Nuits blanches à Seattle

Comédie pluvieuse.

Rituellement, à l’issue du journal télévisé de 13 heures, TF1 propose aux spectateurs une comédie (romantique, ou dramatique ou policière : peu importe : c’est le même gloubi-glouba). C’est à ce moment là que, forcément, je change de chaîne. Je suppose que si j’étais assidu de ces monuments de pâtisserie plutôt écœurante, je trouverais dans la masse proposée à l’attention des vieillards qui, comme moi, sont à la limite de la sieste digestive, je trouverais, donc, quelque chose d’un peu analogue à Nuits blanches à Seattle. Le mélange niais d’un sujet tragique larmoyant et d’une histoire amoureuse cousue d’une multitude de fils blancs.

La seule différence entre le film de Nora Ephron et les téléfilms susvisés réside sans doute dans les moyens techniques employés et l’emploi d’acteurs de belle notoriété, Meg Ryan et surtout Tom Hanks ; pour le reste, je gage que ça pourrait être rédigé par n’importe quel atelier d’écriture qui, partant d’une situation donnée, sait aboutir à une conclusion qui satisfera tout le monde en passant par un nombre congru de péripéties.

Donc Sam Baldwin (Tom Hanks), architecte de Chicago, vient d’avoir la douleur de perdre sa femme chérie qui l’a laissé seul avec Jonah, leur fils (Ross Malinger), qui doit avoir une dizaine d’années. Inconsolable, Sam quitte Chicago pour ne pas demeurer dans la ville où il a été si heureux et va s’établir à Seattle, sur le Pacifique, une des villes les plus pluvieuses des États-Unis. Quinze mois passent, d’une vie grise.

Parallèlement, à Baltimore, dans le Maryland, tout à fait à l’opposé, Annie Reed (Meg Ryan), pétillante et délicieuse, se fiance avec Walter Jackson (Bill Pullman), rédacteur en chef du magazine où elle est journaliste. Mais alors même qu’elle présente Walter à sa famille, aisée, un peu coincée, plutôt ennuyeuse, elle ressent confusément qu’elle n’éprouve pas pour l’homme qu’elle va épouser la lueur magique qu’elle voudrait trouver.

Jonah, qui souhaite que son père puisse sortir de sa tristesse et de sa solitude, appelle un soir une station de radio où la voix chaude d’une psychologue confesse chaque soir des âmes en peine, en recherche ou en souffrance. Un peu bêtement Sam accepte de confier aux ondes son désarroi et parle de son amour disparu avec un tel accent que, d’un bout à l’autre du pays, des milliers de femmes sont émues. Fortuitement Annie a entendu l’émission, en a été troublée, a même essuyé une larme.

Il n’est pas besoin d’être bien malin pour imaginer la suite et donc – comme on est dans une comédie à bon esprit réconfortant – la fin. Les invraisemblances, les petites anicroches, les obstacles qui s’effacent miraculeusement du chemin dès qu’on les effleure, tout cela fait partie d’un scénario bien usiné. Quelques annotations assez fines sur les différences de sensibilité entre hommes et femmes, des acteurs sympathiques, mais c’est à peu près tout. Trop prévisible, trop évident. Légèrement ennuyeux, en fin de compte.

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