Il était une fois dans l’Ouest

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Modeste pierre à l’édifice

Les savantes gloses qui s’étagent sur ce film magnifique interdisent au profane de se livrer à on ne sait quelle exégèse nouvelle d’une œuvre qui a durablement marqué plusieurs générations de cinéphiles.

Mais aimant passionnément comme beaucoup  Il était une fois dans l’Ouest et acharné à donner un mot de commentaire à toutes les œuvres qui figurent dans ma liste de films préférés, je me permets un timide message plus consacré à des impressions et des souvenirs qu’à une tentative d’analyse qui ne parviendrait pas à atteindre le moindre niveau de celles excellemment développées par des spécialistes reconnus ou amateurs passionnés du western.

il-etait-une-fois-dans-louest-1À dire le vrai, il avait fallu presque que des amis me traînent devant ce cinéma du Quartier Latin où, quelques mois après Mai 68, une bonne file de spectateurs attendait patiemment que les portes s’ouvrissent ! Enfant et adolescent, le western n’était pas un genre qui m’avait emballé – au contraire du péplum, par exemple – et ces films italiens du nommé Leone qui commençaient à gagner de la notoriété me disaient encore moins qui vaille ; et d’ailleurs, dans la file d’attente, regardant les photographies exposées, je ne reconnaissais aucun des acteurs, sauf Claudia Cardinale (que je jugeais, par ailleurs, un peu trop pulpeuse à mon goût) et, naturellement Henry Fonda, ce qui me semblait insuffisant.

C’est dire si j’étais motivé, enthousiaste, fébrile, ouvert à l’aventure et à la modernité ! Mais bon ! Mes camarades étaient fans de ce metteur en scène, dont ils avaient apprécié les oeuvres précédentes, tournées avec Clint Eastwood et je n’allais pas jouer au vilain petit canard.

il-etait-une-fois-dans-l-ii13-gQuand le film a commencé, j’ai, pour la première fois de ma déjà longue existence de spectateur, véritablement goûté la poussière de l’Ouest ; le grincement crispant et délicieux de la girouette s’est installé avec une précision telle dans ma tête que, près de quarante ans après, j’entends ses notes distinctement. Et j’ai été saisi d’emblée par la dimension de la lenteur ; une lenteur qui ne dispensait pas du tout l’ennui, mais qui installait la tension, et révélait l’espace.

À ma courte honte, je dois dire n’avoir pas tout compris alors de l’intrigue, qui me paraissait compliquée, alors que, comme le notent plusieurs contributeurs, elle est des plus simples : c’est que j’étais envahi, fasciné, bouleversé par la scénographie ample, par la musique inoubliable, par une certaine façon de filmer trognes et crasses que je n’avais jamais vue jusqu’alors.

Presque quarante ans ont passé, donc ; Il était une fois dans l’Ouest n’a pas pris une ride.

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