Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

2012

vendredi, octobre 11th, 2019

Tout doit disparaître !

Dût la chose étonner de la part d’un individu aussi grognon et réactionnaire que moi, je n’ai pas trouvé désagréable ce film de catastrophe et de survie, bâti sur un schéma archi-classique, mais tout de même serti de quelques originalités. Bien sûr le politiquement correct dégouline à plein régime : le président des États-Unis Thomas Wilson (Danny Glover) est noir et se sacrifie courageusement ; le Président de la République française (qu’on aperçoit fugitivement) est une femme et les deux méchants sont des Blancs ventripotents et sans scrupules, l’Étasunien Carl Anheuser (Oliver Platt) et l’oligarque russe Yuri Karpov (Zlatko Buric). La figure la plus pure, le scientifique Adrian Helmsley (Chiwetei Ejiofor) est également noire et fricotera, à la toute fin avec Laura Wilson (Thandie Newton) la fille du valeureux Président qui s’est – métaphoriquement parlant – englouti avec le navire des quelques milliards de Terriens qui ont disparu. (suite…)

Un condamné à mort s’est échappé

mercredi, octobre 9th, 2019

Un voyageur solitaire est un diable.

Je ne suis pas tout à fait certain (et même pas certain du tout) qu’Un condamné à mort s’est échappé va me réconcilier avec le cinéma de Robert Bresson, réalisateur révéré et respecté à peu près au rang de l’ennui rigoureux qu’on ressent en voyant ses œuvres. C’est à peu près comme les pièces de théâtre qui sont interprétées sur les scènes nationales, c’est-à-dire les salles subventionnées par l’État : généralement on s’y enquiquine tellement qu’on n’ose qu’à peine le dire, de façon à demeurer dans le trip du groupe d’amis (du groupe de relations, plutôt, l’amitié, c’est autre chose) qui vous a trimballé aux Amandiers, à Nanterre ou à la Colline, du côté du cimetière du Père La Chaise. (suite…)

Patti Smith, dream of live

vendredi, octobre 4th, 2019

Nauséabond et vomitoire.

Remarquez, je l’ai bien cherché ! Je traîne, je trouve, je prends un DVD sur une étagère ; le nom de Patti Smith me dit vaguement quelque chose, mais si je me doute bien que ce n’est pas une soprano wagnérienne, j’hésite entre une chanteuse engagée de type Joan Baez et une lumineuse diva soul de type Diana Ross. Je me sais assez béotien en matière de musique, mais, bon bougre que je puis être je n’ai rien contre, un soir tranquille et vaticinant, découvrir une voix, des harmonies, des atmosphères inhabituelles. Roule, ma poule !, me dis-je, presque étonné de mon audace en glissant le DVD dans mon lecteur. (suite…)

L’homme léopard

jeudi, octobre 3rd, 2019

La nuit ne suffit pas.

Comme Jacques Tourneur n’a jamais bénéficié dans sa carrière hollywoodienne de la confiance absolue des financiers, il lui a fallu compenser la relative modestie des moyens qui lui étaient alloués par de l’inventivité. Et, ma foi, l’utilisation d’artifices et de bouts de ficelle ne donne pas toujours de mauvais résultats puisqu’elle permet à l’esprit de divaguer et de substituer à la crudité de l’image brute des atmosphères souvent bien plus inquiétantes. Tourneur a excellé dans cette technique de l’allusif et du suggéré. C’est en tout cas avec ce procédé qu’il a tourné sa trilogie de la peur : La félineVaudou et L’homme léopard. (suite…)

Une méthode dangereuse

samedi, septembre 28th, 2019

Là où il y a d’la gêne…

Je gage qu’il faut être non seulement bien plus frotté que moi des théories de la psychanalyse, mais aussi s’intéresser avec une certaine constance à ces coquecigrues pour ne pas s’ennuyer profondément au récit très didactique mis en scène par David Cronenberg. Un récit adapté d’une pièce de théâtre elle-même issue d’un roman ; tout cela, au demeurant, paraît assez fidèle aux relations singulières, ambiguës puis exécrables qui ont existé entre Sigmund Freud (ici Viggo Mortensen) et Carl Jung (Michael Fassbender), autour de la singulière Sabina Spielrein (ici Keira Knightley). (suite…)

L’argent des autres

mercredi, septembre 25th, 2019

Passez muscade !

Des films qui dénoncent les magouilles et les scandales des multinationales, des grandes banques, des chevaliers d’industrie, il y en a une bonne quantité. Disons, dans le désordre, Mort d’un pourri de Georges Lautner en 1977, La banquière de Francis GirodLe sucre de Jacques Rouffio, l’un et l’autre en 1978, Mille milliards de dollars d’Henri Verneuil en 1980, Une étrange affaire de Pierre Granier-Deferre en 1981. Remarquez bien que ces dénonciations, pertinentes et bienvenues n’ont jamais rien changé à la marche du monde et surtout à celle du monde des affaires. Mais enfin, cela permet aux cinéastes de prendre la pose et de se définir comme de valeureux combattants de la Vertu (V majuscule, évidemment). (suite…)

Angèle

mercredi, septembre 25th, 2019

Le trésor des filles perdues.

