éveiller des souvenirs en nous : la gentille routine des repas de famille, les chatoiements du temps qui passe, les heures passées à l’ombre des tonnelles, les éclats de soleil et la fraîcheur de l’ombre. Et sans doute aussi, sûrement, un petit morceau d’ennui avec, à la montée du soir, le regret d’avoir laissé passer ce nouveau dimanche, qui est un de plus pour les jeunes, un de moins pour les vieillards. (suite…)

Versailles, la visite

mardi, avril 14th, 2020

À la merveille.

Le plus beau palais qu’on ait jamais vu sous le ciel, montré par Gérard Corbiau, d’une façon subtile et intelligente ; l’extraordinaire splendeur des lieux, bâtiments, escaliers, salons, bosquets, jardins présentée par un réalisateur qui ne se contente pas de donner au spectateur de belles images, des soleils qui se couchent sur les grands miroirs d’eau et les façades arrogantes, des gros plans sur la merveilleuse élégance des modillons, des revêtements, des galeries, des tableaux, des plafonds peints, des glaces, des meubles, des horloges, des porcelaines, des bibelots. Cette sublime attention aux plus obscurs des détails, à ce que l’on voit et qui éclate, mais aussi à ce qui paraît dissimulé mais que l’artisan qui l’a réalisé tient à honneur de réaliser dans une forme de perfection. (suite…)

Inheritance

dimanche, avril 12th, 2020

Logique de la catastrophe.

Deuxième volet de la trilogie consacrée par le cinéaste danois Per Fly aux classes sociales. Après The bench (Le banc) qui traite de ce qu’on appelle aujourd’hui les travailleurs pauvres (c’est-à-dire ce que le capitalisme mondialisé a rejeté dans les marges), voici Inheritance (L’héritage) qui se passe dans les classes bourgeoises supérieures mais qui, somme toute, dénonce d’une façon similaire les mêmes ravages. Car finalement, voilà que l’entreprise sidérurgiste familiale Borch-Moll, à taille à peu près humaine, paternaliste (c’est-à-dire soucieuse de l’individualité de chacun de ses membres) est contrainte d’entrer dans le cycle infernal habituel : réduction sauvage des effectifs puis processus de fusion-acquisition avec une entreprise étrangère qui n’aura pas les mêmes soucis éthiques de la dignité des travailleurs. (suite…)

La Bible

samedi, avril 11th, 2020

La plus belle histoire jamais contée.

La fin de la carrière de Marcel Carné n’est pas un chemin de lys et de roses. Les esprits hâtifs concluront que c’est grâce à la présence à ses côtés de Jacques Prévert qu’il a pu tourner ses grands films, de Drôle de drame aux Portes de la nuit (en faisant mine d’oublier, d’ailleurs, qu’Hôtel du Nord ne doit rien à Prévert). Mais alors que dire de La Marie du portThérèse RaquinL’air de Paris et même de Du mouron pour les petits oiseaux, eux aussi tournés sans le concours de l’auteur de Paroles ? Cela étant on sent tout de même un essoufflement et, malgré de grands succès publics (Les Tricheurs), on sent que la route commence à descendre. (suite…)

Le faiseur de pluie

jeudi, avril 9th, 2020

Tout finit comme il faut.

Le film est adapté d’une pièce de théâtre à succès d’un nommé N Richard Nash, dont je vois par ailleurs qu’il a collaboré au scénario d’Hélène de Troie de Robert Wise, ce qui ne me semble pas suffisant pour lui assurer une notoriété similaire à celle de notre vieux camarade Homère. Et comme la presque totalité des films directement transposés de la scène à l’écran, ça se sent dès les premières images : une certaine raideur du récit, les entrées et sorties des protagonistes qui interviennent avec une régularité d’horloge, les tête-à-tête qui permettent aux personnages de présenter leur discours et je ne sais quelle atmosphère totalement artificielle qui fait qu’on ne peut pas marcher, fût-ce avec de la bonne volonté et de la sympathie pour les acteurs. (suite…)

Volver

mercredi, avril 8th, 2020

Femmes sans hommes.

J’ai ouï dire, il me semble (mais je n’en suis pas certain) que Pedro Almodovar est homosexuel, ce qui n’est pas un choix (ou, comme on dit aujourd’hui une orientation) mais une donnée de nature. Et François Ozon est également homo, sans conteste. Qu’est-ce que vous allez chercher là, qu’est-ce que ça vient faire ici, vil réactionnaire ? êtes-vous dès lors à deux doigts de me dire en retroussant vos babines sur vos canines aiguisées prêtes à me déchirer sur l’autel immarcescible du droit à la différence et du politiquement correct(suite…)

Rocco et ses frères

mardi, avril 7th, 2020

Tagliatelles et risottos

Comment se fait-il que ce mélodrame larmoyant, plutôt bien interprété et bien filmé, mais interminable (192 minutes !!!) et incohérent ait remporté un tel succès critique ? Sans doute, comme Luchino Visconti est une des vaches sacrées du 7ème Art, à l’instar d’Alfred Hitchcock et d’Ingmar Bergman, ne peut-on élever le moindre doute sur la qualité intrinsèque de Rocco et ses frères. Il y avait pourtant un sujet magnifique et passionnant à exploiter au détriment du pitoyable récit de sentimentalisme bébête et de grosses ficelles romanesques : brebis galeuse saccageant l’harmonie d’une famille, présence d’une gourgandine au rôle fatidique et destructeur, bien qu’elle soit par ailleurs assez bonne fille…

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