Les tribulations d’un Chinois en Chine

055180Autopsie d’un bide.

Vous prenez l’équipe du chef-d’œuvre du gai cinéma d’aventure français, L’homme de Rio. C’est-à-dire le réalisateur, Philippe de Broca, le scénariste, Daniel Boulanger, le musicien, Georges Delerue, le chef opérateur, Edmond Séchan et naturellement, la vedette masculine, Jean-Paul Belmondo. Vous partez sur la solide base d’un roman d’un maître, Jules Verne. Vous ne bénéficiez pas du concours merveilleux de Françoise Dorléac, mais vous compensez, à peu près, par une actrice moins intéressante mais plus spectaculaire, Ursula Andress. Vous bénéficiez d’importants moyens de production, vous permettant de tourner à Hong-Kong, au Pakistan, au Népal, en Malaisie. Vous engagez des seconds rôles qui ont du talent (Jean Rochefort, Jess Hahn) ou à qui la rumeur publique en a accordé (Maria Pacôme, Paul Préboist, Mario David, Darry Cowl).

tribulation_002Avec tout ça, qui devrait être gage de succès, à tout le moins d’un film honorable, vous obtenez une épouvantable daube, sans rythme, sans vivacité, sans drôlerie et sans allant. C’est un bien grand mystère, le rythme, au cinéma ! Philippe de Broca  en a souvent maîtrisé les arcanes : L’homme de Rio, évidemment, mais aussi Le Magnifique, L’Incorrigible, avec le même Belmondo et aussi, dans un tout autre genre, Le Cavaleur, avec Rochefort ou Le Bossu, avec Daniel Auteuil ; c’est peut-être même le cinéaste français le plus doué pour le genre.

 Avec-Jean-Paul-Belmondo-dans-Les-Tribulations-d-un-Chinois-en-Chine-sorti-en-1965  Alors, qu’est-ce qui ne marche pas, ne marche pas d’emblée et ne parvient jamais à marcher avec Les tribulations d’un Chinois en Chine ? En revoyant le film, je me dis que c’est l’excès : excès de moyens, excès d’aventures, excès de jeu de la part de la plupart des comédiens qui, à de rares exceptions près (M. Goh – Valéry Inkijinoff), paraissent parader comme au théâtre, en accentuant les effets. Maria Pacôme (qui peut pourtant être excellente, comme dans La crise) glapit et hulule comme si elle était sur la scène des Bouffes parisiens ; Jean Rochefort accentue sa diction pour jouer un valet de chambre stylé, mais le fait trop dans le genre précieux ; Darry Cowl, en fin de carrière, fait peine à voir ; Valérie Lagrange montre, s’il en était besoin, que le cinéma n’avait nul besoin d’elle et qu’elle a tout à fait eu raison de choisir la chanson gauchiste après Mai 68 pour être définitivement oubliée ; Paul Préboist et Mario David font peine à voir, en Dupont et Dupond pitoyables.

tribulations-16Belmondo cabriole, castagne, caracole sur le mode qui deviendra habituel ; on est pourtant un peu navré de le voir costumé en strip-teaseuse lors d’un des épisodes les plus pénibles du film. Et finalement, c’est Ursula Andress qui est la plus satisfaisante, même quand elle ne se pastiche pas en recréant la créature de rêve de James Bond contre Dr. No. On m’aurait dit que je hausserais le talent de comédienne de cette belle fille à proportion de sa plastique que je ne l’aurais pas cru !

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