Le jour et l’heure

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À coté de la cible

René Clément, qui ne fut jamais enrégimenté dans la Qualité française ni dans la Nouvelle vague, a beaucoup tourné sur la dernière Guerre, commençant une carrière de réalisateur atypique par l’excellent Père tranquille, la poursuivant dans la lyrique Bataille du rail, abordant, avec Les maudits le sort des vaincus, rencontrant son plus grand succès critique avec Jeux interdits, concluant la série avec un Paris brûle-t-il ? à grand spectacle.

Prévention favorable pour Le jour et l’heure, donc, d’autant que la vedette en est Simone Signoret et qu’il paraissait intéressant de comparer la Thérèse de ce film et la Mathilde de la sublime Armée des ombres.

L’idée du scénario n’était d’ailleurs par en soit mauvaise : il s’agissait de montrer que, dans un conflit aussi totalitaire il n’était pas concevable de prétendre se tenir au dessus de la mêlée et de croire que l’on peut échapper aux drames.

le-jour-et-l-heureEntrée on ne sait trop comment dans la Grande bourgeoisie, dotée d’un mari prisonnier en Allemagne et d’une belle-sœur qui la déteste (Geneviève Page, dont le rôle était intéressant, mais demeure ébauché, seulement), Thérèse Dutheil se trouve, par une suite de hasards et surtout par la force des choses, conduite à convoyer vers l’Espagne trois aviateurs alliés abattus au dessus de la France. On est à l’extrême fin de la Guerre (un calendrier, au début du film, marque la date du 23 mai 1944), mais, à dire le vrai, et à part la sauvagerie des Miliciens (présence singulière et non créditée de Maurice Garrel), rien ne montre trop qu’on est au bord de l’effondrement de l’Occupation.

C’est que l’intrigue bifurque trop vite et presque exclusivement vers l’histoire d’amour qui va naître entre Thérèse et le capitaine Allan Morley (Stuart Whitman), et que cette intrigue, extrêmement conventionnelle, parasite le film, où l’on ne sent, dès lors, aucun souffle, aucune ferveur.

Le jour et l'heureC’est du travail honnête, si l’on veut (a-t-on jamais vu Simone Signoret mauvaise, dans un film ?), mais banal, quelquefois ennuyeux et souvent ridicule (la récupération des chèvres enfuies par les trois aviateurs descend même jusqu’à la pantalonnade).

En fait ce n’est pas une histoire de guerre, moins encore une histoire de Résistance, c’est une histoire d’amour contrarié ou contraint ou contenu qui s’appuie sur des événements historiques qui pourraient être de tout temps et de toute époque ; et comme rien ne passe, de cette Histoire, en direction du spectateur, on attend simplement que les minutes s’écoulent et que le film, à force de tirer à la ligne, atteigne sa fin…

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