La dernière maison sur la gauche (remake)

La vengeance au micro-ondes.

J’avais gardé un souvenir si détestable de La dernière maison sur la gauche dans sa version initiale de 1972, filmée par Wes Craven que je me disais que son remake, filmé en 2009 par Dennis Illiadis ne pouvait qu’être meilleur. Eh bien je n’avais pas tort et je crois même que j’ai pris un certain plaisir à regarder cette épouvantable histoire qui confronte un trio d’absolus salopards à une aimable famille d’un coin tranquille des États-Unis et se termine, après de sanglantes péripéties par l’extermination bienvenue des bandits. Ah ! Au fait on me souffle que le premier film était lui-même la rénovation de La source d’Ingmar Bergman   en 1960 ; c’est possible, mais il y a bien longtemps que j’ai cessé de fréquenter l’enquiquinant Suédois dont certains passionnés disent du bien. Tant mieux pour eux.

Donc, voilà : la famille Collingwood vient de subir un drame, la mort du grand fils, Ben, disparu on ne sait pas trop pourquoi ; le père, John (Tony Goldwyn) est chirurgien ; la mère, Emma (Monica Potter) encore bien belle, veille avec tendresse et attention sur Mari (Sara Paxton), qui n’a que 17 ans et pratique la natation de compétition. La famille possède une belle maison au fond de bois profonds et isolés, au bord d’un lac ; lors d’un week-kend Mari emprunte la voiture de ses parents pour aller retrouver, à la bourgade voisine son amie Paige (Marta MacIsaac), camarade d’enfance, qui paraît nettement plus délurée que sa copine. C’est ainsi que l’histoire se noue : ô, parents protégez vos oisillons mais soyez conscients que, contre la méchante Fortune, vous ne pouvez pas grand chose.

Un adolescent timide, Justin (Spencer Treat) appâte Paige contre un peu de shit qu’il peut lui procurer. Mari n’est pas très d’accord mais suit les deux autres jusqu’à un motel. L’herbe lève les complexes et on se demande si on ne va pas alors assister à une partie de jambes en l’air… Mais non ! Surgissent dans la chambre le père de Justin, Krug (Garret Dillahunt), sa souris Sadie (Riki Lindhome) au prénom fort bien trouvé et le frère de Krug, Francis (Aaron Paul).

Et d’emblée on voit que ça ne va plus rigoler du tout, d’autant qu’on se rappelle qu’en pré-générique on a assisté à la brutale libération de Krug, qui était conduit au pénitencier (ou à la chaise électrique ?) par Francis et Sadie… Ce joli monde est en plus de fort méchante humeur parce que le journal local propose en première page les binettes des bandits qui ont commis je ne sais quel crime, qui n’est évidemment pas le premier. Mari et Paige tentent de s’en sortir, de négocier, de fuir mais elles ne sont pas de taille et les voilà embarquées dans la grosse voiture de la famille Collingwood pour servir de guide aux truands qui veulent vite quitter la région, boisée et tortueuse. Tentative nouvelle d’évasion qui aboutit à un accident : la grosse voiture est hors d’usage, Francis a le nez cassé et Krug, qui n’avait pas besoin de ça, est exaspéré.

À nouveau tentative de fuite des deux filles, vite rattrapées. Paige est poignardée, Mari, violée, s’enfuit et plonge dans l’eau du lac où elle espère échapper grâce à ses qualités de nageuse. Et ça marche presque jusqu’à ce qu’une balle l’atteigne. Fin du premier épisode, si je puis dire.

Les parents Collingwood se sont bien inquiétés mais ils pensent que Mari, comme elle le leur a dit, dort chez Paige… Un orage éclate. Toc-toc-toc, on frappe à la porte. Mais qui voilà ? La gracieuse famille de Krug qui prétend avoir eu un accident et demande un peu de secours.

Je ne vais pas raconter le deuxième épisode dont on peut deviner le déroulement avec un minimum de jugeote (j’ajoute néanmoins pour rassurer les âmes sensibles et bienveillantes que Mari n’est pas tout à fait morte et que sa blessure est relativement superficielle : elle s’en tirera ce qui ne sera pas le cas de tout le monde… mais voilà que j’en ai déjà trop dit !).

À l’exception du dernier quart d’heure, beaucoup trop long et où le réalisateur tire à la ligne dans la bagarre féroce entre le Docteur Collinword et l’abominable Krug, le film est étonnamment bien rythmé et haletant : on sait bien que les nombreuses tentatives de fuite des deux jeunes filles sont forcément vouées à l’échec mais elles sont si habilement montées qu’on croirait presque qu’elles vont s’en sortir ; c’est d’ailleurs un des critères essentiels de ce genre de films : retarder au maximum ce qu’on sait qu’inéluctablement va survenir : c’est là que l’inventivité des scénaristes peut se donner à merveille ; eh bien, là, c’est réussi.

Réussies aussi les trognes des tueurs qui portent en eux une étincelle sadique et malfaisante qui donne froid dans le dos : tombés entre leurs mains, on sait bien qu’on n’en réchapperait pas. Mais – et voilà qui m’empêche de donner une note plus élevée – il y a un flou complet sur leurs histoires et leurs manières d’être ; dans la version première de Wes Craven, il était indiqué, malheureusement sans qu’on s’y appesantisse que le chef de la bande, Krug, avait été incarcéré pour le meurtre d’un prêtre et de deux religieuses ; en plus il tenait son fils et complice dans une volontaire dépendance à la drogue : ceci donnait aux actions de la bande un lustre satanique qui, pour le film second de Dennis Iliadis n’est pas même évoqué.

Voilà qui est bien regrettable parce qu’il faut, lorsqu’on est en face d’affreuses canailles, qu’on puisse les détester bien fort et pour des raisons qui dépassent le simple haut-le-cœur. Mais bon, il y a de très bonnes choses dans cette Maison-là.

 

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