Dracula et ses femmes vampires

L’aube tardive.

Ne pas se fier au titre roublard et racoleur, qui peut laisser penser, vu l’époque du tournage (1974), à un petit soupçon de jolies filles dénudées. Ne pas oublier que le réalisateur Dan Curtis est plutôt un tâcheron spécialisé dans le film d’épouvante pour la télévision ; et c’est d’ailleurs ainsi qu’a été conçu Dracula et ses femmes vampires avant, paraît-il d’être projeté en Europe sur grand écran. Mais surtout se demander pourquoi on a là réalisé une adaptation assez fidèle, mais plutôt fauchée, du roman initial en y introduisant ce que Francis Ford Coppola placera ultérieurement comme élément déterminant : la nostalgie du bonheur conjugal, que le vampire imagine pouvoir retrouver avec Lucy Westenra (Fiona Lewis), sosie de sa femme jadis disparue on ne sait trop comment.

À part cela, rien que de plus classique : Jonathan Harker (Murray Brown), fiancé avec Minna Murray (Penelope Horner) se rend en Transylvanie pour proposer à un mystérieux acheteur le choix entre plusieurs propriétés londoniennes. On sait ce qui s’ensuit.

Mais il faut déjà noter deux ou trois choses ; notamment que le choix de Jack Palance pour interpréter Dracula n’est pas mauvais. L’acteur possède de fait une allure assez sauvage, plus fruste évidemment que celle à quoi nous a habitué Christopher Lee, mais qui ne manque pas de pertinence. Palance était d’origine ukrainienne et plusieurs blessures de guerre avaient sensiblement modelé son visage, en le durcissant. Voilà un aspect plutôt positif du film.

Mais le décor du château ressemble à une bonbonnière anglaise et, s’il est bien situé au milieu d’un océan de forêts et juché sur un piton, il est trop ripoliné et sage pour introduire le spectateur dans un salubre climat d’inquiétude. Je passe donc sur tout ce qui s’y passe qui est convenable et banal, même si l’attaque de Jonathan par les trois esclaves du vampire (Sarah Douglas, Virginia Wetherell et Barbara Lindley) n’est pas mal filmée.

On se retrouve donc quelques mois plus tard dans la paisible et pluvieuse Angleterre, où la malheureuse Lucy, fiancée à Arthur Holmwood (Simon Ward), dépérit de jour en jour. Arthur se désespère évidemment de voir sa promise se consumer mystérieusement. Il fait donc appel à son ami le docteur Van Helsing (Nigel Davenport) qui pose impeccablement le diagnostic et entreprend de sauver Lucy. Ce à quoi il ne parviendra naturellement pas Mais il parviendra tout aussi naturellement à dépister le Comte, à le faire déguerpir d’Angleterre et, avec l’aide d’Arthur, à le piéger dans sa tanière des Carpates où, comme dans le grand Cauchemar de Terence Fisher, il le détruira en l’inondant de la lumière du jour. Les deux hommes auront préalablement dû se débarrasser des trois goules et du malheureux Jonathan qui, différence notable avec le roman, est demeuré enfermé dans le château et devenu vampire.

On aura noté l’absence, dans le film, de Quincey Morris et Jack Seward, les courageux compagnons de lutte de Van Helsing et surtout celle de Renfield, le séide fou du Comte, le mangeur de mouches. On aura déploré la très médiocre qualité de la musique.

Mais on aura pris assez de plaisir à quelques décors et images bien choisis, par exemple, celles du générique, tout de brumes bleuies ou celles du col de Borgo, lorsque Jonathan bifurque vers son malheureux destin. Et puis il y a une assez jolie description de la morsure voluptueuse donnée par Lucy. : Quelque chose de doux, et pourtant si amer

De quoi donner la moyenne… Ou presque.

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