La chute de l’Empire romain

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Le rire des dieux

Sur la foi de propos élogieux, et même d’un  plaidoyer dense et argumenté d’un ami qui m’a incité à acquérir le DVD, j’ai voulu le regarder hier soir je  me suis retrouvé très déçu. Franchement, eu égard à l’immensité de la gloire et de la puissance de Rome, voilà qui manque furieusement de souffle. Mais je suis assez grand garçon pour ne reprocher qu’à moi-même les erreurs que je commets.

Il y a pourtant des choses superbes : la grande réussite des décors, l’ampleur des mouvements de foule, la qualité de certains personnages – en premier lieu Timonides (James Mason), dense et intelligent.

Le premier tiers du film est de grande qualité  : les bastions de Rome des images initiales, face à la forêt barbare, sentinelles avancées de la Civilisation,  sont impressionnantes, la couleur gris-bleu, à peine éclairée par quelques torches et un pâle soleil de Septentrion pose très intelligemment le décor. La course de chars entre Livius (Stephen Boyd) et Commode (Christopher Plummer) est peut-être encore plus spectaculaire que celle de Ben Hur, ce qui n’est pas peu dire. Et l’enterrement de l’Empereur et bien d’autres séquences…

Mais c’est tout de même très théâtral et très verbeux : le défilé des rois, gouverneurs et procurateurs des provinces romaines devant Marc-Aurèle (Alec Guinness) est assez ridicule et m’a fait penser à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques modernes, chaque délégation se présentant derrière son drapeau ; l’intrigue amoureuse est insupportable (il est vrai que je n’apprécie pas beaucoup Sophia Loren qui est toujours trop maquillée et hiératique dans ces grosses machines, et que Stephen Boyd est extrêmement niais, voire bêta.

Et puis, je trouve, enfin et surtout, qu’il n’y a pas la moindre réflexion historique sur ce qu’a été la véritable catastrophe de la vraie fin de l’Empire romain d’Occident (la partie orientale survivant jusqu’à 1453, ne l’oublions jamais !) ; il y a là, vertueuse et limitée, une sorte d’assimilation à ce qu’a pu être l’histoire étasunienne, mais aucune préoccupation réelle sur ce qu’il advient aux Empires lorsqu’ils grossissent exagérément, tentant d’amalgamer des traditions et coutumes trop diverses pour être jamais assimilées et fondues dans un même creuset. Il y avait mieux à dire, si la production – ou l’angélisme étasunien – n’avait pas imposé l’anecdotique, c’est-à-dire la veulerie de Commode, aux constantes de l’histoire du Monde.

Film trop long, bien trop long pour la minceur de son propos…

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