L’inconnu du Nord-Express

les-colonnes-inconnudunordexpressPataud, coincé, ennuyeux.

Je proclame et promets, en ce premier dimanche de carême que mon message n’est pas provocateur, et qu’un sincère désir de m’intéresser à l’œuvre d’Hitchcock, que chacun paraît  porter au pinacle, a guidé mon choix, hier soir, de glisser le DVD dans mon lecteur ! Je le promets et le proclame.

Mais qu’est-ce que j’ai trouvé ça tarte et ennuyeux, passé l’habile situation de départ, qui est l’apport de Patricia Highsmith ! Qu’est-ce que j’ai trouvé ça verbeux, manichéen, dénué de tout suspense (franchement, est-ce qu’un seul d’entre vous a imaginé une seule seconde que Guy-le-tennisman cocu allait être arrêté par la police ?).

Et puis, ce qui apparaît comme des grâces cinématographiques m’a précisément semblé chichiteux et chochotte : les paires de chaussures différentes qui caractérisent les deux protagonistes, le meurtre de la femme de Guy vu dans les lunettes d’icelle tombées par terre, le ramassage du briquet, et, pour couronner le tout, la course folle du manège, aussi invraisemblable qu’interminable, manège d’enfants transformé en une sorte de tornade, avec enfants piaillant, courageux forain qui se glisse sous le plancher pour stopper la machine infernale, et tutti quanti. Ce à quoi j’ajoute que des raccourcis aussi puérils que le passage de Guy Haines (Farley Granger) qui, parlant de sa femme volage, profère J’aimerais l’étrangler ! aux mains de Bruno Anthony (Robert Walker) qui fait ce geste d’étranglement… en ouvrant une bouteille de champagne… Que c’est bêta !

J’ai écrit plus haut manichéen : il n’échappera à personne, il me semble, que les personnages sont tous d’une seule pièce : si Haines veut divorcer, c’est que sa femme est une méchante Messaline, et si Anthony est un sale type, c’est qu’il a grandi entre un père tyrannique et une mère cinglée ; chacun est caractérisé, spécialisé, typicisé : aucune ambiguïté, aucune zone d’ombre…

inconnu-du-nord-express-01-g

Et puis, ces gamineries graveleuses, d’ailleurs nullement étonnantes venant d’un Anglo-Saxon amateur de blondes glaciales : à la fête foraine, la femme (légère) de Haines, Myriam (Kasey Rogers), entourée de ses deux soupirants, et son Ça calmera peut-être mon envie ! alors qu’elle commence à lécher son énorme cornet de glace, tout en matant si Bruno Anthony la reluque…. Tout ça fait penser aux trains qui s’engagent dans un tunnel au moment où les amants commencent à s’embrasser (je ne sais plus dans quel(s) film(s))…

Les tics de filmage sont fréquents : gros plan sur un détail, immédiatement suivis d’un plan large : c’est constant et répétitif… Le seul truc qui m’ait amusé, c’est l’image des spectateurs du court de tennis : alors que tous tournent alternativement la tête, le seul Bruno Anthony continue à fixer Guy Haines…

Je ne dis pas que je ne regarderai pas d’autres Hitchcock… mais sûrement pas une intégrale…

Leave a Reply