Les vécés étaient fermés de l’intérieur

Veces_fermesCommisération.

Déjà, adapter une bande dessinée au cinéma est une sacrée gageure ; et très médiocre connaisseur du genre, je lance d’ailleurs un appel : quelqu’un connaît-il une adaptation satisfaisante d’une B.D. ?

Mais se lancer dans cette complication pour sa première réalisation, c’est se mettre soi-même, il me semble, La tête dans le sac (j’ai l’air de me répondre : les adaptations tirées par Gérard Lauzier de ses œuvres, celle-ci et Je vais craquer, dont il fut scénariste, le réalisateur étant François Leterrier, me semblent tout à fait conformes à l’esprit de l’image).

 Mais Les vécés étaient fermés de l’intérieur, c’est tout à fait ridicule et ennuyeux. Lui-même dessinateur de talent dans le mythique journal Pilote, Patrice Leconte commençait mal, en essayant de traduire à l’écran, et avec le concours de son concepteur de désopilantes aventures narrées par le génial Marcel Gotlib.
0000506_gal_004_medMais comment échapper à la rigueur des cadres dessinés ? Tenter de les reproduire tels quels et de les faire vivre a dû paraître à Patrice Leconte une orientation acceptable ; grave erreur ! Il est paradoxal que les personnages, si vivants, si tonitruants lorsqu’ils sont croqués sur le papier apparaissent figés, statiques, irréels lorsqu’ils bougent sur l’écran. Et puis, sur le papier, les fariboles les plus invraisemblables passent tout de même davantage…
Ce qui s’oubliait vite quand il n’y avait pas d’images enregistrées, lorsqu’une nullité théâtrale ne restait pas dans la mémoire des spectateurs demeure, hélas !, figé sur la pellicule et navre ceux qui apprécient Jean Rochefort et Coluche. Cela étant, dans le film, les acteurs sont tellement caricaturaux et leur manque de conviction est si éclatant qu’on peut presque ne pas leur en vouloir d’avoir été chercher leur cachet à la fin du tournage : après tout il faut bien payer ses impôts et nourrir ses gosses. On peut déplorer aussi les errances de Roland Dubillard, si souvent éclatant maître de l’absurde et qui est là bien médiocre.
extrait_11521223_0Tout ça est donc réellement piteux, presque gênant. Je gage d’ailleurs que Leconte, si boulimique de cinéma, si prompt, dans les entretiens qu’il donne, à reconnaître qu’il aime tellement tourner qu’il peut lui arriver de se tromper et de tomber dans les pires précipices, ne doit pas avoir une très bonne opinion de son premier film, ou alors une bizarre tendresse narquoise, comme celle qu’on a du souvenir du premier baiser qu’on a donné…

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