Les babas cool

La macrobiotique est un humanisme.

Étrange destin cinématographique que celui de François Leterrier, qui fit l’acteur chez Robert Bresson, puis engagea une carrière de réalisateur difficile, marquée à ses débuts par des films magnifiques, austères, graves (Les mauvais coups – 1961 -, Un Roi sans divertissement – 1963 -, La chasse royale – 1969 -) qui n’ont rencontré qu’un succès d’estime. Encore une dramatique sèche et élégante pour la télévision, en 1976, Milady, qu’on s’étonne toujours de ne pas voir éditée en DVD alors qu’elle a des milliers d’amateurs.

Puis, sans doute parce qu’il en a marre de se ramasser des bides et parce qu’il faut bien vivre, du porno-soft (Good-bye, Emmanuelle) en 1977 et une adaptation de la boulevardière Françoise Dorin, Va voir papa, maman travaille ; le chemin noir des ambitions rabattues, c’est évident.

Si j’écris, maintenant, que les films suivants sont de sacrées bonnes surprises, on ne sera pas obligé de me suivre. Deux d’entre eux, Je vais craquer (1980) et Tranches de vie (1985), sont adaptés des bandes dessinées de Gérard LauzierLauzier qui a réalisé lui-même, entre autres, La tête dans le sac (1984) et Le plus beau métier du monde (1996).

Les babas cools (3)On voit où je veux en venir ? Non ? Eh bien voilà des auteurs et des films qui participent de la même pensée réactionnaire, profondément anti-68 et qui, sur un ton différent mais analogue à celui de Michel Houellebecq font le constat de la déprime post-libertaire qui a suivi l’insurrection des pavés et de l’impasse où la volonté de destruction des structures traditionnelles a conduit ceux qui se sont englués dans le miroir aux alouettes.

Et Les babas cool, donc, aussi qui sont une des charges les plus rosses  qui se puissent sur les communautés éprises de lait de chèvre, de sandales en cuir brut, d’école émancipée, de « spiritualités » orientales, de substances hallucinogènes et de « liberté » sexuelle qui ont fait florès en Europe, et en France surtout, du côté du Larzac et du Luberon (surprenant, hein ? rien dans la Champagne pouilleuse ou sur le plateau des Mille-Vaches).

s_29671_1403026028_vlcsnap__12_01___11h17m22s118Charge rosse, mais jamais méchante ou acide : on se moque sans se fâcher, en trouvant bien ridicules, comme le font les vrais paysans du coin, ces fondus qui restaurent à grand mal et sans grande capacité des murets de pierre abattus à grand mal pour permettre le passage des tracteurs (ce sont les mêmes fondus qui aujourd’hui ont obtenu qu’on réintroduise sur le territoire des ours et des loups, fléaux que l’on avait mis mille deux mille ans à éradiquer). Il y a plus de dérision que de cruauté dans le regard posé sur la collection de benêts, d’antinucléaires, d’illuminés, de parasites, de nymphomanes qui se jouent, lors d’un bel été lumineux en Haute-Provence, la comédie de leur importance et de leur intransigeance devant la société de consommation.

Les babas cool sont de ces films que des chaînes de télévision mineures projettent régulièrement aux temps de vacances ; il m’arrive de regretter qu’ils ne donnent pas lieu à un de ces débats dont on se régalait aux Dossiers de l’écran de jadis…

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