Les Monstres

artoff3241Merveilles de la comédie italienne.

La difficulté de noter un film à sketches tient, d’évidence, à sa nature.

D’abord, qu’est-ce que c’est, un film à sketches? Un film réalisé par plusieurs réalisateurs autour d’une même idée, tragique (Retour à la vie), sarcastique (Boccace 70), comique (Les nouveaux monstres) ? Un film où un même réalisateur, autour d’un fil conducteur plus ou moins pertinent fait des exercices de style narquois (Sept fois femme) ou horrifiques (Les trois visages de la peur) ? Voilà qu’à ce compte, on peut même inclure une série de saynètes comme Les casse-pieds ; et, pourquoi pas, en allant beaucoup plus loin, une série de brillants numéros reliés par un fil improbable, comme Les perles de la couronne

smallOn s’en rend compte, la définition n’est pas aisée. Néanmoins, on s’accorde à peu près pour conférer aux Monstres le statut un peu particulier de chef-d’œuvre grinçant.

On n’a pas tort, d’autant que ça illustre à merveille les difficultés et les aléas de ce patchwork hasardeux. Séquences de durées très différentes, par exemple ; et on est bien forcé de constater que les sketches qui fonctionnent le mieux sont ceux qui donnent un peu de temps au temps ; en premier lieu, l’admirable et désespérant Noble art, aussi sordide et accablant qu’on peut le souhaiter (Ce Sono contente, sono contente de Gassman ! Une merveille déprimante !), mais aussi La rupture où le même Gassman est absolument bluffant de veulerie, salaud incroyable pire encore qu’on pouvait l’imaginer, ou encore La journée d’un parlementaire avec un Tognazzi admirable représentant des compromissions, combines et impostures des élus du peuple.

Et encore Le témoin volontaire, ce pilonnage du passé et de l’honorabilité d’un quidam pas plus mauvais qu’un autre et de son misérable petit tas de secrets par un avocat habile et sans scrupule. On n’aurait pas vu ça récemment à New-York, dites-vous ?

Il y a tout de même des scories et des facilités : Le rapt, la vieille dame jetée dans la piscine, L’inauguration, la Fiat 500 (la fameuse Topolino) qui sert d’abord à aller voir les filles, On oublie vite, et le hiatus facile entre les horreurs de la Guerre et les égoïsmes du présent.

Et des chevilles, de petits numéros burlesques, inspirés du cinéma muet, guère intéressantes en elles-mêmes (La rue est à tout le monde, où Gassman tempête à tout va contre les automobilistes avant de se conduire aussi mal que ceux qu’il insulte, L’embuscade, où Tognazzi colle des PV sans se faire voir, Le testament de Saint François, et son prédicateur cauteleux et narcissique…)

C’est un peu la loi du genre, il est vrai, cette hétérogénéité, mais ça en marque les limites. Dino Risi, dans le supplément du DVD, ne se rengorge d’ailleurs pas. C’est remarquable, mais il est bien encore meilleur de voir et revoir Une vie difficile, Parfum de femme ou, ce qui est à mes yeux le sommet, Le fanfaron

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