Avatar

Détendant.

J’avais perdu le fil depuis Super Mario 3, et je dois reconnaître qu’en une bonne vingtaine d’années, les jeux vidéo ont fait des progrès stupéfiants et qu’on passe plus de deux heures et demie sans s’ennuyer, malgré un scénario infantile et une idéologie auprès de laquelle les mômeries de MM. Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand pourraient passer pour de profondes méditations philosophiques.

Il y a une merveilleuse inventivité dans la re-création d’un monde où tout est presque familier, au rebours de nombre des univers de la science-fiction, et où tout est presque étranger ; de ravissantes idées, comme cette sorte de forêt enchantée luminescente, phosphorescente où les héros, Jake Sully (Sam Worthington) et Neytiri (Zoe Saldana) s’avouent leur amour ou ces sortes de mogotes (comme on voit à Cuba) volantes où les habitants de la planète Pandora vont domestiquer leurs Ikrans volants… C’est très beau, souvent, et c’est réalisé avec des moyens à couper le souffle…Sans trop grogner, parce que je me suis tout de même bien diverti en famille, je dirais que c’est tout de même là que le bât blesse : dans ce déluge de moyens, d’images toutes plus spectaculaires les unes que les autres et qui donne, après chaque morceau de bravoure l’envie de crier Bravo l’artiste !, en admirant la performance, le talent, le travail, l’ingéniosité, mais sans jamais être vraiment ému, ou touché (ou alors il faut être encore à l’âge mental où on regarde Bambi en pleurnichant). Les humanoïdes à taille élevée, à peau bleue et à longue queue (on se demande, d’ailleurs, à quoi leur sert cet appendice d’apparence inutile) ont beau faire mine de vivre en harmonie dans un grand concert harmonique, ils n’ont pas de substance, d’épaisseur…. sauf – comme par hasard – lorsqu’ils manifestent des sentiments de jalousie (Tsu’tey – Laz Alonso -, soupirant éconduit de Neytiri,) ou d’indignation – (les Omaticayas réalisant qu’ils ont été bernés…)

Grand spectacle, à voir sûrement sur grand écran et peut-être, comme certaines salles le proposent, avec les lunettes spéciales permettant, paraît-il, de découvrir  les images en trois dimensions ; allons-y, comme on va à la Géode, ou au Futuroscope, pour voir et nous laisser dominer par l’image…

Dès qu’il eut franchi le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre ; ce message porteur du cinéma – carton du Nosferatu de Murnau – n’est plus de notre temps…

Le cinéma, à mes yeux, c’est avant tout, et sans ordre préférentiel, une histoire, des acteurs, des dialogues ; et puis, évidemment, en rideau considérable, mais second, des angles de prise de vues, un montage, de la musique.

Dans Avatar, l’histoire est risible et puérile ; les dialogues sont de la même eau ; les acteurs sont interchangeables.

Qu’est ce qui reste ? Un grand spectacle pyrotechnique, une parade d’effets spéciaux, des jaillissements d’images spectaculaires et aussi vite oubliées que le sont les étincelles des feux d’artifice.

Avatar, pas davantage que la plupart des films de cet acabit, n’est du cinéma ; c’est autre chose, nullement déplaisant ; je peux avoir un plaisir très fort à jouer à – et en l’espèce à regarder – un jeu vidéo : il ne me viendrait pas à l’esprit de mettre sur un plan de comparaison le spectacle de James Cameron et Autant en emporte le vent ou Madame de, pour citer deux des films les plus immarcescibles de ma liste éponyme.

Ce n’est pas une méchanceté polémique, c’est une constatation objective. Le cinéma s’achève, sans doute, comme jadis se sont achevés épopée, poésie lyrique, théâtre classique, et naguère roman de mœurs ; c’est comme ça, on n’y peut rien.

 

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