Cannibal holocaust

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Immonde et formidable

Pour justifier mon choix de classer Cannibal holocaust au 50ème rang de la liste de mes films préférés, choix contesté par certain amateur de cinéma que j’ai en haute estime, j’avais écrit : Je tiens le film de Deodato pour l’archétype du mauvais goût, de la roublardise, de la complaisance et de l’ignominie. Et comme vous n’êtes pas sans l’avoir remarqué, je suis, en matière cinématographique (et littéraire) un individu profondément a-moral, jugeant, avec quelque apparence de raison, que les bons sentiments ni le bon goût ne font de bonnes œuvres.

Il est certain qu’il n’est pas délicat de se citer, mais, s’agissant d’une œuvre pareille, je pense que personne ne viendra me chipoter et qu’allier délicatesse et Cannibal holocaust serait aller chatouiller le paradoxe particulièrement loin.

Donc c’est un film immonde, où tout concorde pour donner le dégoût de tous et de chacun : ce que j’appelle roublardise, c’est d’avoir tourné cette fiction sur le mode quasi ethnographique de bandes de films retrouvées au cours d’une expédition, alors montées et présentées comme s’il s’agissait de réels documents. L’admirable Projet Blair witch en a peut-être été influencé, a repris ce procédé qui, évidemment, donne une touche d’efficacité parfaite et d’autant plus immonde à cette plongée dans le monde primitif de l’Amazonie, où on dévore crus les intestins d’animaux et où les tortues géantes sont découpées à la machette.

cch2Plusieurs scènes peu soutenables (notamment le viol avec une pierre, puis l’empalement d’une jeune fille), un accouchement particulièrement crade, des moments où on n’est pas vraiment sûr qu’il y ait trucage.

Chef-d’œuvre, donc, d’astucieuse veulerie qui ne serait pas devenu aussi « culte » s’il n’avait eu de réelles qualités de structure et de scénarisation. C’est précisément la perversité absolue du propos qui m’a séduit.

Ah ! Je viens d’écrire c’est un film immonde, où tout concorde pour donner le dégoût de tous et de chacun ; eh non ! TOUT ne concourt pas en ce sens, et c’est encore une dimension qui en rajoute dans la perversité : la musique, lumineuse, sereine, majestueuse paraît couvrir de son ample mélodie toutes les saletés du film. Elle est de Riz Ortolani, auteur à succès d’un standard internationalement repris et interprété, More .

Comme par hasard, More était la musique de Mondo Cane ; comme on se retrouve !

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