La femme aux bottes rouges

Le talent n’est pas héréditaire.

C’est vrai, ça… On imagine que parce qu’il y a eu Sofia, fille de Francis Ford CoppolaJacques, fils de Maurice TourneurFrédéric, fils de Pierre SchœndœrfferJacques, fils de Michel Audiard (et même Alexandre Aja, fils d’Alexandre Arcady), tous les rejetons de réalisateurs illustres, ou même seulement notoires vont émerveiller nos écrans…

Mais Jean Becker n’atteint pas la cheville de Jacques, ni Marcel Ophuls le bout de l’orteil de Max. Et désormais, après avoir vu La femme aux bottes rouges, je vois bien que Luis Bunuel domine de cent coudées son Juan.

Et celui-ci pourtant, entame une pieuse imitation de la manière de son papa : choix des mêmes acteurs que dans Tristana, Catherine Deneuve et Fernando Rey et d’un de ses meilleurs scénaristes, Jean-Claude Carrière, choix d’une Espagne encore sévère et guindée, bien loin de la Movida, choix d’un oniro-surréalisme visiblement copié-collé…

Et ça ne marche pas ; d’ailleurs, ça n’a pas dû beaucoup marcher dans les salles malgré le petit succès de scandale qui devait bien figurer dans la bande-annonce ou être relatée dans les articles de presse de Catherine Deneuve ouvrant en un clin d’œil son immense manteau et apparaissant entièrement nue ; mais le clin d’œil est si rapide que personne ne peut dire s’il ne s’agit pas d’un trucage subliminal et le voyeur qui sommeille en beaucoup d’entre nous est très malhonnêtement frustré.

C’est assez lent, ennuyeux, ça reprend en décalque cacochyme toutes les obsessions, frustrations, névroses, maniaqueries, malsaines excitations qui font le charme de Luis Bunuel, mais avec tant de maladresse, de naïveté, même parfois, qu’on s’interroge sur la pertinence de cette histoire d’un patricien richissime et d’une jeune femme magicienne divisée entre l’amour de deux hommes aussi insignifiants l’un que l’autre (Jacques Weber alors barbu et chevelu et Adalberto Maria Merli qui sera bien plus convaincant l’année suivante en tueur puritain de Peur sur la villed’Henri Verneuil).

Bref, c’est à éviter, sauf à titre ethnographique et historique. Mais c’est terriblement daté.

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