La falaise mystérieuse

la_falaise_mysterieuse_affiche_originaleRire ou frémir, il faut choisir !

Finalement, le meilleur du DVD fort bien édité par Wild Side, c’est le supplément et la longue et intéressante intervention du réalisateur et historien du cinéma Christophe Gans, nourrie de références et de rapprochements. Voilà un homme qui, après la déception que vous avez eue de regarder le film, vous donnerait presque envie de le regarder à nouveau pour l’évaluer mieux tant ses points de vue sont subtilement argumentés.

Mais, si vous avez le bon esprit de vous reprendre, vous constatez que vous avez vu un film qui, à aucun moment, ne vous fiche les chocottes (alors qu’il est présenté par Martin Scorsese comme un des « trois films les plus terrifiants de tous les temps« ) et qui vaticine continuellement, dans un scénario d’une rare indigence entre une histoire sentimentale melliflue et une vague affaire de revenante vexée parce que son mari lui a planté des cornes.

critique-falaise-mysterieuse-the-uninvited-L-oWgGlRCertes le réalisateur Lewis Allen et son directeur de la photographie Charles Lang savent tout à fait bien installer des images inquiétantes, angoissantes, malfaisantes qui pourraient donner lieu à quelques séquences où la terreur s’insinue et bouscule nos certitudes ; il est vrai aussi qu’il n’est pas trop difficile, lorsqu’on pousse sur le devant une vieille grande maison anglaise et une côte sauvage, battue par les vagues, déchiquetée par la furie de l’océan Atlantique, de présenter aux spectateurs des images impressionnantes. Mais bon ! Dans la maison qui ne reçoit pas l’électricité, ce qui permet aux personnages de brandir à tout moment cierges, bougies et chandelles, hautement spectaculaires, se passent de drôles de phénomènes.

La-Falaise-Mystérieuse-image01-678x381Donnons acte au réalisateur d’avoir tenté de faire sentir l’étrangeté des choses par d’autres moyens que la représentation (imposée par le producteur, la Paramount) : l’odeur de mimosas qui survient, le froid qui occupe la pièce maléfique, le rabougrissement soudain d’un bouquet de fleurs, les gémissements torturés qui surgissent, tout ça n’est pas mal. Mais la bêtise du récit est si accablante qu’elle fait oublier ces bonnes idées.

Un scénario compliqué, des personnages affreusement falots, des acteurs interchangeables (même si la jeune héroïne, Stella Meredith/Gail Russell est un joli brin de fille), des audaces si mièvres qu’elles font sourire (la passion – homosexuelle ? – de l’ancienne dame de compagnie, Miss Holloway (Cornelia Otis Skinner) pour son ancienne maîtresse, la mère morte de Stella, le recours aux fumeroles de la psychanalyse), une incapacité à choisir le ton qui convient (histoire amoureuse ? histoire criminelle ? histoire fantastique ?) aboutissent à un film emberlificoté et plutôt ennuyeux, finalement.

On attend d’un film d’angoisse qu’il vous laisse des images fortes et durables ; mieux vaut alors revoir une nouvelle fois un chef-d’œuvre : La maison du diable, de Robert Wise.

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