Le diabolique Docteur Mabuse

le-Diabolique-Dr-Mabuse-01Roman-photo.

J’ai été passablement décontenancé par Le diabolique Docteur Mabuse, découvert avant-hier, sans que j’aie jamais vu les deux premiers épisodes réalisés par Fritz Lang en 1922 (Le docteur Mabuse) et 1933 (Le testament du Docteur Mabuse) et pas davantage les films postérieurs tournés par Harald Reinl (Le retour du Docteur Mabuse en 1961 et L’invisible Docteur Mabuse en 1962). Il se peut donc que je parle un peu légèrement du personnage et de la série…

Autant dire que j’attendais de Fritz Lang quelque chose de plus somptueux et de plus grave ; resté sur l’enchantement des Contrebandiers de Moonfleet et du diptyque Le tigre du Bengale/Le tombeau hindou, j’espérais un film un peu similaire au Judex de Georges Franju (il est vrai de 1963, donc postérieur), en tout cas dans la lignée des terrifiantes aventures de Fantômas ; et, en noircissant à peine le tableau, je me suis retrouvé dans une aventure de Lemmy Caution qui aurait pu être tournée par Bernard Borderie ou Jean Sacha. C’est d’autant moins désagréable qu’on ne subit pas la gueule ravagée d’Eddie Constantine et que Dawn Addams est bien plus belle que Dominique Wilms ou Nadia Gray, mais enfin ça manque tout de même de… piquant.

le-Diabolique-Dr-Mabuse-02 De piquant et de cruauté, même si l’arme favorite employée par les séides de Mabuse, une aiguille d’acier envoyée dans le crâne, est une idée assez originale pour séduire. Mais on n’en retire pas grand chose et surtout pas les chocottes qu’on attend des films censés mettre en œuvre un Génie du Mal. Quelles sont les inquiétantes silhouettes de ce Mabuse ? L’homme au pied bot (Reinhardt Kolldehoff), qui, finalement n’est pas un mauvais bougre, la physionomie fermée du Numéro 12, qui est Howard Vernon, habitué à jouer les figures cruelles… et c’est à peu près tout.
le-Diabolique-Dr-Mabuse-03En regardant Le diabolique Docteur Mabuse, je me disais que ça ressemblait fortement à un genre de divertissement aujourd’hui sans doute à peu près disparu : le roman-photo qui a connu son apogée précisément dans les années 60 : beaucoup d’ellipses et de postures, un scénario minimaliste et outrancier : des images, des personnages caricaturaux, comme celui du Commissaire Kras (Gert Fröbe) ou celui du milliardaire Travers (Peter van Eyck) qui n’ont aucune substance.

Très bizarre impression de voir un grand cinéaste se laisser aller à faire de la série B, en tout cas…

Leave a Reply