Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

En liberté !

samedi, décembre 28th, 2019

J’ai beau écarquiller les yeux…

Jubilatoire ! dit l’un (Grazia) ; La comédie de l’année assène un autre (Le Figaro) ; Rires en cascade profère un troisième (Télérama) ; Fait rire et très fort proclame un quatrième (Le Monde). Comment résister à ça, d’autant que l’ami qui m’a prêté le DVD, aussi cinéphage que moi et bien davantage cinéphile, avait ajouté à ces dithyrambes qu’il n’avait pas ri autant depuis des lustres. Donc, même si j’avais naguère été accablé par Les apprentis du même réalisateur, Pierre Salvadori, je me préparais à passer un bon moment festif, ce qui correspond parfaitement bien à la période qui relie Noël au Jour de l’An. (suite…)

Tout sur ma mère

jeudi, décembre 26th, 2019

« Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille… »

De la même façon qu’en matière de football on ne change pas une équipe qui gagne, il n’y a aucune raison de ne pas utiliser une citation opportune sous le médiocre prétexte qu’on l’a semée plusieurs fois, notamment en évoquant les films de Luis Bunuel. Cette citation est attribuée à Charles Quint qui avait quelque pertinence à la formuler : « Les Allemands ont l’air sage et sont fous ; les Français ont l’air fou et sont sages. Les Espagnols ont l’air fou et sont fous« . (suite…)

Circonstances atténuantes

lundi, décembre 16th, 2019

Pas folle, la guêpe !

On a souvent tendance à placer en parallèle Circonstances atténuantes et Fric-frac. Bien sûr les films sont sortis sur les écrans à peu près en même temps en 1939, le second le 15 juin, le premier le 26 juillet (on voit par là qu’on ne se faisait pas trop de soucis lors de cette année pourtant fatidique : Amusez-vous, foutez-vous d’tout, comme le chantait Albert Préjean). Les deux films braquent leurs caméras sur de braves gens un peu guindés qui, échouant au milieu de bandes de mauvais garçons, y feront découverte d’un monde dont ils n’imaginaient pas même l’existence. Et puis l’un et l’autre ont pour têtes d’affiche deux immenses acteurs, Arletty et Michel Simon. (suite…)

La rivière d’argent

samedi, décembre 14th, 2019

Le requin californien.

C’est l’histoire de la grandeur et de la décadence (jusqu’à un improbable et bébête happy end) d’un aventurier californien de la fin de l’avant-dernier siècle. C’est-à-dire un récit vu vingt fois sur les écrans de tous les cinémas du monde ; et il y a aussi la paranoïa, la mégalomanie, le dépouillement de tous les scrupules qui surviennent chez ceux qui sont grisés par le veau d’or, voulu toujours un peu plus imposant et un peu plus doré. Comme dans Citizen Kane, si l’on veut ; mais c’est beaucoup moins bien. En d’autres termes, le spectateur qui a un peu de bouteille et des références anticipe à chaque fois les deux ou trois séquences qui vont suivre. Ce n’est pas un obstacle dirimant, mais ça ne laisse pas beaucoup de place à l’émerveillement. (suite…)

La femme du dimanche

vendredi, décembre 13th, 2019

Les secrets du clair de lune.

Et voilà que je me suis cru quelquefois dans un giallo, filles dénudées et sang à la une en moins et non pas chez le grand Luigi Comencini ! Que s’est-il passé ? Sans doute exigences alimentaires et pesanteurs des productions internationales, peut-être désir du réalisateur de tourner quelque chose qui n’était pas dans sa manière, quelque chose d’innovant et possiblement même pari plutôt nigaud de réussir l’adaptation d’un roman de Carlo Fruttero et Franco Lucentini écrite par le premier nommé et par Agenore Incrocci, c’est-à-dire par le mariage de l’eau et du feu.

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Le vampire a soif

dimanche, décembre 8th, 2019

Papillon d’amour.

