L’homme de la plaine

On attend encore la cavalerie !

Je ne parviens pas à comprendre comment de distingués amateurs de cinéma, dont je ne mets nullement en cause la sincérité ni la bonne foi, peuvent trouver de l’intérêt et plus, même, de l’enthousiasme à la vision de ces histoires poussiéreuses aux scénarios minimaux, quelquefois infantiles et à la lenteur pesante. Les westerns de l’époque classique me semblent, à de rares exceptions près (La prisonnière du désert) toujours bâtis sur les mêmes schémas, avec les mêmes images, les mêmes paysages rugueux, les mêmes baraques de planches, les mêmes personnages sommaires, les mêmes femmes à poigne, les mêmes mélodies sirupeuses. Il a fallu les Italiens et Sam Peckinpah pour mettre un peu de vigueur dans cette tisane.

Quelquefois le film est sauvé par la présence de sauvages Peaux-Rouges qui apportent une sympathique couleur locale et un peu de diversité dans ces interminables affaires de propriétaires terriens et de garçons vachers qui pratiquent l’élevage extensif. Comme il est question d’Indiens apaches dès le début de L’homme de la plaine et des trafics d’armes automatiques que les méchants fricotent avec eux, j’ai attendu impatiemment l’arrivée des autochtones. Macache ! C’est seulement cinq minutes avant la fin du film qu’une petite bande, armée de façon composite de flèches et de fusils, massacre sans grand spectacle sanglant le méchant Vic Hansbro (Arthur Kennedy) qui l’a bien mérité. En revanche on attend toujours l’irruption de la Cavalerie qui sait d’habitude intervenir à point nommé pour sauver la mise des vaillants éleveurs.

Sans être compliquée, l’histoire est un peu tordue de ce capitaine de cavalerie Will Lockhart (James Stewart) qui s’est fait transporteur de marchandises pour venir enquêter dans la petite bourgade de Coronado. Lockhart veut, en fait, savoir qui a vendu aux Apaches les fusils qui leur ont permis de massacrer une escouade dont faisait partie son jeune frère. Comme de juste tout le coin est sous la domination presque absolue du patriarche Alec Waggoman (Donald Crisp)dont le fils Dave (Alex Nicol) est une brute cruelle et incapable et qui s’appuie donc sur son contremaître Vic Hansbro. Hansbro, qui paraît être le plus normal de la bande est par ailleurs vaguement fiancé avec Barbara Waggoman (Cathy O’Donnell), nièce du potentat.

Pour des histoires plutôt ridicules de chargement de sel sur la propriété Waggoman, le conflit éclate entre les bouseux de Coronado (qui doit être au Nouveau Mexique) et les marchands venus de Laramie, dans le Wyoming.

Voilà, c’est tout. Un peu plus d’une heure et demie après, les réellement méchants sont morts, le patriarche, qui a manqué être assassiné, est devenu définitivement aveugle et se prépare à convoler avec la robuste Kate Canady (Aline MacMahon) une des rares propriétaires de terres qui avaient jusque là résisté à son imperium et qui se trouve être (comme c’est touchant !) son ancienne fiancée. Quant à Lockhart/Stewart, il quitte la ville sur un clin d’œil complice à Barbara/O’Donnell en lui susurrant que si jamais elle passe par Laramie… Sourires entendus.

Quelques belles perspectives sur des paysages d’une sauvage aridité, des touffes d’herbes rases et des ciels bleuâtres ennuyeux. James Stewart ne manque pas de qualités. On cherche ce qu’on peut trouver d’autre. On cherche toujours.

 

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