Dom Camillo Monseigneur

18473991Paisible agréable ronronnement.

Douce paresse des programmes télévisés d’été qui permettent ad libitum de voir et revoir de solides vieilleries dont on ne se lasse pas. Et cela même si l’on n’est pas dupe que le meilleur et premier film de la série des Don Camillo (Le petit monde) est le seul à être vraiment une œuvre d’importance. Ensuite, ça dérive un peu, dès le deuxième volet, Le retour, pourtant lui aussi réalisé par Julien Duvivier et ça continue à ronronner dans les trois autres épisodes (je tiens pour rien Don Camillo et les contestataires, réalisé bien plus tard et avec deux autres acteurs que les immortelles incarnations des cinq premiers films). Mais en aucun cas – ce qui est rare pour une telle suite – les opus postérieurs ne sont dégradants ou ridicules.

Sans doute est-ce dû à la force et à l’épaisseur réelle des personnages créés par Giovanni Guareschi et par l’orientation particulière de son petit monde : une suite de nouvelles fondées sur les mêmes prémisses et les mêmes personnages, suivant simplement les évolutions géo-politiques du monde dans quoi se déroulent les aventures du Curé et du Maire de Brescello.don-camillo-monseigneur-1961-02-gDans ce segment, l’un et l’autre sont exilés de la plaine du Pô vers la Capitale romaine (joli panoramique de Carmine Gallone lors du générique, sur le Tibre, le pont Saint Ange, Saint Pierre, le Vatican, le Trastevere, soit dit en passant). L’un est Sénateur communiste et dort au Palazzo Madama ; l’autre reçoit des rombières nord-américaines dans d’immenses bureaux (notons que Don Camillo paraît n’être pas évêque : il est simplement Monsignore, c’est-à-dire ce qu’on appelle aujourd’hui Chapelain de Sa Sainteté et qu’on nommait naguère Camérier secret, hauts fonctionnaire de la Papauté). Mais l’un et l’autre, à Rome, ressentent l’appel de Brescello.

Et dès que leurs hiérarchies les expédient dans leur gros bourg d’Émilie, les bisbilles reprennent avec vigueur. Suite un peu décousue d’histoires artificiellement liées par la présence simultanée des deux antagonistes, celle de la chapelle menacée par les Rouges, sketch du mariage – religieux ou seulement civil – entre le fils de Peppone, Walter (Karl Zoff) et la jolie Rosetta (Valeria Ciangottini), sketch de la soutane dérobée alors que Don Camillo, écrasé par la chaleur, se baigne dans le fleuve, sketch du gain de Peppone au Totocalcio, sketch de la peinture au minium du fondement de la militante exemplaire Gisella (Gina Rovere), battue comme plâtre par son mari, sketch de la disparition du battant de la cloche laïque destinée à sonner le glas lors de l’enterrement d’un jeune communiste…

don camillo monseigneur fernandel gino cerviTout cela est un peu hétéroclite mais survit assez bien grâce au talent de Gino Cervi et de Fernandel. Cet épisode-là souffre un peu de la comparaison avec le volet suivant Don Camillo en Russie, plus structuré. Mais quel bonheur de s’y retrouver !

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