Le frère aîné de Marcel Pagnol, Maurice, est mort alors qu’il avait à peine plus de trois mois, en août 1894. La chose n’était pas rare ; ce qui l’était davantage, c’est qu’il n’était né que quatre mois après le mariage de ses parents, Joseph et Augustine, si bien incarnés dans La gloire de mon père et Le château de ma mère par Philippe Caubère et Nathalie Roussel. Il ne faut pas être grand clerc pour concevoir que cette singularité, si exceptionnelle jadis, si banale aujourd’hui, a pu marquer son œuvre. La Trilogie (MariusFannyCésar), évidemment, qui est entièrement orientée vers cet enfant né d’une nuit malencontreuse et qui pèsera tant sur le destin de toute une famille. Mais aussi La fille du puisatier. Et, naturellement Angèle. Et l’histoire de la fille perdue, ou en passe de l’être est aussi présente dans Regain et dans Naïs. (suite…)

Mais où est donc passée la 7ème compagnie ?

jeudi, septembre 19th, 2019

Le désastre est aussi sur l’écran.

Si extraordinaire que ça puisse (me) paraître, je n’avais jamais vu la moindre bribe de ce que certains ont appelé la saga de la 7ème Compagnie. Je ne m’explique pas très bien pourquoi, d’ailleurs. Certes, en août 1973, malgré des tentatives désespérées d’y échapper, j’entamais à 26 ans déjà, cette horrible plaisanterie dégradante qu’était le service militaire (aberration instituée par la Révolution française, qui n’en était pas à une canaillerie mortifère près). Et cette incorporation ne devait pas me prédisposer beaucoup à regarder des histoires de soldats. Mais tout de même… J’aimais beaucoup Robert Lamoureux, aux sketches acides, à la silhouette dégingandée, si bien employée par le cinéma pour Les aventures d’Arsène Lupin et pour le délicieux Papa, Maman, la bonne et moi et sa suite. Et l’idée d’un film sur des soldats perdus dans la débâcle de mai 1940 ne me déplaisait pas, d’autant qu’il présentait le Français débrouillard tenant la dragée haute au Boche envahisseur. (suite…)

Clara et les chics types

mercredi, septembre 18th, 2019

Trop gentil pour être honnête.

Voilà un bien drôle de film, qui n’a pas beaucoup d’importance dans l’histoire du cinéma français (ni même dans l’histoire de la décennie où il a été tourné), un film souvent un peu minable, médiocre, puéril et qui a pourtant aussi, quelquefois, un certain charme, des situations cocasses, des réparties bien envoyées, des moments qui ne manquent pas d’allant. Il est vrai que le scénario et les dialogues émanent du délicieux Jean-Loup Dabadie dont on peinerait à citer toutes les merveilles conçues pour Claude Sautet (Les choses de la vieCésar et RosalieVincent, François, Paul… et les autres), pour Yves Robert (Un éléphant, ça trompe énormémentNous irons tous au paradis) et pour bien d’autres. Un auteur de sketches, de chansons, un romancier, un écrivain de salut public, pourrait-on dire. (suite…)

Twin peaks : le retour

lundi, septembre 16th, 2019

Le monde est ton aventure.

La seule question qui me paraisse se poser est de savoir s’il est opportun alors qu’on a déjà réalisé une manière de chef-d’œuvre – la première série de Twin Peaks, évidemment -, de se lancer le défi de poursuivre. Et de poursuivre 25 ans plus tard. Il va de soi que j’écarte, pour qui me mettrait ça dans le nez, les hideux Bronzés 3 parce que les deux premiers films, si agréables qu’ils sont, n’atteignent tout de même pas les sommets de la création artistique et qu’on doit aller chercher plus substantiel. Alors quoi ? Je ne vois pas grand chose au cinéma. En littérature, deux idées me viennent en tête : la trilogie des Mousquetaires d’Alexandre Dumas ; le premier opusLes trois mousquetaires, suivis de Vingt ans après (comme son nom l’indique) puis du Vicomte de Bragelonne (qui se situe dix ans après le deuxième volume). Mais les trois œuvres ont été écrites très rapidement : 1844, 1845 1848. Voyons dans un tout autre recoin : l’histoire de Solal, contée par Albert Cohen : ah tiens ! : Solal en 1930, Mangeclous en 1938, Belle du Seigneur en 1968. Mais là, il y a une unité de personnage. (suite…)