Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Quand la femme s’en mêle

lundi, novembre 4th, 2019

Petit précis de catastrophes.

Au simple vu du titre, Quand la femme s’en mêle, j’imaginais que le film faisait partie de la veine bien française et légèrement misogyne qui a donné les œuvrettes illustrées par Raoul André, du type Les pépées font la loi ou Clara et les méchants. Des films où avec une finesse pachydermique, on démontre au bout d’une intrigue à vague prétexte policier, que les représentantes de la plus charmante partie de l’Humanité, apparemment causes de catastrophes, sont en fait beaucoup plus subtiles, beaucoup plus malignes, beaucoup plus astucieuses et tout aussi courageuses que l’autre partie. (suite…)

Arachnophobie

vendredi, novembre 1st, 2019

« Et ma blême araignée, ogre illogique et las… »

Que les spectateurs impatients et pressés se rassurent : une fois les sept ou huit premières minutes d’Arachnophobie regardées, ils peuvent passer à autre chose et, comme on le disait naguère à la télévision, reprendre leurs activités habituelles. Les premières minutes, en effet, présentent un des plus spectaculaires sites de notre Terre, qui en compte pourtant beaucoup : le Salto angel au Vénézuela, la plus haute chute d’eau du monde (979 mètres), située en rupture d’un plateau stupéfiant. C’est encore plus extraordinaire que le début d’Aguirre de Werner Herzog et de la descente des pauvres gens vers la vallée. (suite…)

La chambre des officiers

mardi, octobre 29th, 2019

Après la vie.

Du plus grand conflit de notre Histoire, de celui qui a laissé des cicatrices encore purulentes, un siècle après son achèvement, on ne parle plus tant que ça, finalement. De leur brève existence, les Étasuniens ont tiré des dizaines et des dizaines de beaux et grands films, sur la Guerre de Sécession ou sur l’extermination des Peaux-Rouges. Et nous bien peu, alors qu’il y aurait tant et tant à décrire… Qui se récriera et me citera une bonne centaine d’œuvres inspirées par le conflit majeur du siècle n’aura pas tort ; mais qu’est-ce que c’est que cette nomenclature au regard de celle consacrée à la Deuxième guerre, infiniment moins importante pour notre identité et notre être profond ? (suite…)

Les Misérables 1934

lundi, octobre 28th, 2019

Caramba ! Encore raté !

On me disait depuis toujours tellement monts et merveilles de cette version du plus grand mélodrame populaire français, de ce roman que tout le monde croit connaître et aimer que je me faisais un bonheur de la découvrir enfin. On me la présentait dense, longue, fidèle autant qu’il est possible au riche terreau, trop riche terreau, hugolien, on me disait que les près de quatre heures et demie de spectacle, divisées souplement en trois films (Une tempête sous un crâneLes ThénardierLiberté, liberté chérie) permettaient de mettre en scène les ramifications et les évolutions d’une œuvre qui s’étend sur une large vingtaine d’années (et sur 1486 pages en Pléiade). On me disait aussi que la distribution du film était exceptionnelle et que le rassemblement de grands noms et de grand talent, Harry Baur en Valjean, Charles Vanel en Javert, Charles Dullin et Marguerite Moreno en Thénardier était gage de merveilles. (suite…)

La liste de Schindler

mercredi, octobre 23rd, 2019

Les bourreaux sont derrière la porte.

Ce qui me paraît le plus sommaire dans ce film beaucoup trop long, mais très bien fichu, c’est tout de même l’absence de toute réflexion sur la seule vraie question primale, essentielle, terrifiante, cette question qui nous renvoie à une sorte d’animalité première, à la honte de notre animalité : comment des tas de gens qui n’étaient pas plus mauvais que beaucoup ont été capables de faire ça ? À ce moment là il faut mettre de côté tous les anathèmes contre les cingleries hitlériennes. Quand j’écris mettre de côté, ça veut simplement dire que ça ne me paraît pas suffisant et, d’une certaine façon, trop facile. L’histoire des génocides est variée et abominable : les soldats républicains de Hoche ou de Kléber qui éventraient les femmes de Vendée pour arracher à leurs ventres les fœtus à peine formés, les Turcs qui clouaient aux pieds des Arméniens des semelles de bois, les Khmers rouges qui crevaient les yeux des binoclards jugés par cela même des intellectuels, les Rwandais fanatisés qui allaient assassiner leurs propres parents… (suite…)

Restons groupés !

mercredi, octobre 23rd, 2019

Les voyageurs imprudents.

