Une aussi longue absence.
Je me souviens encore très précisément de l’atmosphère qui régnait, dans une chaude nuit de l’été 1963, à la sortie du cinéma Casino de Digne, ma ville natale, où je passais rituellement mes vacances d’été. Nous devions bien être une dizaine de camarades, filles et garçons mêlés, et nous avions 16 ou 17 ans. Il me semble que nous n’étions pas très nombreux à avoir vu déjà La dolce vita – sans y comprendre grand chose – et je devais être le seul à connaître Les tentations du docteur Antonio du film à sketches Boccace 70, que j’avais pris comme une vaste rigolade. Mais, pour les jeunes péteux que nous étions, soucieux d’intellectualisme, le nom de Federico Fellini était comme une sorte de vache sacrée, quelque chose à quoi il n’est pas concevable de s’opposer.
Love story.
L’art et la manière.
Notre riant avenir.
Au fond de la piscine, on peut encore creuser…
J’ai beau écarquiller les yeux…
« Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille… »
Pas folle, la guêpe !
C’est l’histoire de la grandeur et de la décadence (jusqu’à un improbable et bébête happy end) d’un aventurier californien de la fin de l’avant-dernier siècle. C’est-à-dire un récit vu vingt fois sur les écrans de tous les cinémas du monde ; et il y a aussi la paranoïa, la mégalomanie, le dépouillement de tous les scrupules qui surviennent chez ceux qui sont grisés par le veau d’or, voulu toujours un peu plus imposant et un peu plus doré. Comme dans
Les secrets du clair de lune.