Les moissons du ciel

Très beau et très bêta.

Depuis le temps que l’on me chante merveilles sur le cinéma de Terrence Malick, je ne demande pas mieux que de me faire une opinion un peu structurée sur le bonhomme, rare, et, comme tous les cinéastes rares, souvent jaugé à l’aune de sa rareté. Il y a deux ou trois ans, j’avais regardé Le nouveau monde et j’avais été à la fois séduit par la beauté des images et accablé par l’indigence de l’intrigue et, surtout, de la philosophie, naturaliste, panthéiste, rousseauiste… tout ce que je déteste.

Ce soir, Les moissons du ciel, deuxième film du réalisateur et un des plus célébrés. Qu’en dire ? même ressenti, pour les mêmes motifs : des images sublimes, des tableaux composés avec un soin extrême, une attention continue donnée à l’espace, à l’équilibre des couleurs, des statures, des physionomies, même. Il y a dans la couleur et dans la lumière une qualité extrême, très léchée, très recherchée. Mais, ma lucidité reprenant ses droits, on voit à peu près les mêmes choses sur des chaînes de télévision qui présentent la beauté du monde, National Géographic, Discovery ou Planète : on sait parfaitement aujourd’hui, en y prenant le temps, proposer aux spectateurs des aubes et des crépuscules, des plans d’incendie et de rivières qui donnent à l’œil une impeccable satisfaction.

1303578147_les-moissons-du-ciel-19Mais alors, dès qu’on passe au récit, qu’est-ce qu’on déchante !! L’intrigue des Moissons du ciel est du niveau des Feux de l’amour, légèrement au dessus des nouilleries du type Les oiseaux se cachent pour mourir, puérile, oiseuse, mélodramatique, pleine d’une émotivité assez grotesque, sans substance et sans épaisseur.

C’est assez curieux, cette dispersion entre une beauté formelle un peu froide mais très intéressante, et un propos du niveau d’un ciné-roman. Finalement, ce Malick n’est qu’un ornemaniste…

Certains m’ont dit grand bien du dernier film de Malick, qui s’appelle À la merveille ; mais le scénario, lu sur Wikipédia me semble tellement indigent…

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