C’est vraiment un petit film sympathique, qui se laisse toujours regarder sans désagrément à la troisième ou quatrième vision paresseuse sur une chaîne de télévision secondaire. Un film qui, malgré plusieurs concessions à l’esprit du temps et au goût de l’époque n’est pas si mal fichu que ça, comporte bon nombre de scènes amusantes et met en scène des situations sans doute outrées mais plutôt habilement présentées. (suite…)

Les hommes préfèrent les grosses

dimanche, octobre 20th, 2019

Vive la liberté !

Les hommes préfèrent les grosses a été réalisé par Jean-Marie Poiré en 1981, il y a donc presque trente ans. Une génération. En revoyant hier cette excellente comédie pour la sept ou huitième fois, en y prenant toujours autant de plaisir, je me disais que nous avions alors bien de la chance ! Est-ce que l’on imagine, dans ce glacial et glaçant début de 21ème siècle qu’il serait possible de tourner un film doté d’un titre pareil, sans se faire traiter d’un de ces nouveaux mots incantatoires qui ont pour effet de vous dénier droit à la parole ; tout ces mots en -phobe qui vous disqualifient. (suite…)

Watchmen – Les gardiens

vendredi, octobre 18th, 2019

À mille encablures…

Il faut bien que je me rende à l’évidence, que je m’y résigne, que je tire des conclusions presque définitives. Quoi que je fasse et quel que soit l’avenir, je suis arrivé à un moment de mon existence où je ne suis plus capable de comprendre certaines évolutions du monde et de ce que je ne suis pas certain de pouvoir encore appeler cinéma. Et ceci – qui me glace -, alors que je constate que Watchmen – Les gardiens est un film qui a été tourné en 2009, il y a dix ans, époque où mes neurones étaient moins flagada qu’aujourd’hui. Le Temps est une donnée à peu près toujours aussi impitoyable. (suite…)

Brûle, sorcière, brûle!

mercredi, octobre 16th, 2019

Ma femme est une sorcière !

Le titre magnifique, angoissant, haletant du film mythique du peu notoire Sidney Hayers n’exprime pas tout à fait le type d’angoisse qu’il décrit. Brûle, sorcière, brûle ! me faisait songer, la première fois que j’en ai entendu parler aux troubles folies satanistes du 18ème siècle des Sorcières de Salem ou de tous les récits qui mettent en jeu les forces du Mal de façon un peu gothique et tonitruante. Et voilà qu’en fait le film pourrait tout autant se rattacher à des domaines du Mal assez bonshommes, presque confortables, s’insèrent dans les réalités que nous connaissons : voilà qui va de Rendez-vous avec la peur à Rosemary’s baby en passant par L’œil du Malin. (suite…)

Paris 1900

lundi, octobre 14th, 2019

C’était il y a mille ans.

J’ai toujours entendu présenter Paris 1900, film de montage de Nicole Vedrès comme la plus belle illustration au cinéma de ce que furent les quatorze premières années du siècle, similaire dans le domaine de la littérature à Comment j’ai vu 1900 de la Comtesse Jean de Pange ou 1900 de Paul Morand. Une sorte de bijou qui a conté ce qu’on a appelé La belle époque, qui l’est devenue tant et tant à la suite des sidérations d’horreur qu’ont été les deux guerres mondiales, celles qui ont fait exploser le monde stable, fier de lui-même, conscient de son opulence et croyant en sa stabilité, en son immuabilité, même. Expression presque incantatoire qui a figé une période bien plus compliquée qu’il n’apparaît. (suite…)