Le concert

août 9th, 2023

Oracles sibyllins.

Drôle de film, qui n’est pas dépourvu de qualités, mais qui est foutraque et farfelu sans jamais se décider à aller dans un sens ou dans un autre. Un film qui balance entre les drames de la dictature communiste soviétique sous le gracieux Léonide Brejnev (la déportation et l’internement d’instrumentistes juifs, la révocation du chef d’orchestre qui les dirigeait) et une sorte de canular bordélique qui se déroule en France. Après tout, pourquoi pas ? On pourrait songer, de temps en temps – mais le talent en moins – aux œuvres du grand Albert Cohen, la tragédie de Solal et d’Ariane, les ridicules de la famille Deume, les folies furieuses et poétiques des Valeureux ; mais vraiment, je le répète, c’est le talent, le génie en moins. En beaucoup plus, c’est moins. Read the rest of this entry »

Jane B. par Agnès V.

août 7th, 2023

De bric et de broc.

Ma dilection pour les films d’Agnès Varda n’est pas dépourvue de lucidité ; la dame de la rue Daguerre a beaucoup tourné, a tourné beaucoup de bêtises insignifiantes, a cru pouvoir présenter au monde des tas de merveilles et des tas de physionomies superbes. Qu’elle s’attache là à la sympathique Jane Birkin, qui vient de quitter notre vallée de larmes, fait partie des trucs assez intéressants qui donnent au spectateur un peu de gentillesse, un peu d’empathie vis-à-vis d’une femme qui a plus ou moins compté dans les dernières années. Read the rest of this entry »

Trainspotting

août 6th, 2023

Y’en a qui ont aimé…

Loufoque ou malin, comme on l’a écrit ? Diable ! Je n’ai pas vu ça du tout dans un film qui n’est ni inutile, ni inintéressant, mais que j’ai trouvé glaçant, répugnant et même souvent dégueulasse ; appréciations qui ne signifient évidemment pas que je regrette de l’avoir vu, mais qui me laissent perplexe sur le succès critique et public qu’il a rencontré, surtout auprès des Anglo-Saxons il est vrai. La laideur des villes britanniques doit avoir un rapport avec ma méfiance, mais ce n’est pas tout. Les films de Ken Loach (Moi Daniel Blake) ou de Shane Meadows(This is England) m’ont bien davantage touché. Et que dire de ceux de Peter Cattaneo (The full Monty) ou de Mark Herman (Les virtuoses), donc ! Read the rest of this entry »

La fin du monde

août 2nd, 2023

Tout doit disparaître.

Adapté d’une bande dessinée catastrophiste et sûrement très bien-pensante, La fin du monde, film allemand ne devait pas manquer de passer sur la vertueuse chaîne Arte, qui ne manque jamais de faire les gros yeux au monde tel quel l’Occident l’a civilisé depuis quelques milliers d’années. Donc tout va mal et tout ira tellement plus mal que l’aventure humaine sera bien obligée de s’interrompre pour que continue à vivre la ronde Gaïa ; pour les ceusses qui ne sauraient pas ce qu’est Gaïa, je précise que ce terme grec est utilisé de façon presque religieuse par les écologistes les plus radicaux, ceux qui verraient fort bien l’Humanité débarrasser le plancher au bénéfice du sapajou facétieux et du scolopendre à crête dorée. Read the rest of this entry »

Et maintenant on va où ?

août 1st, 2023

La guerre des femmes.

Pauvre Liban qui fut une oasis de paix et de prospérité dans le bouillant chaudron du Levant, mais qui n’a pu conserver encore, après les guerres civiles qui l’ont agité, entre 1975 et 1990, puis en 2006, sa réputation de Suisse du Moyen-Orient. Déchiqueté par les conflits meurtriers, sanglants, incompréhensibles qui le ravagent périodiquement, le pays conserve toutefois encore aujourd’hui sa singularité et son identité originales. Par exemple la coexistence, la cohabitation ici et là des musulmans et des chrétiens maronites dans certaines régions moins infectées par les haines et la marche brinquebalante du monde. Read the rest of this entry »

Gilda

juillet 29th, 2023

Mais où sont passées les gazelles ?

