L’homme des vallées perdues

Hommes rudes et grands espaces.

D’humeur paresseuse et dans la perspective de contempler de grands espaces, de fraîches solitudes peuplées d’hommes rudes et univoques, j’ai revu tout à l’heure L’homme des vallées perdues, dont j’ai (trop) dit ici et là combien le titre français qui fait tant rêver par son ample sonorité avait fasciné mon enfance.

Et je me suis un peu ennuyé, dans un patchwork de sympathie pour une histoire trop lentement déroulée, mais assez fortement écrite (la guerre inexpiable entre les pionniers – l’élevage extensif – et les colons – les agriculteurs intensifs -), des personnages qui ne sont pas simplistes, avec des relations intéressantes et nuancées, et quelques séquences anthologiques, en premier lieu le meurtre de « Stonnewal » Torrey (Elisha Cook Jr, moins gluant et couard que d’habitude, mais tout aussi perdu) par le vipérin Jack Wilson (Jack Palance), meurtre accompagné de l’humiliation par la boue et de la haine qui oppose le Nordiste Wilson au Sudiste Torrey, mais aussi la fête du 4 juillet qui montre sans doute assez bien ce que pouvait être la vie d’une communauté villageoise dans l’immense et vide Wyoming.

Le Wyoming, donc, et, au contraire de beaucoup,  je trouve la région bien laide, à tout le moins la vallée siège de l’intrigue, qui est certes encerclée de belles montagnes enneigées, mais qui est plate comme la main, presque dépourvue de tout arbre et pleine d’une gadoue qui n’est pas très agréable à regarder ; les bagarres, pour spectaculaires qu’elles sont (c’est la loi du genre et de l’époque) sont dépourvues de toute vraisemblance, les coups donnés, s’ils étaient réels, suffisant à fracturer phalanges et maxillaires ; l’actrice principale, Jean Arthur, dépourvue de toute séduction (mais il est vrai qu’une paysanne de ces années rudes et de ces terres désolées ne devait pas en avoir beaucoup, et que l’actrice avait 13 ans de plus qu’Alan Ladd, ce qui se voit tout de même un peu).

C’est assez lent, ça porte une belle histoire d’amour inexprimé et la fascination d’un gosse (trop présent, toutefois) pour son héros, ça dispose d’une musique westernienne classique et agréable. Mais, au lieu de glisser ça dans mon lecteur, j’aurais mieux faire de revoir Lost highway, avec quoi j’ai hésité. C’est tout de même d’une autre dimension…

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