Apocalypto

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Un spectacle à couper le souffle !

La haine – je pèse le mot – qui suinte de la plupart des critiques consacrées à Mel Gibson à l’occasion de la sortie d’Apocalypto est absolument sidérante ; qu’on puisse juger médiocre le talent de l’acteur (il me semble pourtant que beaucoup avaient apprécié Mad Max) et insuffisant le réalisateur (je lis pourtant que Braveheart a obtenu l’Oscar de la meilleure réalisation) qu’on puisse estimer que La Passion du Christ posait quelques problèmes (se reporter aux débats nourris que nous avons eus sur ce film) ne devrait pas donner le droit à proférer des attaques ad hominem d’une grande bassesse et de se lancer dans une entreprise de démolition si excessive qu’elle en devient insignifiante.

La plupart des articles que j’ai lus rappelle en effet avec une grande complaisance que Gibson vient d’avoir de sacrés problèmes de conduite en état d’ivresse et qu’il ne fait plus mystère d’une addiction à l’alcool ; cette vertueuse indignation (il ne me paraissait pourtant pas que le milieu du cinéma était exempt de toute faiblesse en termes de whisky, de cocaïne, de ballets roses ou bleus, etc.) appuie sur la chanterelle en appelant au service de son mépris gluant des spécialistes de l’Histoire amérindienne qui nous expliquent, en gros, que le film n’est pas fidèle à la vérité scientifique (on en a beaucoup moins fait pour Troie) et qu’en plus il est d’une sauvagerie inouïe.

apocalyptosceneBeaucoup poussent des cris d’orfraie à l’évocation de la scène – très dure, il est vrai – des sacrifices humains où un grand prêtre arrache un cœur palpitant de la poitrine des victimes ; ouh là là ! Est-ce que ça ne vous rappelle rien ? Par exemple un film de 1983 où se pressaient beaucoup d’enfants ? C’est ça ! Dans Indiana Jones et le temple maudit, le chef des sectateurs de Kali (Amrish Puri) fait de même ; sans doute est-ce moins sanglant mais le film n’était pas interdit aux moins de 12 ans comme l’est, à juste titre, le Gibson.

Le journaliste du Monde (un des rares qui ne soit pas haineux) écrit, dans sa chronique Apocalypto est un spectacle efficace, avec une mise en scène toujours en mouvement, et des acteurs absolument formidables. C’est tout à fait là ce que j’y ai trouvé : au delà d’une intrigue qui peut être niaise (l’accouchement final par exemple), d’un certain abus des ralentis et – pour ceux qui n’aiment pas ça – de la violence continuelle (dès la chasse au tapir et la mise à mort d’icelui), il y a une formidable efficacité, une course-poursuite d’une heure entière absolument stressante et haletante, le parti-pris (à mon sens excellent) d’un film entièrement parlé en langue yucatèque.

Franchement, je vois mal pourquoi on fait procès à Mel Gibson de présupposés idéologiques, d’autant que, si le journaliste du Monde déjà cité interprète le film comme un pamphlet anti-Bush (Il met en garde contre ceux qui, aujourd’hui, prétendent se rendre maîtres du territoire des autres par la violence au nom de leurs croyances divines), d’autres journalistes croient voir, dans ce remarquable film d’action (appelé avec mépris film de genre) une justification de la colonisation, les Espagnols étant les bienvenus pour mettre fin aux sacrifices humains.

screenshot-sml-28On peut en penser ce que l’on veut ; mais il est tout de même abusif de voir en Gibson un idéologue (anti- ou pro-colonialiste, selon les journaux) comme il était absurde de voir dans La Passion du Christ un film antisémite car, ainsi que je l’ai écrit sur ce site, si ce sont les Juifs qui condamnent, ce sont les Romains qui flagellent et crucifient – des Hommes, n’est-ce pas, dans l’un et l’autre cas ? –

En tout cas, courrez voir Apocalypto : vous ne rattraperez pas Patte de jaguar !

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