L’homme aux clefs d’or

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Mélo machiavélique

Je conçois bien que le jeu très particulier, très théâtral de Pierre Fresnay puisse laisser assez froid ; il était fait pour jouer les hommes distingués, d’autorité et/ou de conviction, comme dans – bien sûr ! – La grande illusion, mais aussi L’assassin habite au 21, Le corbeau, Barry ou Le défroqué. Je trouve en tout cas qu’il n’est pas mal du tout dans cet Homme aux clefs d’or, flamboyant mélodrame assez intéressant du fait que le professeur droit, rigide, sévère-mais-juste, se transforme en ange exterminateur impitoyable après avoir été humilié, dupé et chassé par le complot des petits salopards ; ça, c’est assez novateur dans le genre de films bien-pensants : les machinations haineuses, d’ordinaire, ne peuvent pas être accomplies par le héros. Là, elles le sont et la rancune vengeresse a de la vigueur.

Si Annie Girardot est excellente en petite salope perverse, elle a toutefois une excuse : elle est complètement sous la coupe du garçon dont elle est amoureuse follement, Rémy Bellanger, joué par ce Gil Vidal qui, pendant une petite dizaine d’années a incarné à l’envi et avec un certain talent les petites gouapes vicieuses à qui les honnêtes gens aimeraient casser la figure (notable exception, le gentil amoureux de A Pied, à cheval et en voiture) ; enfin ! tout ça ne leur réussira pas tellement, mais c’est avec des méchants de qualité qu’on fait les (assez) bons films…

À propos de Fresnay, quelques ouvrages bien informés (et, à franchement parler, la notoriété publique) nous apprennent aussi qu’aussi qu’Yvonne Printemps – qui fut une des cinq femmes de Sacha Guitry – était une de ces cuisses légères (comme disait ma sainte grand’mère) dont l’Histoire de France est prodigue ; elle avait débuté dans une revue gracieusement et finement intitulée Ah ! les beaux nichons ! (on voit là que le graveleux et le salace sont de toutes les époques) et, véritable nymphomane, elle eut un nombre inimaginable d’amants, malgré (ou à cause ?) de l’amour fervent que lui portait Fresnay (avec qui elle n’était d’ailleurs pas mariée).

Mais revenons à L’homme aux clefs d’or et refermons vite ces pages plus proches de Voici ou de Gala que de nos austères et érudits travaux !

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