Renoir

20303396Très zoli.

C’est un grand mal du cinéma français d’aujourd’hui que de négliger complètement ce qui était, dans le cinéma français d’hier, une force et souvent un enchantement : les seconds rôles qui donnaient chair et substance aux œuvres. Désormais l’orientation constante, dirait-on, est de mettre le paquet sur un sujet (en négligeant souvent de le développer vraiment et de le traiter correctement), de choisir un acteur vedette qui fera venir un peu de monde devant les écrans et d’entourer tout cela d’images décoratives tournées dans de beaux endroits.

C’est exactement le cas de ce Renoir de Gilles Bourdos. Une grande vacuité d’inspiration, un grand acteur – Michel Bouquet – sur qui on place toute la mise, un joli cadre et une photographie chatoyante. Et comme sujet un épisode (réel ou inventé) de la vie d’une grande célébrité française, que tout le monde connaît pour avoir vu ses chromos sur une foultitude de calendriers des Postes et de boîtes de chocolats. Auguste Renoir, vieilli, le corps déformé par l’arthrite, égoïste, indifférent aux siens, riche à millions, entouré d’une kyrielle de femmes, jeunes et vieilles, à lui toutes dévouées, anciens modèles rassis ou rejetés dans l’attente de la nouvelle toquade…

 0850af9cd0518f161da5e507e51e4ea6Andrée Heuschling (Christa Theret) devient modèle et muse du vieux peintre, au grand dam de toute la maisonnée, à l’exception de ses deux derniers fils, Jean (Vincent Rottiers), le futur cinéaste et Claude, dit Coco (Thomas Doret), le cadet, qui deviendra céramiste. Tout le film est prétexte à montrer nue la jeune femme et à réaliser de jolies images dans une propriété magnifique, balcon sur la Méditerranée. C’est d’une insignifiance absolue.

3cf2400cab4312775169ed30ca655Et il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour me faire écrire (voici une figure de style, la prétérition, qui est un peu faux-cul, n’est-ce pas ?) que l’insignifiance du film est à la mesure de la peinture de Renoir, une des plus considérables fausses gloires de la peinture française, producteur forcené de toiles bariolées qui rassurent tout le monde par leur réconfortante capacité d’endormissement de l’œil. Comme Camille Corot, comme Claude Monet et bien avant Pablo Picasso, Auguste Renoir a été un de ces produits marketing lancés par des marchands d’art (quelle expression significative !) dans la production de masse. Plus de 4000 tableaux à son actif…

Savez-vous combien il y a d’œuvres reconnues de Vermeer de Delft ? Entre 35 et 50…. Ça dit sinon tout, du moins beaucoup sur l’imposture…

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