Conte d’automne

Conte_d_automneUne saison réussie.

Le quatrième des Contes des quatre saisons d’Éric Rohmer, quatrième à la fois dans l’ordre chronologique des tournages et dans celui de ma propre vision, me semble assez largement supérieur aux trois premiers et, à mes yeux, n’est pas loin d’atteindre la grande qualité, sans parvenir, bien sûr, à égaler Ma nuit chez Maud et Le genou de Claire.

Pourquoi est-ce tellement mieux ? en partie peut-être, parce que Rohmer emploie le talent un peu décalé de deux de ses actrices fétiches, Béatrice Romand (Le genou, précisément, L’amour l’après-midi, ou Le beau mariage) et Marie Rivière (La femme de l’aviateur, Le rayon vert, Conte d’hiver) ; on se sent vraiment dans un de ces films à l’intrigue tranquille (quelquefois invraisemblable, mais toujours quotidienne).

Surtout, sans doute, l’artificialité précieuse, littéraire, très écrite de Rohmer se renforce et, en quelque sorte se justifie par l’artificialité du sujet : on est là dans une fable et, pour peu qu’on entre dans ce jeu délicat, on y trouve grand plaisir.

conte-d-automne-1Dans la Drôme provençale, pays de cocagne, de pierres dorées, de vin de caractère et de truffes noires, aux belles maisons sages, rendue prospère par la centrale nucléaire du Tricastin, l’histoire de Magali (Béatrice Romand), veuve, viticultrice, quadragénaire un peu sauvage, à qui son amie Isabelle (Marie Rivière), heureusement mariée, libraire, sereine et paisible cherche un mari est aussi tendre que charmante.

Se brode, sur ce fil ténu des marivaudages lumineux, le charme éclatant de Rosine (Alexia Portal), le sourire un peu coincé de Gérald (Alain Libolt, qui fut le traître étranglé du début de L’armée des ombres), la rudesse épineuse d’Étienne (Didier Sandre), une justesse parfaite des dialogues et de beaucoup de situations (notamment les confrontations marivaudeuses d’Isabelle et de Gérald (Je voudrais que tous les hommes m’aiment, surtout ceux que je n’aime pas).

Un bien joli film, en tout cas, qui me réconcilie avec le Rohmer de la dernière époque…

2 Responses to “Conte d’automne”

  1. Cédric dit :

    Sans doute le meilleur des Contes des quatre saisons. Ne serait-ce que pour cette scène, lors du mariage, à laquelle vous faites référence. Tout est y est dit de manière détournée. Isabelle est jalouse, elle veut blesser Gérald, finalement elle a plus fait tout ça pour elle que pour Magali. Gérald, quant à lui, tremble et on sait bien pourquoi, parce qu’Isabelle le charme…
    C’est une merveille de construction servie par des acteurs excellents.

  2. impetueux dit :

    Les trois autres Contes des quatre saisons ne me semblent, de fait, pas du même niveau. Mais celui-ci retrouve la veine dixhuitiémiste de Rohmer, à son meilleur.

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