Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Dialogue des Carmélites

jeudi, janvier 17th, 2019

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Marche au supplice

D’une vision télévisée très ancienne, je ne conservais guère que le souvenir des dernières séquences, qui sont absolument bouleversantes, sauf à être de ceux qui ricanent devant le sacré et le vrai pathétique et qui relatent le martyre des seize Carmélites de Compiègne, guillotinées le 17 juillet 1794, seulement onze jours avant que le buveur de sang Robespierre et sa clique de fous furieux soit conduite à l’échafaud le 27 juillet (9 Thermidor an II). On peut ne voir là qu’une coïncidence ou peut-être bien l’exaucement par Dieu du vœu solennel que les religieuses avaient formé pour obtenir la fin des violences et la paix pour l’Église et l’État. (suite…)

Total recall

dimanche, janvier 13th, 2019

Coquecigrues.

Parodiant une séquence récurrente de la mythique émission Les raisins verts de Jean-Christophe Averty, je pourrais m’exclamer comme le Professeur Choron : Que ceux qui ont compris quelque chose à ce salmigondis interminable nous écrivent : ils ont gagné !. S’il est de fait que, même aux temps où je dévorais exclusivement de la science-fiction, je ne me plaisais pas tellement aux histoires fuligineuses de Philip K. Dick, je parvenais néanmoins, en m’accrochant, à saisir le sens général de Ubik ou du Maître du haut château. Mais pour le film de Paul Verhoeven, réalisateur que je tiens pourtant en haute estime (La chair et le sangStarship troopersElle), alors là, rien du tout, nib de nib. Et davantage. (suite…)

Avec le sourire

samedi, janvier 12th, 2019

La fête des fripouilles.

Avec le sourire n’est pas seulement un très gentil film de 1936, année follement insouciante, un film qui permet à Maurice Chevalier de faire admirer sa gouaille et son incroyable talent d’interprète ; un talent qui culmine au moment où il explique à Marie Glory qui interprète Gisèle, débutante au music-hall le délicieux Chapeau de Zozo en indiquant comment, pour séduire un public forcément très varié, il faut en détailler chaque distique de façon différente : pour les gens du monde, pour les gens du peuple, pour les apaches et pour une minorité, oh, une toute petite minorité, les gens un peu, un peu efféminés…Avec le sourire, c’est encore beaucoup mieux que ça, quelque chose qui détonne un peu et qui surprend davantage. (suite…)

120 battements par minute

jeudi, janvier 10th, 2019

Le masque de la mort rose.

Je me méfie assez des films trop unanimement appréciés et couverts d’un nombre invraisemblable de prix et de récompenses : quand tous le jurys, toutes les académies, tous les groupements et syndicats de journalistes ou d’auteurs font pleuvoir sur un film, un réalisateur et des acteurs un déluge de mentions et de célébrations, on peut souvent se dire qu’il y a anguille sous roche. Et même qu’on n’a pas osé faire moins lorsqu’a été mise en scène une cause jugée incontestable (en tout cas non-critiquable en soi) et la réalité de drames humains survenus. Et si je renonce à citer tout ce qu’a obtenu 120 battements par minute, dont la liste est impressionnante, il faut tout de même citer le Grand prix du Jury et le Prix de la critique internationale au festival de Cannes et six Césars 2018, dont celui du meilleur film et celui du meilleur scénario. (suite…)

Les Quatre cavaliers de l’Apocalypse

mercredi, janvier 9th, 2019

Le bruit et la fureur.

Et voilà que je ne suis pas loin de classer ce grand mélodrame flamboyant au premier rang des films que j’ai vus de Vincente Minnelli, alors même que beaucoup d’amateurs font la fine bouche et jugent que ce long récit plein de bruit et de fureur ne vaut pas tripette. Et pourquoi donc ? Parce que le roman de Blasco Ibanez (dont tous les écoliers d’antan avaient lu les magnifiques Arènes sanglantes) a été passablement modifié, transposé selon les exigences de la production de la 1ère à la 2ème guerre mondiale et que l’adjonction de la barbarie nazie à une histoire déjà bien romanesque est de trop ? Quelle absurdité ! Tant à faire dans l’emphatique et le baroque, autant convier autour de la table tous les sinistres convives possibles !

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Apollo XIII

lundi, janvier 7th, 2019

Oh la belle bleue !

