Black book

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Retour aux fondamentaux

Film décapant et remarquable, plein de péripéties intelligentes et cohérentes, sans volonté de consensus mou, irisé de la beauté et du charme extrêmes de l’inconnue Carice van Houten, qui n’a pas remporté le succès qu’il méritait à sa sortie.

Peut-être un soupçon trop long (mais vraiment, c’est péché véniel, quand la tension est si remarquablement menée, et le film si bien construit), Black book souffre sans doute de l’absence de vedettes connues en France (Sebastian Koch m’était la seule physionomie familière… parce qu’il a joué dans La vie des autres sorti, d’ailleurs, à peu près au même moment), mais aussi de se passer aux Pays-Bas, pays proche et pourtant inconnu, qui ne figure guère dans les mythologies françaises que grâce aux tulipes, aux drogues diverses et à la mimolette.

Dès lors, une histoire de Résistance complexe dans une contrée aussi étrangère (et où, par parenthèse, le nombre de vrais collaborateurs, engagés volontaires dans la Waffen SS, par exemple, a été incommensurablement plus élevé qu’en France) est peut-être passée au dessus de notre horizon trop limité.

black-bookC’est vraiment dommage, parce que l’histoire – tirée, paraît-il, de faits réels – est angoissante et passionnante, extrêmement bien filmée, jamais larmoyante ni manichéenne, que les rebondissements se succèdent toujours sous la même caméra froide (objective, devrais-je dire) et que l’image donnée de la réalité de l’époque – de toutes les réalités : héroïsme, trahisons, cupidités, revanches, veuleries, saletés – est sans doute plus conforme que les hagiographies militantes n’en fourniront jamais.

Paul Verhoeven est décidément un cinéaste complexe et diablement intéressant, dont le regard ambigu sur la nature humaine n’est pas prés de s’éclairer…

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