Versailles, la visite

avril 14th, 2020

À la merveille.

Le plus beau palais qu’on ait jamais vu sous le ciel, montré par Gérard Corbiau, d’une façon subtile et intelligente ; l’extraordinaire splendeur des lieux, bâtiments, escaliers, salons, bosquets, jardins présentée par un réalisateur qui ne se contente pas de donner au spectateur de belles images, des soleils qui se couchent sur les grands miroirs d’eau et les façades arrogantes, des gros plans sur la merveilleuse élégance des modillons, des revêtements, des galeries, des tableaux, des plafonds peints, des glaces, des meubles, des horloges, des porcelaines, des bibelots. Cette sublime attention aux plus obscurs des détails, à ce que l’on voit et qui éclate, mais aussi à ce qui paraît dissimulé mais que l’artisan qui l’a réalisé tient à honneur de réaliser dans une forme de perfection. Read the rest of this entry »

Halloh! Du süße Frau !

avril 12th, 2020

Le chemin du paradis.

Je sens que je vais être un peu long en expliquant ma dilection pour ce titre allemand, écrit par un compositeur juif allemand de grand renom, Werner Richard Heymann, émigré aux États-Unis en 1933 pour des raisons qu’il est aisé de comprendre et qui a également écrit une rengaine charmante, beaucoup plus connue en France, l’immortel Avoir un bon copain (c’est bien c’qu’il y a de meilleur au monde). Je vais être un peu long et ne vais sûrement intéresser personne, mais nul n’est obligé de me lire. Et puis ça m’amuse d’exposer (et de me raconter) comment j’ai pu m’attacher à cette chanson d’avant-guerre.

Read the rest of this entry »

Inheritance

avril 12th, 2020

Logique de la catastrophe.

Deuxième volet de la trilogie consacrée par le cinéaste danois Per Fly aux classes sociales. Après The bench (Le banc) qui traite de ce qu’on appelle aujourd’hui les travailleurs pauvres (c’est-à-dire ce que le capitalisme mondialisé a rejeté dans les marges), voici Inheritance (L’héritage) qui se passe dans les classes bourgeoises supérieures mais qui, somme toute, dénonce d’une façon similaire les mêmes ravages. Car finalement, voilà que l’entreprise sidérurgiste familiale Borch-Moll, à taille à peu près humaine, paternaliste (c’est-à-dire soucieuse de l’individualité de chacun de ses membres) est contrainte d’entrer dans le cycle infernal habituel : réduction sauvage des effectifs puis processus de fusion-acquisition avec une entreprise étrangère qui n’aura pas les mêmes soucis éthiques de la dignité des travailleurs. Read the rest of this entry »

La Bible

avril 11th, 2020

La plus belle histoire jamais contée.

La fin de la carrière de Marcel Carné n’est pas un chemin de lys et de roses. Les esprits hâtifs concluront que c’est grâce à la présence à ses côtés de Jacques Prévert qu’il a pu tourner ses grands films, de Drôle de drame aux Portes de la nuit (en faisant mine d’oublier, d’ailleurs, qu’Hôtel du Nord ne doit rien à Prévert). Mais alors que dire de La Marie du portThérèse RaquinL’air de Paris et même de Du mouron pour les petits oiseaux, eux aussi tournés sans le concours de l’auteur de Paroles ? Cela étant on sent tout de même un essoufflement et, malgré de grands succès publics (Les Tricheurs), on sent que la route commence à descendre. Read the rest of this entry »

Les corps tranquilles

avril 10th, 2020

Le pays où on n’arrive jamais

Je ne vais pas hésiter à m’autociter ici ; ce n’est pas très élégant mais ça m’évitera de me paraphraser et à écrire moins bien ce que j’avais dit en chroniquant De l’amour, charmant film de 1964 réalisé par Jean Aurel et inspiré à Jacques Laurent par l’étude où Stendhal élabore son célèbre concept de cristallisation.