C’est tout de même là une démonstration évidente de la puissance de la pénétration des États-Unis d’Amérique dans l’imaginaire mondial ! Voilà une adaptation (sûrement très fidèle, on ne reviendra pas là-dessus) du livre de James Lovell (dans le film interprété par Tom Hanks) qui relate la catastrophique mission Apollo XIII, dont il était le chef. Voilà un salmigondis de situations d’apparence très indigeste et d’une technicité qui dépasse les capacités scientifiques et pratiques de la quasi totalité de l’Humanité, puisque la concentration de cerveaux remarquables qui peuple les centres de décision de la mission se tient très au dessus de nos modestes connaissances. (suite…)

Leguignon guérisseur

samedi, janvier 5th, 2019

La saveur du pot-au-feu.

Tombant à peu près par hasard sur ce film inconnu de l’assez peu notoire Maurice Labro, je me disais qu’il était bien extraordinaire qu’Yves Deniaud, figure seconde ou même troisième du cinéma du samedi soir des années 50 fût placé en vedette d’un spectacle. Il est vrai que le reste de la distribution ne comptait pas d’acteurs bien notoires, à l’exception minime de la rondeur institutionnelle (et toujours excellente) de Jane Marken, de Michel Roux, qui a rapidement compris que son avenir était davantage dans le théâtre de boulevard et dans le doublage, et des silhouettes stakhanovistes de Paul Demange et de Marcel Charvey et de Gabriello. Et de quelques autres sans beaucoup d’importance. (suite…)

Moi, Daniel Blake

lundi, décembre 31st, 2018

« Vous qui entrez ici, quittez toute espérance… »

Voilà longtemps que j’avais envie de regarder un film de Ken Loach, ancré dans une veine de révolte, de rejet de l’horreur économique (selon l’expression de Viviane Forrester, auteur d’un livre de ce nom). Dieu sait pourtant si je ne partage pas les rêveries marxistes du réalisateur ; mais, de la même façon que j’apprécie le cinéma de Robert Guédiguian, évidemment plus ensoleillé, plus fraternel, plus charnel (et qui se passe pour l’essentiel, à Marseille et dans les environs), je trouve bien nécessaire que des cinéastes braquent leurs caméras sur des réalités sociales que les téléfilms sucrés ne veulent pas voir.

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L’as des as

lundi, décembre 31st, 2018

Raging boeuf miroton

Triomphe commercial – peut-être le plus éclatant de Jean-Paul Belmondo avec 5,5 millions d’entrées en France – choisi pour être le premier film diffusé sur la chaîne cryptée Canal + lors de son inauguration, le 4 novembre 1984, L’as des as est une véritable catastrophe industrielle, une nullité qui confine souvent au grotesque et qui perce même souvent le plancher du ridicule, notamment dans les scènes finales censées se dérouler au Berghof de Bertchesgaden qui sont du niveau des pires horreurs de Philippe Clair (avec Paul Préboist). La seule qualité de ce truc pitoyable est l’élégance des tenues portées par Marie-France Pisier, qui parvient, malgré un rôle totalement idiot et insignifiant, à tirer son épingle du jeu. (suite…)

Luke la main froide

dimanche, décembre 30th, 2018

L’insoumis radical.

J’évacue tout d’abord ma bile noire et le sentiment d’invraisemblance et d’irréalisme qui me saisit devant les films de bagne étasuniens. Comme dans Les évadés de Frank Darabont, voilà qu’on réunit dans les mêmes lieux et sous les mêmes chaînes des criminels profonds (il est dit au tout début que l’un des pensionnaires du camp de travail y est placé à perpétuité) et de simples délinquants. Car on ne peut pas dire que Lucas Luke Jackson (Paul Newman) soit, pour avoir démoli, un soir d’ivresse, quelques parcmètres, un individu si dangereux pour la société qu’il doive accomplir deux ans de pénitencier. Ma méconnaissance du système carcéral des États-Unis est certaine, mais je crains bien que ce qui est représenté dans les films ait quelque rapport avec la réalité. Heureux détenus de notre pays qui sont, selon le degré de leur peine répartis entre Maisons d’arrêt, Centres pénitentiaires et Maisons centrales (réservées aux plus longues peines) : ce ne sont pas du tout les mêmes détenus qui les peuplent.

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