Lorsque l’on apprend que, sur la base d’une trame vague d’un certain E.A. Ellington, le scénario de Gilda a quasiment été écrit au jour le jour, dans une sorte d’improvisation fiévreuse, on comprend mieux son insatisfaction. On comprend mieux que, malgré l’originalité noire du scénario, on soit propulsé continuellement dans des chemins sans issue et dans des invraisemblances de comportement qui finissent par agacer. C’est bien dommage, parce que la première demi-heure du film est vraiment brillante, surprenante, qu’on ne discerne pas où le réalisateur veut vous conduire, ce qui est une des meilleures orientations du cinéma. Read the rest of this entry »

Intolérance

juillet 28th, 2023

Vieilleries.

J’ai vraiment eu une drôle d’idée de regarder ça, qui dure trois heures, trois heures de ma précieuse vie, un film qui est un bibelot d’inanité muette, une sorte de patchwork inutile réalisé par D.W Griffith dont j’avais regardé jadis avec plaisir Naissance d’une nation. Mais c’était il y a longtemps et il y avait un récit, très tendre pour mes chers confédérés sudistes et donc, naturellement, houspillé par les profiteurs nordistes qui ont imposé au monde le capitalisme rogue sous les oripeaux de l’horrible Vertu. Le réalisateur, sans doute vilipendé par ce qui ne s’appelait pas encore le Camp du Bien mais qui l’était déjà a donc imposé au cinéaste le tournage d’un machin vertueux, censé attaquer ce qu’on appelle aujourd’hui les valeurs. Read the rest of this entry »

La pointe courte

juillet 26th, 2023

Aucune origine n’est belle.

Je suis tombé ravi dans le cinéma d’Agnès Varda lorsque, pour la première des dix ou douze fois où j’ai vu le film, j’ai regardé Cléo de 5 à 7 ; j’ai vu beaucoup de ce qui a été réalisé par la Dame de la rue Daguerre, ravi par Le bonheur (1965), par Daguerréotypes (1975), par Les glaneurs et la glaneuse (2000), stupéfait par la grâce douloureuse de Sans toit ni loi (1985). Mais aussi effaré, dégouté par les films de la période gauchiste Black Panthers (par exemple Lions love en 1969), quelquefois déçu par les autobiographies un peu complaisantes (Les plages d’Agnès en 2009, Visages, villages en 2017). Bref, une cinéaste qui compte, attachante, souvent superbe, souvent ratée, quelquefois terne. Read the rest of this entry »

Les nains aussi ont commencé petits

juillet 11th, 2023

Volupté du chaos.

Séduit par le titre cynique, dérangeant, mystérieux du film, je me suis enfermé je ne sais précisément quand, au cours de l’année 1971, dans une des nombreuses salles qui irriguaient alors le bas quartier Saint Séverin. Rue de la Huchette, rue Xavier Privas, rue de la Harpe… Il y avait alors pléthore de salles indépendantes qui présentaient à de courageux rebelles post soixante-huitards, des films qui venaient de n’importe où, tournés par n’importe qui. Werner Herzog n’avait vraiment pas alors l’aura qu’il a acquise ensuite. Ce n’est donc pas pour la renommée du réalisateur que je suis allé regarder Les nains aussi ont commencé petits, mais pour des raisons folles incompréhensibles à ceux qui n’ont pas vécu ces époques ridicules. Read the rest of this entry »

Intouchables

juillet 8th, 2023

Services à la personne.

Mon Dieu, que de succès, que de spectateurs, que de révérence pour si peu de choses ! Mais n’est pas désagréable, Intouchables et on peut même comprendre que le populo – celui qui apprécie le mélodrame où a pleuré Margot – se soit précipité devant les écrans complices pour être ému, exalté, rassuré sur sa propre bienveillance, émoustillé par la relation d’une histoire vraieoù un richissime multimillionnaire, Philippe (François Cluzet) s’éprend d’un de ses assistants de vie Driss Bassari, (Omar Sy) après qu’il a été confiné dans son corps par un grave accident de deltaplane. Read the rest of this entry »