« Jacques Laurent, muni de tous les dons et d’un des plus solides tempéraments de romancier qui se puisse, hédoniste à convictions et de conviction qui pour s’offrir le luxe de vivre comme il l’entend, mais aussi pour financer ses danseuses – en fait des revues insolentes et désengagées – Arts ou, surtout La Parisienne s’invente une nouvelle identité et s’intitulant Cécil Saint-Laurent recueille un des plus fantastiques succès de librairie des années Cinquante avec toute la série des Caroline chérie, dont l’adaptation à l’écran fera la gloire de Martine Carol. »

Read the rest of this entry »

Le faiseur de pluie

avril 9th, 2020

Tout finit comme il faut.

Le film est adapté d’une pièce de théâtre à succès d’un nommé N Richard Nash, dont je vois par ailleurs qu’il a collaboré au scénario d’Hélène de Troie de Robert Wise, ce qui ne me semble pas suffisant pour lui assurer une notoriété similaire à celle de notre vieux camarade Homère. Et comme la presque totalité des films directement transposés de la scène à l’écran, ça se sent dès les premières images : une certaine raideur du récit, les entrées et sorties des protagonistes qui interviennent avec une régularité d’horloge, les tête-à-tête qui permettent aux personnages de présenter leur discours et je ne sais quelle atmosphère totalement artificielle qui fait qu’on ne peut pas marcher, fût-ce avec de la bonne volonté et de la sympathie pour les acteurs. Read the rest of this entry »

Volver

avril 8th, 2020

Femmes sans hommes.

J’ai ouï dire, il me semble (mais je n’en suis pas certain) que Pedro Almodovar est homosexuel, ce qui n’est pas un choix (ou, comme on dit aujourd’hui une orientation) mais une donnée de nature. Et François Ozon est également homo, sans conteste. Qu’est-ce que vous allez chercher là, qu’est-ce que ça vient faire ici, vil réactionnaire ? êtes-vous dès lors à deux doigts de me dire en retroussant vos babines sur vos canines aiguisées prêtes à me déchirer sur l’autel immarcescible du droit à la différence et du politiquement correctRead the rest of this entry »

Rocco et ses frères

avril 7th, 2020

Tagliatelles et risottos

Comment se fait-il que ce mélodrame larmoyant, plutôt bien interprété et bien filmé, mais interminable (192 minutes !!!) et incohérent ait remporté un tel succès critique ? Sans doute, comme Luchino Visconti est une des vaches sacrées du 7ème Art, à l’instar d’Alfred Hitchcock et d’Ingmar Bergman, ne peut-on élever le moindre doute sur la qualité intrinsèque de Rocco et ses frères. Il y avait pourtant un sujet magnifique et passionnant à exploiter au détriment du pitoyable récit de sentimentalisme bébête et de grosses ficelles romanesques : brebis galeuse saccageant l’harmonie d’une famille, présence d’une gourgandine au rôle fatidique et destructeur, bien qu’elle soit par ailleurs assez bonne fille…

Read the rest of this entry »

Michel Strogoff

avril 5th, 2020

Le royaume de Borée.

Ah là là, qu’est-ce que les petits enfants de France ont pu rêver aux steppes infinies, aux verstes, au knout, aux boyards, aux moujiks, aux isbas, aux cosaques, à la Sainte Russie, à tout ce que l’exotisme proche, à la fois inquiétant et séduisant qu’offrait cet immense pays qui les fascinait et qui était fasciné par nous ! De Pierre le Grand qui vint chercher à Versailles l’inspiration de Saint Pétersbourg à Alexandre III pour qui fut bâti un  des plus extraordinaires ponts de Paris, voilà une histoire d’amour confondante, à quoi Michel Strogoff n’est pas étranger ! Read the rest of this entry »

Cocagne

avril 5th, 2020

En roue libre et en pente douce.

Un très ennuyeux film qui démontre, s’il en était besoin, aux nostalgiques que le cinéma d’avant connaissait lui aussi de bien médiocres compositions…

Ça commence, et c’est le moins mauvais, par une de ces nombreuses provençalades qui sont entièrement tournées sur la galéjade, le pastis, les parties de boule, les engueulades amicales et portées par un groupe de comédiens blanchis sous le harnais. Et en premier lieu, bien sûr, par Fernandel dont la seule présence assurait aux producteurs et distributeurs un confortable petit noyau de spectateurs prêts à marcher et à se rendre dans les salles sur le seul nom de l’acteur. Et d’ailleurs il y a eu presque deux millions de gogos qui se sont laissé avoir. Read the rest of this entry »