La vierge du Rhin

À cause de plein de choses…

Quel film solide ! De la belle ouvrage artisanale, comme la Qualité française en produisait avant les temps maudits de la Nouvelle Vague !

Scénarisé par Jacques Sigurd, le noir adaptateur des meilleurs films d’Yves Allégret (dont le désespérant Manèges et le pluvieux Une si jolie petite plage), La Vierge du Rhin bénéficie de l’extrême photogénie de la navigation fluviale, dont il faudrait dresser un jour un inventaire critique, de L’Atalante à L’homme du « Picardie » !

L’intrigue est bien un peu prévisible et convenue, à mon sens, mais ingénieuse et efficace. Gabin est excellent, dans la période incertaine de sa carrière (c’est le dernier film qu’il tourne avant Touchez pas au grisbi qui le relancera définitivement) et Elina Labourdette (qui fut la femme de Louis Pauwels) y est aussi vénéneuse qu’elle est charmante dans Édouard et Caroline de Jacques Becker

27 juin 2008

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Revu un jour de paresse et passablement déçu. Intrigue tordue et assez agaçante à suivre, finalement.

Si ça n’était pas un film de 1953, paré de toutes les nostalgies qu’on peut éprouver pour le Noir et Blanc, les acteurs d’antan, les mille détails qui font revivre, à ceux qui les ont vécues, les années enfuies (la bière de ménage, servie au litre, par exemple, l’abondance des Traction avant Citroën), si ça n’était pas un film joué par Jean Gabin, est-ce qu’on commenterait ce petit truc insignifiant paré d’un beau titre ?

Ceux qui sont intrigués, intéressés, fascinés par la vie sur l’eau paisible des fleuves n’auront pas leur content. Il y a évidemment L’Atalante, dont le souffle fiévreux dépasse largement le cadre de la péniche ; mais il y a avant tout, pour qui voudrait une ethnographie de cet étrange métier de marinier, le merveilleux feuilleton L’Homme du « Picardie », qui effectue une plongée en profondeur sur ce monde rare.

La vierge du Rhin ne donne pas beaucoup d’aperçus sur la vie à bord ; tout juste à la fin du film a-t-on quelques intéressantes images sur les portiques immenses du port fluvial de Strasbourg, qui n’ont rien à envier à leurs petits cousins des ports maritimes ; mais rien, ou fort peu, sur l’économie du métier, les bourses de fret, la navigation…

Tout est centré sur une intrigue policière ennuyeuse, où le méchant, Pietr (Claude Vernier) est si insignifiant qu’on le remarque à peine ; si meilleur est le méchant, meilleur est le film, selon le précepte d’Hitchcock, ça plombe sérieusement l’œuvre de Gilles Grangier ; et le thème du disparu qui revient, à la mode moins de dix ans après la fin de la guerre (Un revenant de Christian-Jaque, Retour à la vie de Clouzot, Cayatte, Lampin et Dréville) est traité de façon bien superficielle.

Que sauver ? Le charme vénéneux d’Elina Labourdette (l’épouse traîtresse), le charme sage d’Andrée Clément (la secrétaire fidèle) au service d’un Gabin au minimum syndical… C’est bref.

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