Sans le porter aux nues (assez loin de ça) je ne me suis pas ennuyé en regardant Le vampire a soif, nourri de pelouses anglaises bien taillées et de personnages – maîtres et serviteurs – extrêmement bien élevés (ce qui est merveilleusement reposant, dans les temps barbares que nous vivons). Cela dit, il est nécessaire de prendre garde au titre racoleur et d’imaginer qu’interviendront dans le cours du film les démoniaques buveurs de sang maudits dont tous les amateurs sont férus. Il y a une certaine originalité, qui mixe plusieurs mythes ou orientations, qui est un peu traitée par dessous la jambe mais qui a le mérite de renouveler un tout petit peu le discours obligé. (suite…)

Le mort en fuite

vendredi, décembre 6th, 2019

Joyeux fantômes de la scène…

Si en 1936 nous avions été, par une sorte de grâce temporelle, aux temps heureux et pénétrants de la comédie à l’italienne, nous aurions pu avoir, avec Le mort en fuite un film exemplaire et presque fondateur. Un film qui s’engage avec bonhomie dans les sentiers de la comédie (une comédie un peu grasse, même) et qui graduellement se met à grincer pour s’achever en drame, en drame cruel tant qu’on y est. Mais ne rêvons pas et n’imaginons pas qu’André Berthomieu pouvait préfigurer Dino Risi, ni que la société française endormie de la veille de la Guerre pouvait détenir la même capacité de sarcasme que l’Italie du miracle.. (suite…)

Mission

jeudi, décembre 5th, 2019

Carrefour des enfants perdus.

En découvrant Mission cette après-midi et en admirant la belle réalisation de Roland Joffé, emplie d’images somptueuses, accompagnée de la forte musique d’Ennio Morricone, interprétée par de puissants acteurs et évoquant des questions de haut niveau, je m’interrogeais toutefois. Ce n’est pas pour gonfler excessivement mon jabot (qui n’en n’a pas vraiment besoin), mais enfin je me demandais comment le spectateur lambda a reçu le film. Parce que si Mission n’est regardé que comme une suite d’illustrations exotiques à son début, puis, à sa fin, comme un massacre pathétique et scandaleux, on perd tout de même beaucoup de substance. En forçant le trait on pourrait presque dire qu’il s’agit de Tintin chez les Picaros en version cruelle et adulte. (suite…)

Recherche Susan désespérément

mercredi, décembre 4th, 2019

Vilaines filles, mauvais garçons…

Voilà un film assez rigolo à voir qui ne me laissera pas la moindre trace après que je l’aurai vu, c’est-à-dire dès demain. Sauf peut-être et sans doute par la présence de Madonna, que je ne connaissais jusqu’alors – au moins par on dit – que pour sa propension à se débarrasser, lors des concerts à quoi assistait un Président de la République qui se prétendait gaulliste (ah ah ah !) de ses petites culottes. Il faut en tout cas reconnaître que la donzelle détient ce qui n’est pas donné à tout le monde : une odor di femina qui n’est pas qu’olfactive mais qui rejaillit avec une grande aisance sur les écrans. (suite…)

Les sentiers de la perdition

dimanche, décembre 1st, 2019

Mazurka sanglante.

Ma foi, aux vertueux et ripolinés États-Unis, on pourrait dire que tout est mal qui finit bien, puisque ces Sentiers de la perdition qui auraient dû conduire le jeune Michael Sullivan (Tyler Hoechlin) à s’installer dans la commode carrière de tueur à gages à quoi tout le prédisposait le conduisent finalement à rejeter avec horreur ces oripeaux et à effectuer un retour à la terre. À quoi tout le prédisposait, ai-je bien écrit, parce qu’il y a, dans l’Illinois des années 30, du fait de la stupide vertueuse prohibition, une sorte de climat d’évidence qui aurait dû installer le gamin dans les pas de son père. (suite…)